RETOUR DE SERVICE (John Le Carré) : En déséquilibre

Depuis que j’écris moi-même, je me montre particulièrement attentif à la manière dont les autrices et auteurs débutent leur roman. Et j’ai ainsi pris conscience que certains écrivains consacrent plusieurs dizaines de pages à la présentation des personnages et de la situation initiale, avant de faire réellement démarrer l’intrigue proprement dite. Cela permet de faire entrer le lecteur dans l’univers dans lequel le récit prend place. J’ai donc depuis moins de scrupule à le faire moi-même quand je met en marche ma propre plume. Celle de John le Carré est assez légendaire pour servir d’exemple à tous les auteurs amateurs comme moi. Mais à la lecture de Retour de Service, on peut se dire que même un artiste de cette trempe peut échouer à donner le bon équilibre à son récit.

Arrivé à la moitié de Retour de Service, j’avoue avoir fini par lire le texte de quatrième de couverture pour vérifier si le fond de l’intrigue ne m’avait pas tout simplement échappé. J’ai réalisé qu’il faisait référence à un élément qui n’était pas encore survenu. Il interviendra au deux-tiers du roman, ce qui est un peu tardif pour enfin passer la seconde de démarrer définitivement le récit. Le dernier tiers sera lui à la hauteur de la réputation de John le Carré, mais pas tout à fait assez pour effacer le sentiment de frustration d’avoir attendu autant avant de rentrer dans le vif du sujet.

Au-delà de ces considérations, Retour de Service est un récit extrêmement classique pour qui connaît John le Carré. Vous l’aurez donc compris, il s’agit d’un nouveau récit non pas d’espionnage (on n’est pas face à un James Bond, l’avenir du monde n’est pas en jeu), mais sur les espionnes et les espions en tant qu’êtres humains. La torpeur de l’intrigue sur une bonne partie du roman fait de celui-ci définitivement et avant tout un récit de personnages. Il se focalise essentiellement cependant sur le protagoniste principal, qui fait de plus office de narrateur. On ne partage donc pas uniquement ses actions, mais aussi ses pensées. Tout cela manque au final de trop d’épaisseur pour être passionnant, même quand tout s’accélère sur la fin. Il reste heureusement beaucoup de romans géniaux de cet auteur pour ne pas lui en tenir rigueur outre mesure.

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