LE SYSTEME VALENTINE : Comedia sans l’arte

Le Système Valentine

Dans les univers de science-fiction, l’art du futur est rarement imaginé. Si les personnages se battent parfois avec des vaisseaux spatiaux incroyables, on les voit rarement se rendre au théâtre ou au cinéma. Pourtant, il n’y a aucune raison de penser que tout cela va disparaître. Mais il ne ressemblera sûrement pas à ce que nous connaissons aujourd’hui. Le Système Valentine, un roman de 1998, édité en France en 2003, nous fait suivre le parcours chaotique d’un acteur d’un futur très lointain. Chaotique est aussi ce qui pourrait définir ce roman qui perd parfois un peu son lecteur.

Voyage ou errance ?

Le Système Valentine est un pavé de près de 700 pages qui nous livre un récit largement déstructuré. On navigue entre le présent et le passé du personnage, mais en se sentant parfois quelque peu ballotté. Ce qui rend le récit quelque peu difficile à suivre est le fait que l’on a du mal à comprendre qu’elle est vraiment le fil rouge de l’intrigue et les réels enjeux de tout ce que John Varley nous raconte. On se promène dans un univers plutôt original que l’on prend plaisir à découvrir, mais avec l’impression d’errer sans but.

Continue reading LE SYSTEME VALENTINE : Comedia sans l’arte

MAGIC SIGN (Martin Courtney), GEMINI RIGHTS (Steve Lacy), THE BIBLE (Lambchop) : La rédemption est encore loin

Magic Sign de Martin Courtney : Sans imagination

Magic Sign de Martin CourtneyOn commence avec un artiste américain, Martin Courtney, et son album Magic Sign, sorti en 2022. Il s’agit de son deuxième album solo, étant par ailleurs le chanteur du groupe The Real Estate. Il nous y livre une musique pop sucrée, un rien évaporée. Le résultat est sympathique et maîtrisé, mais manque quand même d’épaisseur et d’originalité. Cela ressemble parfois aux Beach Boys, l’imagination en moins. Cela reste cependant facile à écouter, agréable et plaisant.

Gemini Rights de Steve Lacy : Intrigant

Gemini Rights de Steve LacyOn reste aux États-Unis avec Steve Lacy, qui signe avec Gemini Rights le deuxième album de sa carrière. Il apparaît tout d’abord comme une sorte de crooner à la voix très aiguë. Cela produit une impression étrange, ne sachant pas bien si on aime ou si on déteste. La suite est plus pop, assez fraîche et la voix revient à des hauteurs plus raisonnables. Mais il y a quelque chose dans sa musique qui ne met jamais tout à fait à l’aise. Ceci conduit l’auditeur à y prêter attention. Surtout que le tout offre beaucoup de variété, de maîtrise et de conviction. Pas toujours facile de savoir quoi en penser mais en tout cas, ça ne laisse pas indifférent. Et c’est déjà beaucoup.

Continue reading MAGIC SIGN (Martin Courtney), GEMINI RIGHTS (Steve Lacy), THE BIBLE (Lambchop) : La rédemption est encore loin

GUERRE (Louis-Ferdinand Céline) : Voyage sans bout

Guerre de Louis-Ferdinand Céline

Il est fréquent que les chanteuses ou les chanteurs morts continuent de sortir de nouvelles chansons, voire même de nouveaux albums bien après avoir quitté ce bas monde. C’est plus rare dans le domaine de la littérature, mais on connaît quelques macchabées se retrouvant sur les devantures des librairies (sans même parler de Stieg Larsson qui n’aura jamais su qu’il était un auteur à succès). C’est le cas de Céline dont des manuscrits non finalisés ont eu le droit à une édition en bonne et due forme. Guerre a été écrit en 1934, deux ans après Voyage au Bout de la Nuit, mais son auteur n’est jamais allé au bout de son travail. On peut alors se demander s’il était nécessaire de le partager avec les lecteurs.

