TONI EN FAMILLE : La belle famille

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La famille fait partie de ces sujets inépuisables qui occupent une place centrale chaque année dans de très nombreuses histoires. Sujet inépuisable car chacun de nous a une famille, donc tout le monde peut se sentir concerné, et surtout parce que chacune est différente. Toni en Famille nous fait partir à la rencontre d’une famille monoparentale et à la rencontre d’une mère parfois un peu débordée et épuisée par sa progéniture et la vie qu’elle doit mener. Le tout dans un équilibre entre émotions et légèreté, sourires et gravité qui offre une vraie richesse à ce très beau film.

Jolie galerie

Toni en Famille est avant tout une galerie de personnages (d’une même famille, vous l’aurez compris). On apprécie donc de les découvrir individuellement, ainsi qu’à travers les rapports qu’ils entretiennent les uns avec les autres. Et le plaisir est réel, tant ils sont tous attachants et emportent notre sympathie. La figure de la mère écrase un peu celles de ces enfants, mais la réflexion a son propos suffit largement à donner tout son intérêt au film. Surtout que tout cela est emballé sous plusieurs couches de tendresse qui touchent le spectateur et renforcent encore son affection pour le protagonistes.

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ANATOMIE D’UNE CHUTE : Or massif

Anatomie d'une chute affiche

Les Palmes d’Or ne font pas toujours l’unanimité. Cela tient à la nature du prix, supposé récompenser des films audacieux et sortant de la norme. Mais peu de voix se sont faites entendre pour contester les mérites de Anatomie d’une Chute. 4,4 côté critiques, 4,3 côté spectateurs sur Allociné, résultat rare pour un long métrage de ce type. Tout simplement parce que l’œuvre de Justine Triet allie des qualités rarement rassemblées dans un seul et même film. Il peut du coup séduire un public large et enthousiaste.

Une tension narrative constante

Anatomie d’une Chute est tout à la fois un polar, dans sa mécanique de recherche de la vérité, un film de procès, qui n’a rien à envier aux modèles américains du genre, et un drame intimiste tel que le cinéma français en a tant produit. Le tout arrive à conjuguer une tension narratie constante et particulièrement intense avec une profondeur extraordinaire des personnages et de leurs relations. Le scénario est tout simplement passionnant de la première à la dernière seconde, avant un dénouement qui peut conduire à de longs débats. Surtout qu’il s’agit d’un film d’une telle qualité qu’on n’en sort pas totalement en quittant le cinéma.

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YANNICK : Au théâtre ce soir

Yannick affiche

Quentin Dupieux est passé d’un réalisateur quasi anonyme de films totalement décalés à un réalisateur majeur, capable de rassembler les plus prestigieux des castings, mais en continuant à nous offrir des films décalés. A ce niveau-là rien n’a changé. Il est aussi devenu un cinéaste particulièrement productif. Deux films en 2022 : Incroyable mais Vrai et Fumer fait Tousser. Il est déjà de retour en 2023 avec Yannick. Un film dans la lignée du reste de sa filmographie, mais qui nous fait nous interroger sur l’intérêt de préférer ainsi la quantité à une plus grande qualité.

Exercice de style inabouti

Yannick n’est pas du tout un mauvais film. Mais cela reste un exercice de style pas totalement abouti. Toutes les bonnes idées ne sont pas exploitées de manière optimale. Le propos de fond est intéressant, même traité au dixième degré, et appelle à une certaine réflexion, mais aurait mérité une écriture un peu plus fine. Bref, tout cela aurait pu bénéficier d’un peu plus de temps et de travail pour prendre une dimension supplémentaire. Cela restera donc un film mineur dans la carrière de Quentin Dupieux. Une comédie sociale et grinçante qui recèle quelques moments de bravoure.

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REALITY : En réalité

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A partir de quoi peut-on faire un film ? Les réponses les plus courantes sont un roman ou encore une pièce de théâtre. L’écriture d’un scénario se résume souvent à l’art néanmoins subtil de l’adaptation. On peut aussi s’inspirer d’un événement historique plus ou moins lointain. Généralement, il s’agit d’un fait majeur qui a changé le monde ou au moins bouleversé le cours de la vie d’un grand nombre d’individus. Mais peut-on tirer un film d’un simple procès-verbal d’interrogatoire ? Et surtout peut-on se contenter de le reprendre mot à mot ? Pas évident à première vue, mais Reality prouve que c’est bien possible.

