TOURNEE : Une ambiance extraordinaire pour une petit goût d’inachevé

tourneeafficheAssister à un film inattendu, décalé et sortant réellement de l’ordinaire n’est pas une chance que l’on tous les jours malheureusement. Evidemment, même moi ne vais pas au ciné tous les jours. Enfin, vous aurez compris l’idée. Tournée fait partie de ces vrais moments de surprise cinématographique, d’ailleurs récompensée par le prix de la mise en scène à Cannes. Mais l’originalité n’est pas un fin en soi…

Joachim revient en France avec une troupe de danseuses–strip-teaseuses d’un genre un peu particulier. Mais persona non grata à Paris, il se contente de suivre la côte Atlantique. Mais au beau milieu de la tournée, il se décide de se rendre à la capitale dans l’espoir qu’une salle lui ouvrira ses portes.

Le synopsis donne une fausse impression sur ce qu’est vraiment Tournée, parce qu’au fond l’histoire importe peu. Bon, on y reviendra. Les vrais stars de ce film, ce sont les artistes, des femmes qui n’ont rien à voir avec celles qui s’effeuillent habituellement autour d’une barre. Bref, des femmes, de vraies, pas des nymphettes siliconées. On partage leurs vies à la scène comme à la ville. Celles d’Américaines un peu perdues dans ce pays qu’elles ne connaissent pas. Surtout celles de femmes pleines d’énergie, terriblement attachantes, dont les performances scéniques sont à l’image de ce qu’elles sont.

Tournée est un vrai film d’ambiance. Une immersion dans un quotidien sortant assez de l’ordinaire pour mériter d’être couché sur pellicule. Et l’immense mérite de Mathieu Almaric, pour son premier film, est d’avoir su capter cette ambiance, nous la faire partager avant tant de sincérité, d’enthousiasme, d’humour, de tendresse et surtout de talent. On fait partie de la troupe, on aime ses membres et on a envie de se lever de son siège pour applaudir à chacun de leurs passages sur scène. Une complicité rare entre les personnages et le public s’établit et fait de ce film un moment de cinéma comme on a rarement l’occasion d’en voir.

tourneeA côté de ça, on suit les mésaventures de Joachim dont le retour en France est quelque peu difficile. Cela constitue le fil conducteur scénaristique de Tournée. Mais il est mince. Il y’a bien un long passage centré sur le personnage interprété magistralement par Matthieu Almaric, mais il ressemble plus à une séquence de transition qu’au réel cœur de l’intrigue. En fait, le film erre comme le fait la troupe. S’il y’a bien un point de départ, on ne sait pas trop bien quel sera le point d’arrivée. Et d’ailleurs, le dénouement n’en est pas vraiment un. On quitte nos nouveaux amis à regret, mais on aurait pu le faire aussi bien un peu plus tôt qu’un peu plus tard.

A mon sens, Tournée rate là l’occasion d’être un grand film. Une intrigue plus forte n’aurait rien retiré à la magie que Matthieu Almaric a su créer. Mais en se reposant uniquement dessus, il nous offre certes un vrai moment de cinéma puissant et original, mais passe à côté de quelque chose d’encore plus grand. Il aurait pu aller encore plus loin que la surprise et la curiosité que provoque en nous ce film et nous captiver définitivement. Je suis peut-être un peu exigeant, mais j’ai tout de même ressenti cette petite frustration qui, sans vraiment gâcher mon plaisir, m’a quand même laissé un petit goût d’inachevé.

Tournée est un film comme vous ne l’avez jamais vu, avec des personnages comme vous n’en avez jamais vus, alors, malgré quelques faiblesses, il serait dommage de ne jamais le voir…

Fiche technique :
Production : Les films du poisson, Neue Mediopolis Filmproduktion
Réalisation : Mathieu Amalric
Scénario : Mathieu Amalric, Philippe di Folco, Marcelo Novais Teles
Montage : Annette Dutertre
Photo : Christophe Beaucarne
Distribution : Le pacte
Son : Olivier Mauvezin
Durée : 111 mn

Casting :
Mathieu Amalric : Joachim
Damien Odoul : François
Julie Ferrier : la caissière à la station service
Miranda Coclasure : Mimi Le Meaux
 

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