LE SYSTEME VALENTINE : Comedia sans l’arte

Le Système Valentine

Dans les univers de science-fiction, l’art du futur est rarement imaginé. Si les personnages se battent parfois avec des vaisseaux spatiaux incroyables, on les voit rarement se rendre au théâtre ou au cinéma. Pourtant, il n’y a aucune raison de penser que tout cela va disparaître. Mais il ne ressemblera sûrement pas à ce que nous connaissons aujourd’hui. Le Système Valentine, un roman de 1998, édité en France en 2003, nous fait suivre le parcours chaotique d’un acteur d’un futur très lointain. Chaotique est aussi ce qui pourrait définir ce roman qui perd parfois un peu son lecteur.

Voyage ou errance ?

Le Système Valentine est un pavé de près de 700 pages qui nous livre un récit largement déstructuré. On navigue entre le présent et le passé du personnage, mais en se sentant parfois quelque peu ballotté. Ce qui rend le récit quelque peu difficile à suivre est le fait que l’on a du mal à comprendre qu’elle est vraiment le fil rouge de l’intrigue et les réels enjeux de tout ce que John Varley nous raconte. On se promène dans un univers plutôt original que l’on prend plaisir à découvrir, mais avec l’impression d’errer sans but.

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GUERRE (Louis-Ferdinand Céline) : Voyage sans bout

Guerre de Louis-Ferdinand Céline

Il est fréquent que les chanteuses ou les chanteurs morts continuent de sortir de nouvelles chansons, voire même de nouveaux albums bien après avoir quitté ce bas monde. C’est plus rare dans le domaine de la littérature, mais on connaît quelques macchabées se retrouvant sur les devantures des librairies (sans même parler de Stieg Larsson qui n’aura jamais su qu’il était un auteur à succès). C’est le cas de Céline dont des manuscrits non finalisés ont eu le droit à une édition en bonne et due forme. Guerre a été écrit en 1934, deux ans après Voyage au Bout de la Nuit, mais son auteur n’est jamais allé au bout de son travail. On peut alors se demander s’il était nécessaire de le partager avec les lecteurs.

Gadget littéraire

Je ne doute pas que les amateurs les plus éclairés d’un des auteurs les plus controversés de la littérature française ont trouvé leur comptant en lisant Guerre. Tout cela malgré les mots illisibles qui sont signalés et les personnages qui changent de nom au cours du récit. Pour le lecteur juste curieux comme j’ai pu l’être, l’intérêt est moins flagrant. Il s’agit plus d’une longue nouvelle que d’un roman à proprement parlé. Et les photos des pages manuscrites qui complètent l’ouvrage pour qu’il compte un nombre décent de pages viennent renforcer la sensation d’une sorte de gadget littéraire pour ses admirateurs les plus fervents.

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LE LIVRE DE PTATH (A. E. Van Vogt) : En liberté

Le Livre de Ptath

A.E. Van Vogt est un auteur trop méconnu en France. Pourtant, c’est lui, lorsque Boris Vian a traduit une partie de son œuvre, qui a introduit la science-fiction moderne en France. Personnellement, je connais assez mal son œuvre, n’ayant lu uniquement les Marchands d’Armes, il y a des années de cela. Uniquement, avant de lire le Livre de Ptath. Un roman un peu à part dans sa bibliographie, mais réellement fascinante et qui donne envie de s’intéresser de plus près au reste de son œuvre.

Invention en terre inconnue

Écrire de la science-fiction en 1947, année de publication de le Livre de Ptath, revenait à explorer une terre largement inexploré. C’est le privilège des pionniers comme A.E. Van Vogt qui ont pu inventer leurs propres codes dans une totale liberté. C’est sûrement pour ça que ce roman reste relativement inclassable et incomparable. Ce n’est pas de la pure science-fiction, mais un mélange de cette dernière avec du fantastique et même une pointe d’heroic fantasy, quand bien même ce genre était également balbutiant à cette époque.

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LES HÉRÉTIQUES DE DUNE (Frank Herbert) : En plein brouillard

Les Hérétiques de Dune

Dans la saga Dune, on voyage à travers de nombreux mondes et de multiples planètes. On voyage aussi dans le temps, les différents épisodes étant souvent séparés de plusieurs siècles. Les Hérétiques de Dune se déroule 1500 ans après l’Empereur-Dieu de Dune, le tome précédent. Des chiffres qui donnent un peu le vertige, à l’image des sensations que peut procurer de se plonger dans l’œuvre de Frank Herbert. Du vertige au mal de mer, il n’y a souvent qu’un pas. A force de maintenir son lecteur dans une aura de mystère, ce dernier pourrait bien perdre de vue l’intérêt même de cette histoire.