Exercice de style

Reality aurait pu être un simple huis-clos construit autour d’un interrogatoire. C’est un élément classique de beaucoup de polars américains, même s’il occupe rarement la totalité du scénario. Que ce soit le cas ici n’est pourtant pas le plus original dans ce film. C’est bien sa nature de reconstitution au plus proche de la réalité d’un fait réel qui lui donne tout son intérêt. Mais aussi sa plus grande limite. On fait face à un exercice de style très réussi. Le film ne peut du coup n’être rien de plus, ni rien de moins. On l’apprécie pour ce qu’il est, sans possibilité d’enthousiasme supplémentaire.

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OPPENHEIMER : Le destin d’un monde

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La frontière entre le bien et le mal est souvent ténue, floue, faisant naître une large zone grise où les deux notions s’entremêlent. Pourtant, le plus souvent, au cinéma, la séparation est nette. D’un côté les gentils qui défendent le bien et de l’autre les méchants format ce que l’on appelle communément les forces du mal. Robert Oppenheimer est une des figures les plus complexes et ambiguës de l’histoire occidentale. « Père » de la bombe atomique d’un côté, il paiera cher de l’autre ses positions pacifistes. L’histoire d’un homme dépassé par sa création. Une histoire magnifiquement racontée par Christopher Nolan dans Oppenheimer.

L’histoire d’un dilemme moral

Oppenheimer est l’histoire d’un dilemme moral. Ce genre de situation est à la base de beaucoup de scénarios, mais qui auront rarement atteint la force dégagée par ce film. Sûrement parce qu’au-delà du destin d’un personnage historique, il nous dit beaucoup sur les tensions qui continuent de parcourir notre monde. De celles qui pourraient nous conduire à l’apocalypse en suivant des logiques qui apparaissent rationnelles, mais qui relèvent en fait de la folie. Le film ne raconte pas simplement l’histoire d’un scientifique dépassé par son invention. Il raconte l’histoire d’une humanité dépassée par son propre pouvoir.

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BARBIE : Barbie world !

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Rarement un film aura provoqué autant de curiosité avant sa sortie que l’événement cinématographique de cet été. Je veux évidemment parler de Barbie. Le long métrage de Greta Gerwig a fait couler beaucoup d’encre, provoqué bien des débats et surtout attiré beaucoup de gens dans les salles obscures. Beaucoup de gens habillés en rose pour se mettre aux couleurs du phénomène. Et comme tout ce bruit s’est avéré avant tout très élogieux, Mattel peut se frotter les mains. Même si le scénario se consacre avant tout à égratigner la marque américaine.

Un vrai sujet

Peu de gens auraient imaginé que la figure de Barbie puisse donner naissance à un tel film. Son intelligence, l’épaisseur de la réflexion qu’il porte ont quelque chose d’inattendu. Même les plus critiques ne peuvent que l’admettre. On n’aurait pas autant débattu si Barbie était vide. On ne se demanderait pas à longueur d’articles et de critiques si le film est vraiment, faussement, un peu, beaucoup, passionnément féministe s’il n’était pas porteur d’un vrai propos, auquel on est évidemment pas obligé d’adhérer. Rien que pour cela, le film vaut réellement le détour. Si je n’ai pas été profondément convaincu par 100% des éléments de la réflexion, j’ai vraiment apprécié cet aspect.

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MISSION IMPOSSIBLE : DEAD RECKONING, PARTIE 1 : Éternelle jeunesse

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Je n’ai jamais été très emballé par la franchise Mission Impossible. Le dernier, Mission Impossible : Fallout m’avait même carrément déçu. En fait, seul Mission Impossible : le Protocole Fantôme m’avait réellement enthousiasmé. C’est donc avec un peu de circonspection que je me suis rendu au cinéma voir Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1. Surtout que l’annonce d’une histoire en deux épisodes, malgré les deux heures et quarante minutes du premier volet, pouvait faire craindre une expérience particulièrement longue et pénible. Mais à l’image de son acteur vedette, certaines choses peuvent bénéficier d’une éternelle jeunesse.

