GUERRE (Louis-Ferdinand Céline) : Voyage sans bout

Guerre de Louis-Ferdinand Céline

Il est fréquent que les chanteuses ou les chanteurs morts continuent de sortir de nouvelles chansons, voire même de nouveaux albums bien après avoir quitté ce bas monde. C’est plus rare dans le domaine de la littérature, mais on connaît quelques macchabées se retrouvant sur les devantures des librairies (sans même parler de Stieg Larsson qui n’aura jamais su qu’il était un auteur à succès). C’est le cas de Céline dont des manuscrits non finalisés ont eu le droit à une édition en bonne et due forme. Guerre a été écrit en 1934, deux ans après Voyage au Bout de la Nuit, mais son auteur n’est jamais allé au bout de son travail. On peut alors se demander s’il était nécessaire de le partager avec les lecteurs.

Gadget littéraire

Je ne doute pas que les amateurs les plus éclairés d’un des auteurs les plus controversés de la littérature française ont trouvé leur comptant en lisant Guerre. Tout cela malgré les mots illisibles qui sont signalés et les personnages qui changent de nom au cours du récit. Pour le lecteur juste curieux comme j’ai pu l’être, l’intérêt est moins flagrant. Il s’agit plus d’une longue nouvelle que d’un roman à proprement parlé. Et les photos des pages manuscrites qui complètent l’ouvrage pour qu’il compte un nombre décent de pages viennent renforcer la sensation d’une sorte de gadget littéraire pour ses admirateurs les plus fervents.

Guerre frustrante

On sent tout de même à travers les pages de Guerre la force d’une plume d’exception. Certains passages sont réellement marquants. Mais ils se retrouvent quelque peu noyés dans un ensemble qui reste clairement inabouti. Il est donc possible de voir la curiosité initiale submergée par beaucoup de frustration. La part d’autobiographie du récit, la description des blessures physiques et psychiques qu’ont pu laisser la 1ère Guerre Mondiale chez ceux qui lui ont survécu, tout cela fait naître une émotion potentiellement profonde. Mais elle ne fait que poindre dans ce roman inachevé et laisse le lecteur sur sa faim.

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