Dans la saga Dune, on voyage à travers de nombreux mondes et de multiples planètes. On voyage aussi dans le temps, les différents épisodes étant souvent séparés de plusieurs siècles. Les Hérétiques de Dune se déroule 1500 ans après l’Empereur-Dieu de Dune, le tome précédent. Des chiffres qui donnent un peu le vertige, à l’image des sensations que peut procurer de se plonger dans l’œuvre de Frank Herbert. Du vertige au mal de mer, il n’y a souvent qu’un pas. A force de maintenir son lecteur dans une aura de mystère, ce dernier pourrait bien perdre de vue l’intérêt même de cette histoire.
Noyés dans le bavardage
Il serait évidemment mal venu de se montrer surpris devant le style particulièrement bavard de Frank Herbert. Il reste sa marque de fabrique depuis le début du premier tome. Mais les Hérétiques de Dune, plus long que ses prédécesseurs, atteint des sommets en la matière. La principale conséquence est que les rares informations importantes, celles qui font vraiment avancer l’histoire ou délivrent un élément clé se retrouvent totalement noyés dans un flot d’éléments décoratifs. Le dénouement, en particulier, est vraiment ardu à comprendre. Lire le résumé Wikipédia permet d’identifier les quelques mots susceptibles de nous faire deviner à demi-mot ce qui se passe vraiment. Sans cela, on passe très facilement à côté.
Un monument malgré tout
Ce travers est vraiment dommageable car les Hérétiques de Dune a su vraiment faire rebondir la saga en proposant une intrigue assez différente. L’écart dans le temps permet de renouveler profondément les personnages et les situations. Sans le brouillard profond dans lequel l’intrigue est plongée, tout cela aurait de quoi réjouir le lecteur. Mais on ne peut pas prétendre apprécier Dune sans apprécier le style particulier de son auteur. Cela fait partie intégrante de cette œuvre qui, même si elle s’est sans doute un peu trop étirée, reste un monument majeur de la littérature de science-fiction.