ANT-MAN ET LA GUÊPE : QUANTUMANIA : Petite surprise

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania affiche

Pourquoi continuer à aller voir des films Marvel pour finalement tous les trouver décevants. Que ce soit Doctor Strange in the Multiverse of Madness, Thor : Love and Thunder ou Black Panther : Wakanda forever, aucune des dernières productions n’a répondu aux attentes des fans. Vu l’accueil critique très froid qu’a reçu Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, c’est sans grande illusion que certains (dont je fais partie) ont pu se rendre voir ce dernier. Et bien, avec sans doute un lien de cause à effet, la surprise que personne n’attendait se montre plutôt bonne.

Pas de prise au sérieux

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania n’est certainement pas le film de super-héros du siècle mais il fait le job comme on dit. Une bonne dose d’humour, des scènes d’action bien troussées avec un final particulièrement spectaculaire. Pas de grand souffle épique certes, mais de la légèreté et un petit vent de fraîcheur réjouissant. Ce film nous montre, et c’est tant mieux, que Marvel continue de ne jamais se prendre totalement au sérieux. On retrouve ce qu’on aime dans cet univers. Peut-être pas tout ce qu’on aime, mais rien que ce qu’on aime.

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TÀR : Paroles et musique

Tàr affiche

Cate Blanchett est une très grande dame du cinéma. Donc quoi de plus normal que de faire appel à elle pour donner vie à une très grande dame de la musique. Dans Tàr, elle trouve un rôle à la mesure de son talent, taillée pour elle dans les moindres millimètres. Mais un peu comme précédemment avec Emma Thomson dans My Lady, quand un film est trop conçu pour mettre en valeur sa principale interprète, il perd de son naturel. Du grand film que ce long métrage aurait pu être, il ne reste qu’un exercice de style présentant de vrais moments de grâce. Mais aussi de nombreuses longueurs et un sens profond qui nous échappe.

Intensité intermittente

Tár nous plonge immédiatement dans un certaine tension. Mais dès le départ, il manque au soutien de cette tension une réelle intensité. Certes, certains passages sont bien intenses, mais ils prennent place entre des séquences où on ne sent pas saisi au tripes comme on devrait l’être. L’ambiguïté et la richesse du personnage se dessine peu à peu, mais le film a déjà perdu une partie de l’intérêt du public au moment où elle se révèle vraiment. Et quand le public est enfin rentré totalement dans cette histoire, celle-ci le conduit à un dénouement qui ne conclut que très partiellement le propos. On en ressort en ayant l’impression d’être passé à côté d’un très grand film.

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LA FAMILLE ASADA : La belle famille

La Famille Asada affiche

Chaque année, le palmarès des meilleurs films de l’année comporte son lot de films asiatiques. 2023 n’échappera pas à la règle en nous proposant précocement un petit bijou venu du Japon : la Famille Asada. Un film, qui à l’image de Tempura l’année dernière, comporte plusieurs parties assez différentes. Cette fois cependant, chacune des deux moitiés est d’une qualité égale et nous émeut chacune à sa manière. Deux fois plus de bonheur donc.

Portrait de famille

La première moitié de la Famille Asada est un… portrait de famille. Cela n’étonnera personne vu le titre du film. Mais un portrait aussi tendre que drôle. Avec ce petit rien de décalage qui confère au film toute son originalité et sa personnalité. La seconde moitié nous plonge dans les suites du tsunami ayant déferlé sur la région de Fukishima. Elle nous permet de mieux comprendre l’étendue de ce drame dont nous avons surtout retenu l’incident nucléaire. Un passage moins drôle, mais qui conserve cette infinie tendresse qui nous fait garder le sourire même quand une petite larme vient perler aux paupières.

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BABYLON : Pour l’amour du cinéma

Babylon affiche

Pour beaucoup Damien Chazelle est un grand cinéaste puisque qu’il a signé La La Land pour lequel il a reçu un Oscar. Pour moi, il est un immense cinéaste parce qu’il a signé Whiplash, un des chefs d’œuvre absolus du 7ème art. Pour tous, il est désormais un cinéaste gigantesque parce qu’il a signé Babylon. Un film de trois heures qui semble durer une heure et demi à peine tant il happe le spectateur dès la première seconde que pour le lâcher à la dernière seconde du générique. Entre les deux, un tourbillon de musique, de péripéties, de visions ébouriffantes et d’amour profond du cinéma.