Noyés dans le bavardage

Il serait évidemment mal venu de se montrer surpris devant le style particulièrement bavard de Frank Herbert. Il reste sa marque de fabrique depuis le début du premier tome. Mais les Hérétiques de Dune, plus long que ses prédécesseurs, atteint des sommets en la matière. La principale conséquence est que les rares informations importantes, celles qui font vraiment avancer l’histoire ou délivrent un élément clé se retrouvent totalement noyés dans un flot d’éléments décoratifs. Le dénouement, en particulier, est vraiment ardu à comprendre. Lire le résumé Wikipédia permet d’identifier les quelques mots susceptibles de nous faire deviner à demi-mot ce qui se passe vraiment. Sans cela, on passe très facilement à côté.

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LA MORT DE BELLE (Georges Simenon) : Travers universels

La Mort de Belle

Georges Simenon a dressé un portrait unique de la petite bourgeoisie française du milieu du XXème siècle à travers son œuvre. La plupart de ses romans se déroulent à Paris, quelques uns en province. Mais certaines de ses histoires se déroulent dans d’autres pays. Il a par exemple emmené son personnage fétiche de l’autre côté de l’Atlantique avec Maigret à New-York. Avec la Mort de Belle, la démarche est encore différente puisqu’il nous raconte une histoire qui nous plonge cette fois dans la petite bourgeoisie américaine. Pour s’apercevoir qu’elle n’a rien de bien différente.

Justesse psychologique

On peut même se demander pourquoi la Mort de Belle n’a pas Paris pour cadre. L’histoire n’aurait pas été très différente. Mais on peut tout simplement imaginer qu’au sein d’une œuvre aussi pléthorique, Georges Simenon puisse avoir envie d’un peu de variété. Du coup, le portrait est peut-être un peu moins mordant d’un point de vue sociologique. Néanmoins, la psychologie des personnages n’en perd pas moins de sa justesse et de sa profondeur. Il sait, mieux que personne, faire ressortir les travers les plus retors de la nature humaine.

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HUIT CRIMES PARFAITS (Peter Swanson) : Longue vie aux polars !

Huit Crimes Parfaits

Être amatrice ou amateur de romans policiers confère-t-il un avantage si l’on souhaite se lancer dans une carrière de meurtrier ? A défaut d’y répondre précisément, Huit Crimes Parfaits donne de quoi réfléchir à cette question existentielle et profonde. En effet, on y parle d’un tueur s’inspirant des classiques du genre pour commettre des assassinats. En tout cas, il s’agit là d’un polar particulièrement élégant. Et surtout incontournable pour tous les amateurs du genre.

Un livre qui donne envie de lire

Huit Crimes Parfaits ne pourra que ravir ceux qui ont lu et apprécié les grands classiques du roman policier. Les références littéraires sont constantes et peuvent facilement résonner avec ses propres souvenirs de lecture. Cependant, le grand mérite de Peter Swanson est de savoir évoquer ces œuvres de manière très claire, sans sous-entendu. Du coup, si une référence vous manque, cela n’handicapera en rien la compréhension. Voir même cela fera naître chez vous une forte envie de découvrir le roman en question. Un livre qui donne donc envie de continuer de lire, bien après l’avoir refermé donc.

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NOIR SANCTUAIRE (Douglas Preston et Lincoln Child) : Oubliable

Noir Sanctuaire

Certains livres vous marquent à jamais, comme un 11/22/63 de Stephen King. D’autres, guère plus que quelques secondes. Au moment d’écrire la critique de Noir Sanctuaire, j’ai pris le livre dans mes mains, j’ai regardé la couverture et je me suis alors dit : mais de quoi cela parle déjà ? Alors que ça ne fait que quelques semaines que je l’ai lu. Et là, rien ne m’est venu. Heureusement, il existe le quatrième de couverture pour débloquer la situation et me rafraîchir la mémoire. Et me rappeler que ce roman est un polar tout à fait oubliable.

