Quand un réalisateur parvient à créer un univers bien à lui, il bénéficie d’une certaine sécurité. En effet, il lui suffit d’y ramener ses fans pour les satisfaire. Mais cela peut aussi devenir synonyme de facilité, voire même de suffisance. Le précédent film de Quentin Dupieux, Incroyable mais Vrai, était assez réussi pour ne pas craindre un tel travers de ce cinéaste hors norme. Mais son dernier film, Fumer Fait Tousser, sorti quelques mois seulement après le précédent, sonne un peu comme un avertissement. En effet, on peut y voir le signe d’une certaine paresse et d’un début de manque d’inspiration.
Sketchs non assumés
On peut difficilement reprocher à quiconque de jouer sur ses points forts. Quentin Dupieux est sans doute le cinéaste français qui maîtrise le mieux l’absurde. Il se rapproche des maîtres britanniques du genre, Monty Python en tête. Cet humour bien particulier peut séduire ou rebuter. Fumer Fait Tousser est un concentré d’humour absurde, mais il ressemble plus à une succession de séquences qu’à un réel long métrage. Le fil rouge scénaristique ne fonctionne qu’à moitié et sert parfois de prétexte à certains passages qui n’ont vraiment aucun rapport avec le reste. Avec le recul, peut-être aurait-il été plus judicieux de nous proposer un film à sketchs clairement assumé, plutôt que cette histoire trop bancale pour convaincre.
Quentin Dupieux a acquis un statut suffisamment prestigieux au sein du cinéma français pour bénéficier de castings qui le sont tout autant. On sent bien que chaque comédien ou comédienne français souhaite désormais compter un de ses films dans leur filmographie. Si on retrouve dans Fumer Fait Tousser quelques habitués de ses productions (Alain Chabat, Grégoire Ludig, David Marsais et désormais Adèle Excarchopoulos), il fait tourner pour la première fois Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi et Oulaya Amamra. Excusez du peu… Sans parler des seconds et troisièmes rôles du même acabit. Tout ce petit monde s’amuse, mais un peu mollement. Comme l’ensemble n’a ni queue, ni tête, aucun d’entre eux ne se montre capable de donner un peu d’épaisseur à son personnage. Ils passent à l’écran sans laisser de grands souvenirs, comme le fait en fait chaque scène de ce film qui restera comme négligeable dans la filmographie de Quentin Dupieux.
LA NOTE : 08,5/20
Fiche technique :
Réalisation et scénario : Quentin Dupieux
Direction artistique : Joan Le Boru
Décors : Joan Le Boru
Costumes : Justine Pearce
Photographie : Quentin Dupieux
Son : Régis Boussin
Montage : Quentin Dupieux
Production : Hugo Sélignac
Production associée : Antoine Lafon et Nicolas Dumont
Durée : 80 minutes
Casting :
Gilles Lellouche : Benzène
Vincent Lacoste : Methanol
Anaïs Demoustier : Nicotine
Jean-Pascal Zadi : Mercure
Oulaya Amamra : Ammoniaque
Grégoire Ludig : Christophe
Adèle Exarchopoulos : Céline
David Marsais : Jacques, le père du gosse
Julia Faure : Denise, la mère du gosse
Tanguy Mercier : le gosse
Thémis Terrier-Thiebaux : Josette
Sava Lolov : le père de Josette
Charlotte Laemmel : Nicole, la mère de Josette
Doria Tillier : Agathe
Jérôme Niel : Bruno
Blanche Gardin : Tony
Anthony Sonigo : Michael
Raphaël Quenard : Max
Frédéric Bonpart : un ouvrier de la scierie
Alain Chabat : chef Didier (voix)
Ferdinand Canaud : Norbert 500 / 1200 (voix)
Benoît Poelvoorde : Lezardin
Fiche Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=296128.html