LA MORT DE BELLE (Georges Simenon) : Travers universels

La Mort de Belle

Georges Simenon a dressé un portrait unique de la petite bourgeoisie française du milieu du XXème siècle à travers son œuvre. La plupart de ses romans se déroulent à Paris, quelques uns en province. Mais certaines de ses histoires se déroulent dans d’autres pays. Il a par exemple emmené son personnage fétiche de l’autre côté de l’Atlantique avec Maigret à New-York. Avec la Mort de Belle, la démarche est encore différente puisqu’il nous raconte une histoire qui nous plonge cette fois dans la petite bourgeoisie américaine. Pour s’apercevoir qu’elle n’a rien de bien différente.

Justesse psychologique

On peut même se demander pourquoi la Mort de Belle n’a pas Paris pour cadre. L’histoire n’aurait pas été très différente. Mais on peut tout simplement imaginer qu’au sein d’une œuvre aussi pléthorique, Georges Simenon puisse avoir envie d’un peu de variété. Du coup, le portrait est peut-être un peu moins mordant d’un point de vue sociologique. Néanmoins, la psychologie des personnages n’en perd pas moins de sa justesse et de sa profondeur. Il sait, mieux que personne, faire ressortir les travers les plus retors de la nature humaine.

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UN ÉCHEC DE MAIGRET : Commissaire sans défauts ?

Un Échec de Maigret

Le moins que l’on puisse attendre d’un des plus célèbres détectives de la planète qui fait face à un nouveau mystère, c’est qu’il le résolve à la fin du roman. Mais quand on tient dans ses mains un roman intitulé un Échec de Maigret, on se se demande si l’heure n’est pas venue de voir notre héros pris à défaut. L’impensable semble alors possible. Qu’en est-il vraiment à la fin de cet ouvrage ? Ne comptez pas sur moi pour le révéler ici. Il serait vraiment dommage de gâcher un des meilleurs épisodes des « aventures » du commissaire à la pipe.

Savoureux portraits

Les enquêtes du commissaire Maigret, comme le reste de l’œuvre de Georges Simenon, constitue une occasion d’examiner les travers de la bourgeoisie. Ici c’est la figure du parvenu qui joue un rôle central. Comme toujours, le portrait est savoureux, acide et piquant. Mais ceux dressés à travers la galerie de personnages riche et convaincante, le sont tout autant. Ce qui fait la qualité particulière d’un Échec de Maigret est que tout cela vient se greffer sur un mystère dont on attend vraiment le fin mot avec une certaine impatience. En un mot, il allie l’étude des mœurs avec un récit policier prenant. On regrettera juste un dénouement qui laisse un peu le lecteur sur sa faim.

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UN CRIME EN HOLLANDE (Georges Simenon) : Agatha Simenon

Si l’Inspecteur Maigret hante le plus souvent les rues de Paris, il lui arrive parfois d’aller exercer ses talents dans d’autres lieux. Parfois en France et même donc parfois à l’étranger comme dans Un Crime en Hollande, écrit en 1931. Le titre est assez explicite pour comprendre que l’enquête ne se déroule pas en France, même si elle concerne un ressortissant tricolore, ce qui justifie le déplacement (ce n’est pas l’élément le plus convaincant de l’histoire). Un roman de la série des Maigret quelque peu singulier, où Georges Simenon se prend quelque peu pour Agatha Christie.

Dans Un Crime en Hollande, l’Inspecteur Maigret se prend un peu pour Hercule Poirot. Un meurtre, une maison, et beaucoup de personnages qui la fréquentent. Il va examiner leur culpabilité potentielle un à un avant d’aboutir sur le nom du coupable. Le romancier belge nous décrit le processus avec moins de maestria que son homologue anglaise, mais il s’en sort tout de même avec l’immense talent qu’on lui connaît. Ce classicisme met le lecteur dans une zone de confort, mais empêche tout réelle surprise.

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LA GRANDE PERCHE (Georges Simenon) : Moment de faiblesse

Même le plus grands génies ont des moments de faiblesse. Enfin, au moins des moments où ils sont juste bons et non plus géniaux. Un auteur aussi incroyablement prolifique que Georges Simenon n’a évidemment pas pu écrire que de parfaits chefs d’œuvre. La Grande Perche ne figure certainement pas dans les lignes les plus inoubliables de sa bibliographie. Un roman non totalement dénué de qualité, mais qui ne propose pas la même profondeur et le même intérêt que ce à quoi le créateur du Commissaire Maigret nous avait habitué.

Les récits de Georges Simenon ne se contentent généralement pas d’être de simples polars. Ils dressent toujours un portrait, parfois peu reluisant, de la petite bourgeoisie, de ses travers et de son hypocrisie. Il explore aussi les travers de l’âme humaine, les petits comme les grands. La Grande Perche nous propose une histoire dont le décor ne possède pas cette richesse. Il reste bien le mécanisme de découverte de la vérité, grâce à la perspicacité et le sens de la psychologie du commissaire Maigret, mais sans tous les à côtés. Bref, c’est fromage sans dessert, ce qui rend le menu un peu moins appétissant.

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