Aux amoureux du 7ème art

Babylon est avant tout un sublime hommage à la part de rêve véhiculée par le cinéma hollywoodien. S’il nous plonge plus particulièrement dans l’ambiance fantasmée d’une époque, il nous fait réaliser dans ses dernières minutes à quel point l’histoire racontée est en fait celle du 7ème art de manière intemporelle. Ou plutôt l’histoire de tous ceux qui se sont un jour rendu dans une salle obscure pour se sortir de la réalité et s’offrir une heure, ou deux, ou trois dans des mondes sans limite. Cette œuvre, qui pouvait paraître relativement impersonnelle, devient dans ses ultimes instants un moment de partage intense avec Damien Chazelle pour tous ceux qui, comme lui, sont amoureux du cinéma.

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YOUSSEF SALEM A DU SUCCÈS : Gravité légère

Youssef Salem a du Succès affiche

Ramzy Bedia a depuis quelques années suivit le chemin que beaucoup d’autres acteurs comiques ont emprunté avant lui. Celui qui mène au statut d’acteur dramatique, tout autant talentueux. Cela s’est amorcé notamment avec Une Vie Ailleurs en 2017. Youssef Salem a du Succès permet de mesurer à quel point l’ancien complice d’Eric Judor a atteint une grande maturité artistique. Il joue sur ses deux jambes, à l’aise dans une grande palette de registres. Ce très joli rôle lui permet d’en faire étalage, sous la caméra élégante de Baya Kasmi. Une histoire riche qui nourrit la réflexion du spectateur, tout en lui donnant le sourire et lui inspirant de belles et nombreuses émotions. Le genre de film qui nous montre où se situe la vraie richesse du cinéma français.

Richesse grave et légère à la fois

Youssef Salem a du Succès se démarque tout d’abord par la richesse de son propos. On y parle de la famille, de l’intégration, du rapport à la célébrité, de l’affirmation de soi… Beaucoup de sujets donc, mais chacun occupe une vraie place et Baya Kasmi parvient à aller au bout de la réflexion à chaque fois. Malgré cela, le propos est fluide et reste incroyablement léger, même pour les aspects le sujets les plus graves. Ensuite, le film brille par sa pertinence. Le message profondément humaniste fait beaucoup de bien dans une société qui souffre autant de manichéisme et de rejet des visions différentes. Il rassemble sans jamais céder au bons sentiments. La profondeur du propos est réelle et sa bienveillance ne signifie en rien qu’il ferme les yeux sur les aspects les plus douloureux.

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TIRAILLEURS : Déracinés

Tirailleurs

En 2006, le film Indigènes avait rappelé de manière brillante l’apport de soldats venus des colonies lors de la Seconde Guerre Mondiale. Mais cette réalité n’a évidemment pas concerné que ce conflit, mais aussi le conflit de 14-18. Les amateurs du 7ème art ne peuvent désormais plus l’ignorer grâce à Tirailleurs. Un film très bien écrit et qui ne tombe jamais dans la facilité. Et qui, de manière universelle, nous rappelle, comme 1917 avant lui, à quel point cette guerre fut une véritable boucherie à la dimension absurde terrifiante.

Père et fils

Le grand mérite de Tirailleurs est de se construire autour d’un socle qui n’enferme pas le film dans son sujet. La relation entre le père et le fils qui se heurte à une hiérarchie militaire qui inverse les rôles constituent un fil rouge transposable dans bien d’autres contextes. Ne pas être qu’un cri revendicatif n’affaiblit pas le message. Bien au contraire, il le crédibilise en lui donnant un surplus de hauteur. Il s’agit d’un film simplement humaniste même s’il met en lumière une histoire bien particulière qui n’appartient qu’à ceux qui l’ont vécu et en ont souffert.

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GODLAND : Avis de grand froid

Godland affiche

Une contrée désertique. Des paysages grandioses. Des hommes venus d’ailleurs dotés d’un léger complexe de supériorité vis-à-vis d’autochtones auxquels ils sont persuadés d’apporter une part de civilisation à ces sauvages. Des hommes rudes, fier de leur virilité. Une population entretenant une relation particulière avec les chevaux. Tout ça fait forcément penser à un western. Pourtant, il s’agit ici de l’Islande et de sa « colonisation » par les Danois. Une histoire peu connue que nous fait découvrir Godland. A condition d’aimer les films fortement contemplatifs.

L’ennui qui guète

Entre beau, long et ennuyeux, notre cœur balance au moment de se qualifier Godland. C’est le genre de film que l’on passe en se disant que si cela continue comme ça encore cinq minutes, on va finir par s’ennuyer ferme. Sauf que l’ennui ne vient jamais vraiment. Mais à force de flirter avec elle, on a bien du mal à se montrer pleinement enthousiaste. On est intéressé par le spectacle mais uniquement avec l’intellect. Le cœur reste sur sa faim, faute d’émotion.

