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STAR WARS : LA LÉGENDE

  

Comment les légendes naissent-elles ? De l'esprit d'un auteur, certes. Mais alors d'où vient l'inspiration ? Aucune histoire ne sort de nul part. L'imagination et la création ne peuvent faire totalement abstraction du réel. Elles se nourrissent des histoires qui les ont précédées. Elles les digèrent et recrachent de nouvelles oeuvres, qui ressemblent plus ou moins à leurs devancières et qui engendreront à leur tour de nouveaux récits. 

Certaines de ces histoires ont un destin particulier. Elles traverseront les époques et seront connues sur tous les continents. La plus ancienne d'entre elles est bien sûr la Bible, passionnant récit d'aventures qui a profondément changé la face du monde. De même, l'humanité serait-elle tout à fait la même sans "l'Iliade" et "l'Odyssée", sans "Roméo et Juliette" ou sans "Dracula" ? Rien n'est moins sûr. Le 20ème siècle a lui aussi donné naissance à de tels récits, le plus célèbre étant le "Seigneur des Anneaux".

Cependant, le 20ème siècle a aussi donné naissance à un art nouveau : le cinéma. Son succès est foudroyant, à tel point qu'on se demande s'il n'est pas sur le point de supplanter totalement la littérature. Les légendes modernes ne se lisent plus, elles se voient. Il est pourtant trop tôt pour juger du réel impact du 7ème art sur l'avenir de l'humanité. En tout cas, il est indéniable qu'il a déjà donné naissance à une épopée universelle : Star Wars.

 

1) STAR WARS : L'ÉPOPÉE PAR EXCELLENCE

 

Star Wars est un récit s'étalant sur plus d'une trentaine d'années, mettant en scène des dizaines de personnage, des dizaines de mondes, très différents et souvent mystérieux. Il y existe une dimension épique indéniable. Mais cette dernière ne vient pas que du fond, elle vient aussi de la forme. Ceci est particulièrement vrai pour la trilogie initiale où l'on retrouve une structure très classique : dans le premier épisode, des héros apparaissent et se dressent face à une force maléfique. Le deuxième est beaucoup plus sombre: le mal remporte des victoires et les héros sont séparés. Le troisième voit le triomphe du bien après que les héros se soient trouvés à nouveau réunis. 

Star Wars est aussi une quête, même s'il n'y a pas vraiment de graal. Les héros ne cherchent qu'à faire triompher la justice et la liberté, mais ils sont prêts à sacrifier leur vie pour cela. Tant que ce but ne sera pas atteint, ils se battront sans relâche. Par contre la vraie différence entre Star Wars et les quêtes moyenâgeuses est le côté laïc de l'œuvre cinématographique. Même si on le verra, Star Wars est profondément marqué par la symbolique religieuse, les héros se battent ici pour le triomphe de la démocratie. Il est même important de noter que la Rébellion ne semble pas avoir de chef, ou du moins, ils varient d'un film à l'autre. La lutte est ici politique : la dictature incarnée en un seul homme contre la démocratie où les individus s'effacent au profit du système lui-même. L'infidèle contre qui il faut lutter n'est plus ici le non-croyant ou le musulman, mais plutôt l'anti-démocrate. Dans le contexte où est sortie la première trilogie, on pourrait presque dire le communiste. Désormais, on dirait le terroriste !

 

2) LES FIGURES DE STAR WARS

 

Star Wars n'est pas qu'un film de science-fiction. Il est à la fois un film de cape et d'épée, un western et un film de guerre. Les personnages sont donc souvent des figures typiques de ces genres cinématographiques.

 

         a-La figure du chevalier

Elle est évidemment la plus présente, la plus évidente, puisque de nombreux personnages sont désignés par le terme "chevalier Jedi". Ils utilisent l'épée, l'arme du chevalier par excellence, bien qu'ils vivent dans un monde peuplé d'armes à feu. Cependant, on peut distinguer nettement deux époques dans Star Wars.