Rien de marquant

Noir Sanctuaire fait partie d’une série de roman, les enquêtes de l’inspecteur Pendergast. Je n’en avais jamais entendu parlé, bien qu’elle compte près d’une trentaine d’épisodes. Sans doute que certains éléments m’ont échappé puisqu’il est beaucoup question des relations entre les personnages, notamment le personnage principal et son frère, et donc d’événements passés, décrits dans d’autres romans. Mais même avec tous les éléments à l’esprit, je doute forte que j’aurais trouvé cette histoire enthousiasmante. La lecture n’avait rien de désagréable, mais ne présente vraiment rien de marquant.

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L’EMPEREUR-DIEU DE DUNE (Frank Herbert) : Ver philosophe

L'Empereur-Dieu de Dune

Imaginez un personnage mi-homme, mi vers géant. Pas facile ? Pourtant, sous la plume de Frank Herbert, cela devient possible. Cette simple idée résume bien ce qui donne son caractère unique à l’univers de Dune qu’il a crée il y a près plus d’un demi-siècle. L’Empereur-Dieu de Dune se déroule 3500 ans après les Enfants de Dune. Le récit se situe pourtant réellement dans la droite lignée des romans précédents. Cela aussi souligne la dimension de l’œuvre.

Trouble de l’imagination

L’Empereur-Dieu de Dune est l’épisode le plus fascinant de la saga (jusqu’à présent). Pas forcément le meilleur ou le plus passionnant (le premier tome restant hors d’atteinte à ce niveau-là), mais celui qui trouble le plus l’imagination. Beaucoup d’éléments pourraient prêter à sourire si elles étaient sortis de leur contexte, mais ici tout a un sens et concourt à un récit totalement unique. On regrettera peut-être qu’encore une fois, Frank Herbert ne semble pas forcément très bien comment apporter une conclusion aussi forte que l’intérêt et la curiosité qu’il a fait naître.

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LE SIGNAL (Maxime Chattam) : Le Stephen King du pauvre

Le Signal

Je n’avais pas encore jamais lu de roman écrit par Maxime Chattam. Pourtant, je sais qu’il possède une vraie communauté de fans dans un genre littéraire que j’aime quand même beaucoup. Heureusement par un don généreux de mes voisins dans ce qui sert de boîte à livres au sein de ma résidence, j’ai pu mettre la main (puis les yeux) sur le Signal. Le moment fut divertissant et agréable. Par contre, je n’ai pu que constater l’écart avec le grand maître du genre.

Comme dans du beurre

Il y a une qualité qu’on ne peut pas contester à le Signal. Il ne se lit pas, il se dévore. Il peut apparaître comme un pavé, mais on se retrouve à tourner les pages très rapidement, tant le style de Maxime Chattam permet au lecteur de rentrer dans l’histoire dans comme dans du beurre. L’intrigue est chorale, on suit de nombreux personnages en parallèle. Pourtant, il n’y a jamais le début d’une confusion. Les événements, les motivations, les rebondissements sont tous limpides et on parvient d’une traite jusqu’au dénouement. Sans s’être jamais ennuyé une seule page.

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L’HÉRITAGE DES ESPIONS : Galerie floue

L'Héritage des Espions

Une nouvelle critique sur un roman de John le Carré. Quel peut bien être le sujet abordé par l’Héritage des Espions ? L’amour ? Le sens de la vie ? Non, c’est bien encore une fois une histoire d’espions. L’héritage dont il est question ici est bien celui de ceux qui se mettent au service de Sa Majesté, comme dirait James Bond. Un nouveau roman qui ne surprendra donc en rien les habitués de cet auteur. On y retrouve tout ce qui caractérise son œuvre. Pour le meilleur évidemment. Mais aussi pour le plus plus ardu.

Lecture ardue

Les romans de John le Carré ne sont pas les plus simples à suivre. J’avais déjà dû m’accrocher pour comprendre l’intrigue de Un Pur Espion et plus récemment de Retour de Service. Quand on réalise que dans l’Héritage des Espions, il est question de plusieurs lignes temporelles qui s’entrecroisent. Souvenirs et temps présent alternent et il est très difficile au lecteur de se repérer. Il éprouve beaucoup de difficultés à se repérer et par la même occasion à saisir les enjeux de ce qu’il est en train de lire. Le roman n’est pas excessivement long. On le termine donc avec l’impression d’être passé à côté de quelque chose.

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