Gadget littéraire

Je ne doute pas que les amateurs les plus éclairés d’un des auteurs les plus controversés de la littérature française ont trouvé leur comptant en lisant Guerre. Tout cela malgré les mots illisibles qui sont signalés et les personnages qui changent de nom au cours du récit. Pour le lecteur juste curieux comme j’ai pu l’être, l’intérêt est moins flagrant. Il s’agit plus d’une longue nouvelle que d’un roman à proprement parlé. Et les photos des pages manuscrites qui complètent l’ouvrage pour qu’il compte un nombre décent de pages viennent renforcer la sensation d’une sorte de gadget littéraire pour ses admirateurs les plus fervents.

Continue reading GUERRE (Louis-Ferdinand Céline) : Voyage sans bout

FOREVERANDEVERNOMORE (Brian Eno), SONGS FROM A STOLEN GUITAR (Simon Joyner), WHEN THE WIND FORGET YOUR NAME (Built to Split) : Douceur dans la grisaille

ForeverAndEverNoMore (Brian Eno) : Lénifiant

ForeverAndEverNoMore de Brian EnoBrian Eno, 75 ans au compteur, est avant tout connu pour avoir être l’arrangeur d’albums mythiques de David Bowie ou de U2. Mais c’est aussi un musicien à la carrière très riche. ForeverAndEverNoMore, sorti en 2022, est environ son 70ème album en 6 décennies. On y découvre sa voix intrigante après une entrée en matière évaporée, dans une ambiance quasi ésotérique. Mais très vite, on se demande quand tout cela va enfin décoller. Comme ça ce ne vient pas, on commence à vraiment s’ennuyer, surtout qu’aucun titre ne vient casser le rythme ou l’ambiance. Au final, tout cela se montre particulièrement lénifiant et assez peu digne d’intérêt.

Songs From a Stolen Guitar (Simon Joyner) : Intimiste

Songs from a Stolen Guitar de Simon JoynerOn poursuit avec l’Américain Simon Joyner que j’avais découvert avec son album précédent, Pocket Moon. Il revient avec Songs From a Stolen Guitar qui s’ouvre sur une douce ballade. Sa voix relativement originale affiche de personnalité. C’est tant mieux car il se repose beaucoup sur elle. Cela fonctionne car elle transmet beaucoup d’émotions. L’album est homogène, mais pas monotone. L’ambiance y est très intimiste. On regrettera juste les quelques moments où il pousse un peu trop sa voix et où elle perd du coup beaucoup de son charme.

Continue reading FOREVERANDEVERNOMORE (Brian Eno), SONGS FROM A STOLEN GUITAR (Simon Joyner), WHEN THE WIND FORGET YOUR NAME (Built to Split) : Douceur dans la grisaille

LE LIVRE DE PTATH (A. E. Van Vogt) : En liberté

Le Livre de Ptath

A.E. Van Vogt est un auteur trop méconnu en France. Pourtant, c’est lui, lorsque Boris Vian a traduit une partie de son œuvre, qui a introduit la science-fiction moderne en France. Personnellement, je connais assez mal son œuvre, n’ayant lu uniquement les Marchands d’Armes, il y a des années de cela. Uniquement, avant de lire le Livre de Ptath. Un roman un peu à part dans sa bibliographie, mais réellement fascinante et qui donne envie de s’intéresser de plus près au reste de son œuvre.

Invention en terre inconnue

Écrire de la science-fiction en 1947, année de publication de le Livre de Ptath, revenait à explorer une terre largement inexploré. C’est le privilège des pionniers comme A.E. Van Vogt qui ont pu inventer leurs propres codes dans une totale liberté. C’est sûrement pour ça que ce roman reste relativement inclassable et incomparable. Ce n’est pas de la pure science-fiction, mais un mélange de cette dernière avec du fantastique et même une pointe d’heroic fantasy, quand bien même ce genre était également balbutiant à cette époque.