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PALMARÈS 2022 : L’année des cinéastes

Armageddon Time

Un palmarès 2022 très tardif, mais de grande qualité. Il est le reflet de toute la diversité du 7ème art qui fait que jamais on ne se lasse de se rendre dans les salles obscures. Il place les États-Unis une nouvelle fois au sommet du cinéma mondial, même si l’Europe et l’Asie restent évidemment présentes. Mais surtout, ce palmarès nous rappelle à quel point le cinéma appartient avant tout aux cinéastes. Aux auteurs qui ont une vision à transmettre, une personnalité à partager, un propos à défendre. A l’heure où un pur film de producteur consterne le cinéma français, il est bon de se rappeler que l’histoire de l’art a été écrite par les artistes, non les mécènes.

La vision qui triomphe cette année est donc celle de James Gray. Un metteur en scène qui sait allier la beauté esthétique avec la profondeur du fond. Il nous livre avec Armageddon Time une réflexion d’une force bouleversante, qui, à travers une histoire très intimiste, remet en question notre vision du monde. Il offre à Anthony Hopkins un des rôles les plus remarquables de cette année cinématographique. Un film bouleversant dont on ne ressort pas indemne.

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LES BANSHEES D’INISHERIN : Bons baisers d’Irlande

Les Banshees d'Inisherin affiche

Les plus perspicaces d’entre vous auront peut-être remarqué que je n’ai toujours pas publié mon top de l’année 2022. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi, je n’ai pas reçu du coup des dizaines de messages de protestation. Sûrement un bug informatique… L’explication est simple, j’ai tardé à voir le dernier film de l’année précédente susceptible d’intégrer ce classement. Ce n’est que tardivement en janvier que j’ai été voir Les Banshees d’Inisherin, un film largement salué par la critique. Le suspense est donc intense pour savoir si, oui ou non, j’ai moi aussi succombé au charme de Martin McDonagh. Je vais vous donner un premier indice : ce long métrage est au moins aussi bon que ses œuvres précédentes, Bon Baisers de Bruges et 3 Billboards. Les cinéphiles auront déjà compris.

Original et inattendu

Martin McDonagh maîtrise une part de son métier de réalisateur à la perfection. Celle qui consiste à peupler ses films de personnages marquants et forts, pour ne pas dire inoubliables. Les deux protagonistes de Les Banshees d’Inisherin sont du genre de ceux qui restent longtemps à l’esprit. Et comme ce film est avant toute autre chose un film de personnages, c’est le film tout entier qui se grave dans l’esprit du spectateur. Après, difficile de dire s’il est à ranger dans les comédies ou les drames. Si le terme de tragi-comédie fait un peu désuet, il convient pourtant parfaitement ici. Mais le plus satisfaisant est le plaisir d’assister à une histoire réellement originale, à partir d’éléments de départ qui ne laissaient pas forcément présumer d’un scénario hors du commun. Aller voir ce film revient forcément à assister à quelque chose d’autre que ce à quoi on pouvait s’attendre, car il est impossible d’imaginer le contenu de cette histoire sans l’avoir parcourue.

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AVATAR 2 : LA VOIE DE L’EAU : le rêve de Méliès

Avatar 2 : la Voie de l'Eau affiche

Le 1er volet d’Avatar avait constitué une petite révolution cinématographique. À sa suite, la 3D avait envahi les écrans, mais pour, le plus souvent, un résultat assez médiocre. Ainsi, la mode a fini par passer et les lunettes ont été rangées au placard. Elles ont été ressorties cet automne à l’occasion d’un retour en salle. Ce fut l’occasion pour les spectateurs de redécouvrir ce que peut apporter cette technique, qui n’a rien d’un gadget quand la réalisation a été pensée pour elle. Mais tout cela n’était rien par rapport à la marche qui allait être franchie avec Avatar 2 : la Voie de l’Eau. Un film qui va certainement ouvrir une nouvelle page de l’histoire du 7ème art. De l’histoire visuelle tout du moins.

Révolution en marche

Si Louis Lumière est généralement considéré comme l’inventeur du cinématographe. Mais comme tout art, le cinéma s’est réinventé à de nombreuses reprises sous l’impulsion des génies qui ont marqué son histoire. Concernant les aspects visuels, l’esprit le plus révolutionnaire fut celui de Georges Méliès. Avec Avatar 2 : la Voie de l’Eau, James Cameron se place comme son héritier. Comme celui qui a quelque part accompli définitivement le rêve de son prédécesseur. Celui d’un cinéma pouvant nous emmener dans des mondes merveilleux, où rien ne ferait obstacle à l’imagination des cinéastes.

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