L’homme contre la machine

Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1 surfe sur la vague de l’actualité avec une peur croissante du pouvoir des intelligences artificielles. A priori, le film a dû être pensé bien avant l’explosion de Chat GPT et Midjourney, mais son contexte de sortie lui confère encore plus d’impact. Et le sujet est plutôt bien traité. On n’échappe pas à tous les clichés, mais l’intrigue fonctionne et les personnages, y compris virtuels, ont cette épaisseur qui font les méchants mémorables. Le film fonctionne vraiment et on a finalement vraiment hâte de connaître la suite.

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INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE : Pour l’éternité

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Faire un retour réussi après une longue éclipse n’est pas chose facile. Certains ont carrément foiré le leur, comme le Retour de Mary Poppins pour ne citer qu’un exemple. Indiana Jones avait lui aussi raté le sien en 2008 avec Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Alors le voir faire un deuxième retour pouvait laisser présager le pire. Surtout que Steven Spielberg n’est plus aux commandes. Mais avec James Mangold derrière la caméra, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est une vraie réussite, malgré de vraies imperfections.

Vision crépusculaire

James Mangold est décidément le spécialiste des visions crépusculaires réussies de héros vieillissants. En effet, il nous avait offert à l’époque avec Logan le plus surprenant, pour ne pas dire le meilleur, film de super-héros de l’histoire. On retrouve ici son amour pour les personnages et non uniquement des pures péripéties. On aimait déjà l’aventurier au fouet et au chapeau avant Indiana Jones et le Cadran et de la Destinée. Comment ne pas ressentir encore plus de tendresse à son encontre après ce film ? Au-delà des nouvelles aventures rocambolesques qu’il va encore traverser, c’est bien sa personnalité qui donne toute sa saveur à ce film.

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ASTEROID CITY : Wes Wes

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Parmi les réalisateurs qui ont un univers bien à eux, Wes Anderson occupe une bonne place. Il suffit d’un court extrait de Moonrise Kingdom, The Grand Budapest Hotel ou encore The French Dispatch pour reconnaître immédiatement la patte du réalisateur. Asteroid City n’échappera pas à la règle, tant il semble dans la droite lignée du reste de la filmographie. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. Force car il maîtrise son art à la perfection et ne va pas décevoir ce qui souhaite renouveler une expérience passée. Faiblesse parce que cela peut donner une impression de déjà-vue. Le film d’aujourd’hui n’y échappe pas totalement.

Poésie et folie douce

Comme ses prédécesseurs, Asteroid City propose un film choral où une foule de personnages hauts en couleur se côtoient et se croisent, pour vivre des péripéties entre folie douce et poésie. Il est question ici d’astronomie et d’extra-terrestre au beau milieu de l’Amérique ultra profonde. Vont se croiser une star de cinéma, un photographe, un général et surtout des jeunes adolescents aussi géniaux que particuliers. Décalé est le terme qui convient le mieux pour définir l’ensemble des protagonistes. Et par la même occasion le film. Décalé oui, dans l’absolu, mais d’une façon similaire aux précédents films de Wes Anderson. Le plaisir est toujours là, la surprise plus vraiment.

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THE FLASH : C’est mal de copier !

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L’univers cinématographique de DC vit clairement dans l’ombre de celui développé par Marvel. Le déclin de ce dernier pourrait laisser espérer voir Batman et Superman prendre le leadership des films de super-héros. Mais clairement, ce n’est pas avec The Flash que cela risque d’arriver. Un long métrage que l’on pourrait qualifier de sympathique navet s’il n’était pas en plus rempli d’idées clairement piquées à la concurrence et très mal exploitées. Aussi bien au niveau du scénario que des effets spéciaux.

Rires involontaires

Avec The Flash, DC joue clairement la carte de l’autodérision. Sûrement parce que c’est la marque de fabrique de Marvel depuis toujours et explique largement son succès. Malheureusement, on rit plus souvent du film que grâce au film. L’intrigue basée sur une histoire de multivers et de multiples versions du même héros est juste un plagiat de Spider-Man : No Way Home. Cela sent tellement le réchauffé que l’on en oublie totalement les saveurs de tous ces caméos prestigieux et qui fleurent bon la nostalgie. Mais ici, la nostalgie est seulement là pour masquer un grand vite que le pâle héros de ce film ne parvient pas à combler.

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