Continue reading LE LIVRE DE PTATH (A. E. Van Vogt) : En liberté

LES HÉRÉTIQUES DE DUNE (Frank Herbert) : En plein brouillard

Les Hérétiques de Dune

Dans la saga Dune, on voyage à travers de nombreux mondes et de multiples planètes. On voyage aussi dans le temps, les différents épisodes étant souvent séparés de plusieurs siècles. Les Hérétiques de Dune se déroule 1500 ans après l’Empereur-Dieu de Dune, le tome précédent. Des chiffres qui donnent un peu le vertige, à l’image des sensations que peut procurer de se plonger dans l’œuvre de Frank Herbert. Du vertige au mal de mer, il n’y a souvent qu’un pas. A force de maintenir son lecteur dans une aura de mystère, ce dernier pourrait bien perdre de vue l’intérêt même de cette histoire.

Noyés dans le bavardage

Il serait évidemment mal venu de se montrer surpris devant le style particulièrement bavard de Frank Herbert. Il reste sa marque de fabrique depuis le début du premier tome. Mais les Hérétiques de Dune, plus long que ses prédécesseurs, atteint des sommets en la matière. La principale conséquence est que les rares informations importantes, celles qui font vraiment avancer l’histoire ou délivrent un élément clé se retrouvent totalement noyés dans un flot d’éléments décoratifs. Le dénouement, en particulier, est vraiment ardu à comprendre. Lire le résumé Wikipédia permet d’identifier les quelques mots susceptibles de nous faire deviner à demi-mot ce qui se passe vraiment. Sans cela, on passe très facilement à côté.

Continue reading LES HÉRÉTIQUES DE DUNE (Frank Herbert) : En plein brouillard

LA MORT DE BELLE (Georges Simenon) : Travers universels

La Mort de Belle

Georges Simenon a dressé un portrait unique de la petite bourgeoisie française du milieu du XXème siècle à travers son œuvre. La plupart de ses romans se déroulent à Paris, quelques uns en province. Mais certaines de ses histoires se déroulent dans d’autres pays. Il a par exemple emmené son personnage fétiche de l’autre côté de l’Atlantique avec Maigret à New-York. Avec la Mort de Belle, la démarche est encore différente puisqu’il nous raconte une histoire qui nous plonge cette fois dans la petite bourgeoisie américaine. Pour s’apercevoir qu’elle n’a rien de bien différente.

Justesse psychologique

On peut même se demander pourquoi la Mort de Belle n’a pas Paris pour cadre. L’histoire n’aurait pas été très différente. Mais on peut tout simplement imaginer qu’au sein d’une œuvre aussi pléthorique, Georges Simenon puisse avoir envie d’un peu de variété. Du coup, le portrait est peut-être un peu moins mordant d’un point de vue sociologique. Néanmoins, la psychologie des personnages n’en perd pas moins de sa justesse et de sa profondeur. Il sait, mieux que personne, faire ressortir les travers les plus retors de la nature humaine.

Continue reading LA MORT DE BELLE (Georges Simenon) : Travers universels

HUIT CRIMES PARFAITS (Peter Swanson) : Longue vie aux polars !

Huit Crimes Parfaits

Être amatrice ou amateur de romans policiers confère-t-il un avantage si l’on souhaite se lancer dans une carrière de meurtrier ? A défaut d’y répondre précisément, Huit Crimes Parfaits donne de quoi réfléchir à cette question existentielle et profonde. En effet, on y parle d’un tueur s’inspirant des classiques du genre pour commettre des assassinats. En tout cas, il s’agit là d’un polar particulièrement élégant. Et surtout incontournable pour tous les amateurs du genre.