Dans les trois premiers épisodes, les chevaliers appartiennent à un ordre et ils sont les défenseurs du pouvoir en place, qui est juste et démocratique. L'ordre Jedi peut être rapproché de la Table Ronde, même s'il n'y pas d'Arthur, à la fois chef politique et militaire, dans Star Wars. Yoda serait plus proche de la figure de Merlin, par son aspect de sage et conseiller du pouvoir en place.

Dans les trois derniers épisodes, Luke est un chevalier solitaire. L'ordre Jedi a été brisé et Obi-Wan et Yoda n'ont que des rôles de mentors relativement lointains. Le jeune homme est seul dans l'action, il ne peut compter que sur son courage et son talent. L'aventure solitaire est une grande tradition du roman de chevalerie. Les Chevaliers de la Table Ronde s'en vont chacun de leur côté pour retrouver le Graal. En fait, on peut relier cela à de nombreuses coutumes qui veulent qu'un adolescent s'en aille seul, dans la forêt par exemple, pour devenir un homme. Luke ne deviendra pas réellement un Chevalier Jedi, tant qu'il n'aura pas affronté son père seul à seul. L'épreuve solitaire est un rituel de passage vers l'âge adulte, ceci étant renforcé par la destruction de la figure paternelle. 

Luke n'a pas choisi sa solitude. Il n'est pas Lancelot, fuyant son amour pour Guenièvre. Il est seul car il est le dernier représentant d'un ordre qui s'est éteint et qui tend à renaître. Il représente un espoir au milieu d'une époque sombre. Le terme de "chevalier" est lui-même lourd de valeurs comme l'honneur, l'honnêteté, la défense du plus faible. L'histoire est riche de ces figures quasi-légendaires, telles Jeanne D'arc ou De Gaule, qui ont refusé d'abandonner ces valeurs pour se fondre dans l'ordre nouveau. Le chevalier ne se définit pas que par ses actes, mais aussi par le but qu'il poursuit. Les valeurs qu'il défend disparaissent lorsque le mal domine, alors il se retrouve seul. Mais heureusement les histoires, et souvent l'histoire, lui donnent raison et le bien finit par triompher à nouveau, à partir de ces hommes peu nombreux qui n'ont pas renoncé.

 

         b-La figure du cow-boy

On retrouve de nombreux éléments propres au western. Les plus frappants sont bien sûr le personnage de Han Solo et les chasseurs de primes. Ils se caractérisent notamment  par l'utilisation du pistolet, appelé blaster dans Star Wars, arme favorite du cow-boy.

Han Solo a le côté un peu voyou que l'on retrouve souvent dans les personnages de western. Un brin macho, sûr de lui, indépendant, il joue au "dur". Mais les événements montreront que, sous ces apparences, il sait faire preuve d'un courage immense et d'un cœur d'or. Évidemment, l'amour qu'il porte pour Leia sera le révélateur de ces qualités et balayera les apparences superficielles qu'il essayait de se donner. Ce type de personnage et de révélation sont très classiques dans les westerns.

Les chasseurs de prime sont symptomatiques du côté "ouest sauvage" du monde de Star Wars. Ces personnages ne sont pas représentés de la même façon dans les deux parties de la saga. Les personnages de Jango Fett et Zam Wesell travaillent plus ou moins clandestinement et sont engagés par des forces agissant dans l'ombre, tandis que dans "L'Empire contre-attaque", les chasseurs de prime apparaissent comme les auxiliaires du pouvoir de l'Empire. En effet, le chasseur de prime est le symbole de l'homme sans scrupule, vénal, prêt à tuer pour de l'argent. Si dans une société où la justice est assurée par un pouvoir démocratique, ils s'assimilent au hors-la-loi, dans une société où la sécurité n'est plus assurée et où la loi du plus fort règne en maître, ils peuvent jouer un rôle important dans la société. 

 

         c-La figure du soldat

Les personnages réellement militaires ne sont pas des personnages principaux dans Star Wars. En effet, la guerre sert de fond à l'histoire. Le cœur de l'intrigue relate des combats bien plus singuliers. Cependant, il est intéressant de comparer comment sont représentés les soldats rebelles et impériaux.