Un livre qui donne envie de lire

Huit Crimes Parfaits ne pourra que ravir ceux qui ont lu et apprécié les grands classiques du roman policier. Les références littéraires sont constantes et peuvent facilement résonner avec ses propres souvenirs de lecture. Cependant, le grand mérite de Peter Swanson est de savoir évoquer ces œuvres de manière très claire, sans sous-entendu. Du coup, si une référence vous manque, cela n’handicapera en rien la compréhension. Voir même cela fera naître chez vous une forte envie de découvrir le roman en question. Un livre qui donne donc envie de continuer de lire, bien après l’avoir refermé donc.

Continue reading HUIT CRIMES PARFAITS (Peter Swanson) : Longue vie aux polars !

ALLUVIUM (C Duncan), THE CAR (Artic Monkeys), ULTRAVIOLET BATTLE HYMNS AND TRUE CONFESSIONS (The Dream Syndicate) : Montez à bord !

Alluvium de C Duncan : talent inexploité

Alluvium de C DuncanChristopher Duncan, C Duncan pour son nom d’artiste est écossais et a signé en 2022 l’album Alluvium. Il nous plonge dans une ambiance évaporée aux accents psychédéliques. Le résultat est plutôt frais, mais pas forcément emballant. Sa voix est un peu trop haute perchée pour avoir un réel impact. C’est solide et maîtrisée, mais reste au stade la musique pop gentillette. Finalement, on se dit qu’il ne fait tout ce qu’il pourrait faire d’un talent incontestable. Surtout que les quelques moments où il redescend sa voix et la pose donnent un résultat bien meilleur.

The Car (Artic Monkeys) : Artic crooner

The Car de Artic MonkeysOn reste en Grande-Bretagne pour retrouver le 7ème album d’Artic Monkeys, intitulé The Car. L’entrée en matière façon crooner est surprenante, très différent de Tranquility Base Hotel & Casino, leur précédent. Mais donne le ton de la suite. On enchaîne avec un rock aux accents très groovy. Globalement, les titres, dans toute leur diversité, se caractérisent par une grande douceur et une maîtrise qui donnent un résultat réellement envoûtant. Cet album presque acoustique transmet beaucoup d’émotions. On sent parfois que l’envie de revenir vers un univers plus rock les titille, mais ils gardent leur ligne pour nous offrir un album excellent jusqu’au bout.

Continue reading ALLUVIUM (C Duncan), THE CAR (Artic Monkeys), ULTRAVIOLET BATTLE HYMNS AND TRUE CONFESSIONS (The Dream Syndicate) : Montez à bord !

NOIR SANCTUAIRE (Douglas Preston et Lincoln Child) : Oubliable

Noir Sanctuaire

Certains livres vous marquent à jamais, comme un 11/22/63 de Stephen King. D’autres, guère plus que quelques secondes. Au moment d’écrire la critique de Noir Sanctuaire, j’ai pris le livre dans mes mains, j’ai regardé la couverture et je me suis alors dit : mais de quoi cela parle déjà ? Alors que ça ne fait que quelques semaines que je l’ai lu. Et là, rien ne m’est venu. Heureusement, il existe le quatrième de couverture pour débloquer la situation et me rafraîchir la mémoire. Et me rappeler que ce roman est un polar tout à fait oubliable.

Rien de marquant

Noir Sanctuaire fait partie d’une série de roman, les enquêtes de l’inspecteur Pendergast. Je n’en avais jamais entendu parlé, bien qu’elle compte près d’une trentaine d’épisodes. Sans doute que certains éléments m’ont échappé puisqu’il est beaucoup question des relations entre les personnages, notamment le personnage principal et son frère, et donc d’événements passés, décrits dans d’autres romans. Mais même avec tous les éléments à l’esprit, je doute forte que j’aurais trouvé cette histoire enthousiasmante. La lecture n’avait rien de désagréable, mais ne présente vraiment rien de marquant.

Continue reading NOIR SANCTUAIRE (Douglas Preston et Lincoln Child) : Oubliable