Ces derniers portent des armures qui leur couvre tout le corps, même le visage. Ils sont anonymes. Ils ne sont jamais appelés par leur nom, même les deux pilotes qui accompagnent Darth Vader lors de l'attaque de l'Étoile Noir. Le port du masque est réellement général, même pour les soldats qui ne combattent pas directement sur le terrain : les pilotes, les artilleurs de l'Étoile Noir, la garde rapprochée de l'Empereur sont soumis à ce régime, alors que l'on ne voit pas vraiment de raison à cela. Ceci est bien sûr révélateur de la valeur que donne un régime totalitaire à l'individu. Le soldat n'est ici que de la chair à canon.

Par contre, aucun soldat rebelle n'est masqué. Lorsqu'ils communiquent entre eux, ils s'appellent par leur prénom. Ceci est évidemment à relier aux valeurs défendues par la Rébellion, qui sont à l'exact opposé de celles de l'Empire. Pourtant, on peut tout de même souligner que leur vie n'a guère plus de valeur que celles des soldats de l'Empire. Ils servent essentiellement de faire-valoir aux héros, les seuls à même de vaincre l'Empire. Ceci est particulièrement vrai lors de la bataille d'Endor, où l'ensemble du commando rebelle se fait massacrer, à l'exception de Han, Leia et Chewbacca. Cette mort héroïque n'est même pas représentée à l'écran et ne semble pas du tout émouvoir ces derniers. On voit juste un tas de cadavres lors d'un plan large. Piètre hommage pour de si grands héros !

 

3) LA SYMBOLIQUE DE STAR WARS

 

         a-La symbolique religieuse

George Lucas a voulu donner une dimension très orientale à l'ordre Jedi, notamment par la philosophie développée autour de la notion de la Force. Il n'y a pas de Dieu dans ce monde. Cependant, le symbolisme chrétien reste très présent. 

Le plus frappant est les uniformes des Jedi qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à des robes de moine. Ceci est assez logique si l'on assimile la Force à Dieu. Les vœux plus ou moins clairs de chasteté et de pauvreté auxquels doivent se soumettre renforcent encore plus cette analogie. Les Jedi sont des moines soldats, même si cet ordre est apparu historiquement avec les Croisades, c'est à dire une démarche de conquête. L'ordre Jedi est donc un mélange entre une symbolique chrétienne et d'une philosophie orientale, proche de celle prônée par les arts martiaux (la violence ne peut servir que pour se défendre, jamais pour attaquer).

 

         b-Le rôle des couleurs

Les couleurs ont une grande signification dans Star Wars. Tout d'abord, il est à noter que les mondes de Star Wars sont souvent monochromatiques : couleur sable pour Tatoïnne, blanc pour Hot, vert pour Endor, bleu pour Kamino, orange pour Geonosis... Au delà du simple climat et du simple paysage, les habitations, les costumes, les objets diffèrent d'un monde à l'autre, afin que chacun d'eux forme un ensemble cohérent et qui se démarque très nettement des autres. Dans la saga, seul Naboo possède la diversité de paysages et de couleurs que possèdent notre planète Terre. La symbolique de Star Wars s'encombre rarement de subtilité. Les différents aspects du récit sont différenciés de manière très tranchée.

On retrouve ces aspects dans le costume des personnages principaux, surtout dans "La Guerre des Étoiles". Les Impériaux, du moins les officiers, sont tout de noir vêtu. Le costume de Darth Vader est même l'archétype du costume du chevalier maléfique, comme le Chevalier Noir de la légende de la Table Ronde. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que les traducteurs ont cru bon de transformer le Darth en Dark en français. De manière générale, les Sith (les Jedi du côté obscur) sont habillés tout en noir. Par contre Luke et Leia, symbole de pureté et d'innocence sont habillés tout en blanc. Han Solo, personnage plus ambigu, est quant à lui en noir et blanc. Cependant, il est intéressant de remarquer que le costume de Luke évolue au cours des épisode. Dans "L'empire contre-attaque", il est vêtu de gris et de noir dans le "Retour du Jedi", pour souligner sa maturité croissante et la perte de l'innocence naïve qui le caractérise au début du récit.

Par contre, il est amusant de noter que les troupes de l'Empire, pourtant maléfiques, portent des armures toutes blanches. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'elles dérivent des armées de clones, conçue à la base pour la République. Ou peut-être tout simplement que George Lucas trouvait cela plus joli.

 

4) L'AMOUR, LE GRAND ABSENT (OU PRESQUE...)

 

Comme nous l'avons vu jusqu'à présent, Star Wars reprend une multitude d'éléments que l'on retrouve dans tous les récits d'aventures qui l'ont précédé. Un seul manque à l'appel, et non des moindres, l'amour ! Mais me direz-vous, il y a Han et Leia. Honnêtement, on ne peut pas dire que cela soit un élément majeur du récit. La façon dont il est traité est d'ailleurs bien plus axé sur le comique de la confrontation entre la noble sénatrice et le contrebandier aventurier que sur la romance proprement dite. 

Le personnage principal reste Luke et il n'est absolument pas concerné par cet aspect du récit, chose qui peut sembler extrêmement rare à première vue, dans une histoire de ce type. Pourtant, cela ne l'est pas tant que ça. Le meilleur exemple étant le personnage de Frodon dans "Le Seigneur des Anneaux". Bon il est vrai que dans ce dernier, les femmes ne jouent absolument aucun rôle. Cependant, on peut faire un parallèle intéressant entre les deux personnages. Tous deux ont été choisis par le destin pour une mission qu'ils sont les seuls à pouvoir accomplir. Ils ne doivent pas en être détournés par des sentiments extrêmes comme l'amour. Il y a un côté quelque peu messianique chez eux et leur chasteté se place dans une tradition très chrétienne.

Certains diront que l'amour a fait son entrée dans les Épisodes II et III, puisque l'histoire entre Anakin et Amidala occupe une place centrale dans l'histoire. Cependant, l'amour a pour habitude de triompher à la fin des récits. Celui-là finit dramatiquement et est même à l'origine de jours particulièrement sombres pour le monde de Star Wars. L'amour détourne Anakin de son enseignement et des valeurs qu'il est censé défendre et au final le fait basculer vers le côté obscur. L'amour ne véhicule pas ici les valeurs extrêmement positives qu'il a l'habitude de porter. Ceci est une particularité de Star Wars, à qui l'on reproche souvent de n'être qu'un recyclage de clichés, mais aussi paradoxalement un révélateur d'une faiblesse des trois premiers épisodes, que nous allons évoquer maintenant.

 

5) QUELLE PLACE POUR LES TROIS PREMIERS ÉPISODES ?

 

"Épisode I" et "Épisode II" ont essuyé des critiques très négatives. L'Episode III aura reçu un bien meilleur accueil mais cela ne suffit pas à changer radicalement l'impression générale. Pour beaucoup, ces films ne sont qu'une suite d'effets spéciaux mis bout à bout, sans âme et sans intérêt. Pourquoi tant de haine ? Alors que contrairement à la trilogie initiale, ces trois premiers épisodes sont joués par de vrais acteurs et les effets visuels sont tout de même à des années lumière des petites maquettes de "La Guerre des Étoiles". Il est vrai que les deux derniers Star Wars n'ont pas la fraîcheur, la naïveté, le caractère novateur de leurs prédécesseurs. Mais pouvaient-ils l'avoir ? J'ai souvent du mal à comprendre ce que l'on reproche notamment à "Épisode II". A quoi pouvait bien s'attendre les fans de la première heure ? A la même magie qu'à la sortie des trois premiers volets, à la fin des années 70, alors qu'ils étaient adolescents ? Honnêtement, ce n'était pas raisonnable. 

Mais je crois que si la seconde trilogie reçoit un si mauvais accueil, cela est du à l'histoire elle-même, à ce que racontent ces films. En effet, elle raconte la montée du mal et la chute du bien. Je ne connais pas d'exemple de récit qui raconte cela. Les histoires débutent généralement lorsque le mal domine déjà et relate essentiellement le combat du bien pour triompher. Si l'avènement du mal est raconté, il n'occupe qu'une toute petite partie du récit, pas la moitié ! Le vrai problème de la première trilogie, c'est qu'elle raconte des combats inutiles, puisque l'on sait déjà que le mal va triompher. "Épisode I" et "Épisode II" se terminent sur de fausses victoires des forces du bien, qui ont bien du mal à provoquer l'enthousiasme du spectateur. Le souffle épique est absent, mais pourrait-il exister ? Je ne crois pas. Le projet de George Lucas était original et ambitieux, mais il ne s'est pas rendu compte que le début de l'histoire ne pourrait avoir qu'un intérêt minime par rapport à la seconde partie.

Je trouve le procès fait à George Lucas injuste, car je pense qu'il s'en est pas si mal sorti. Il tente une expérience jamais réalisée auparavant, notamment parce qu'elle est sans doute impossible à réussir. On ne peut pas écrire un récit épique, où le combat des héros est dénué de sens, car voué à l'échec. L'intérêt pour ces films ne pouvait venir de là. Il devait donc miser sur la surenchère en matière d'effets spéciaux spectaculaires. Et à ce niveau là, on ne peut guère lui reprocher quoique se soit. La seconde trilogie sera donc composée de films  avant tout spectaculaires, mais à la valeur narrative faible, surtout pour les deux premiers. En tout cas, pas au niveau de la trilogie initiale. Ces épisodes ont un peu un aspect accessoire. Ils racontent en détail une histoire simplement évoquée dans la trilogie initiale, qui représente la "véritable" histoire. Alors, George Lucas a-t-il eu raison de tourner les épisodes I, II et III ? Oui, car si l'on change de perspective, les six films peuvent trouver une certaine cohérence et raconter une seule et même histoire. 

 

6) ANAKIN SKYWALKER, LE VÉRITABLE HÉROS ?

 

Avant la sortie de l'Episode III, à la question qui est le personnage principal de Star Wars, la majorité des suffrages se seraient rangés derrière le nom de Luke Skywalker. Mais lorsque l'on regarde les six épisodes dans leur ordre chronologique, en faisant abstraction de quinze ans de visionnage intensif de la trilogie initiale, un fil conducteur à toute la saga saute immédiatement aux yeux : Star Wars est en fait le récit de la vie d'Anakin Skywalker et de son double Darth Vader. Si cela est évident quand on parle de la seconde trilogie, cela est nettement moins évident pour la trilogie initiale. En effet, l'histoire n'est pas centrée sur celle de Darth Vader mais sur celle de son fils et dans une moindre mesure de sa fille. Mais la figure du chevalier noir masqué est la plus populaire de la trilogie initiale, et de loin, si bien que dans l'ensemble, il constitue le personnage central de la saga.

Mais le plus intéressant, lorsque que l'on regarde les six films dans leur globalité, c'est de voir comment Lucas a réussi à donner une logique et une cohérence au personnage d'Anakin et à son évolution. Le retournement final dans le Retour du Jedi devient finalement logique et ne repose plus sur une psychologie  aussi rudimentaire que "ah bah non, finalement le bien, c'est mieux, je vais redevenir gentil".

Pourquoi Anakin bascule-t-il dans le côté obscur ? Le personnage est bien sûr orgueilleux, impulsif, sûr de lui... mais sûrement pas assoiffé de pouvoir et de domination. Ce qui le pousse à devenir toujours plus puissant, ce n'est pas tant une ambition personnelle indéniable, qui ne prend cependant pas la forme d'une volonté de domination (comme chez le sénateur Palpatine), mais une volonté de ne pas répéter son échec lorsqu'il a voulu éviter la mort de sa mère. Lorsqu'il prend peur de perdre Padmé et que le chancelier lui offre la perspective d'un pouvoir suffisant pour la sauver, il se laisse faire, plus qu'il ne se laisse séduire. Ensuite, après la mort de sa femme, s'il ne change pas de camp, c'est sûrement parce que son orgueil en souffrirait trop. Cela reviendrait à admettre la responsabilité de ce second échec. Anakin ne devient pas un Sith par conviction mais parce que Palpatine a créé les circonstances le poussant à le devenir presque malgré lui. Mais lorsque Anakin voit l'Empereur sur le point d'exécuter son fils, on peut facilement imaginer qu'il comprend qu'il est en train de connaître un troisième échec (même un quatrième si on compte le meurtre d'Obi-Wan Kenobi, figure paternelle pour Anakin) mais que cette fois, il est en mesure de l'éviter. Ce revirement s'explique donc beaucoup plus facilement à la vue des évènements relatés par la seconde trilogie. Tout cela fait d'Anakin Skywalker un personnage assez épais pour figurer au centre d'une œuvre de la dimension de Star Wars.

 

7) CONCLUSION : LE GÉNIE DE STAR WARS

 

Star Wars est souvent considéré par ses détracteurs, comme une œuvre commerciale, dénuée de profondeur, se contentant de reprendre toutes les vieilles recettes des récits épiques. 

Star Wars, œuvre commerciale ? Si cela peut sembler étonnant a posteriori, Star Wars n'est pas né de la grosse machinerie hollywoodienne. George Lucas a du faire preuve d'une imagination prodigieuse pour financer et réaliser le premier volet de la saga. Personne ne croyait en son projet. Quoiqu'on en dise, Star Wars est véritablement un film d'auteur. Que l'on critique le talent de ce dernier, c'est le droit de chacun. Cependant, Star Wars n'est pas né d'un système mais bien de l'imagination d'un homme et de sa volonté inébranlable de voir son projet, incroyablement ambitieux, aboutir. Nul ne pouvait prédire son incroyable succès, qui n'était en rien programmé. George Lucas aurait pu tout perdre, il a tout gagné. Mais comme souvent, pour un film connaissant un grand succès auprès du grand public, il est forcément considéré par certains comme une oeuvre à l'intérêt artistique mineur. Tant pis pour eux s'ils n'aiment pas le cinéma, qui reste avant tout un spectacle et un divertissement. Comme n'importe quel art, d'ailleurs.

Star Wars, œuvre dénuée de profondeur ? Peut-être bien. Mais enfin, "L'Odyssée" ou "La Chanson de Roland" ont-ils vraiment une psychologie des personnages plus fouillée ? Faut-il forcément avoir des personnages à l'âme torturée pour qu'un récit ait de l'intérêt ? Les personnages de Star Wars n'éprouvent peut-être pas des sentiments très complexes, ni très originaux. Ils éprouvent simplement les sentiments des vrais gens de la vraie vie, pas de ceux vivants dans une tragédie grecque. 

Star Wars, œuvre se contentant de reprendre toutes les vieilles recettes des récits épiques ? C'est en partie vraie. Star Wars recèle cependant une grande part d'originalité, comme je l'ai évoqué plus haut. Pourtant cette dernière, on l'a vu, représente plutôt la faiblesse de la saga. Car sa grande force, ce qui lui donne un caractère magique unique, c'est d'avoir su rassembler en une seule œuvre tant d'éléments qui ont contribué aux succès de ses prédécesseurs. Star Wars est une œuvre incroyablement riche. Elle ne recycle pas des clichés, elle fait la synthèse de tout ce qui constitue un grand récit d'aventure. Elle ouvre toute grande les portes de l'imaginaire, le spectateur s'y trouve plonger comme jamais auparavant. Si elle reprend bien les vieilles recettes des récits épiques, elle ne se contente sûrement pas de cela, mais elle invente une nouvelle forme de cuisine qui ravit nos yeux et notre esprit.

Star Wars est une oeuvre splendide, magistrale et unique, qui traversera sûrement les âges. Enfin du moins, tant que vivra le cinéma !

 

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