J’ai failli intitulé cette chronique « immense quand même »… Mais quatre médailles en quatre olympiades, dont deux en or, ne méritait pas un « quand même ». Tout est relatif, écrivais-je hier. Il faut bien juger la performance de Teddy Riner non relativement aux espoirs du jour, mais bien à la réalité de sa carrière. Il est un des plus grands athlètes de l’histoire, cela ne souffre ni contestation, ni nuance. Cette médaille de bronze est à apprécier pleinement et sans réserve. Surtout que d’autres sont peut-être à venir avec l’épreuve par équipes de demain. Et bien sûr, les JO de Paris dans trois ans.
Teddy Riner aura, quoiqu’il arrive, marqué l’histoire du sport français. Il est désormais loin du jeune prodige médaillé à 19 ans. A Pekin, sa première médaille de bronze avait déjà quelque peu déçu. Mais les deux titres de Londres et Rio en ont fait un immense champion, au palmarès unique dans le sport français (au Tony Estanguet près). Mais c’est aussi par sa personnalité qu’il aura marqué les esprits. Comment ne pas être sous le charme devant ses 2m04 de sympathie, d’intelligence, d’humour et de malice ? De courage et d’abnégation aussi. Il faut se rappeler que depuis sa victoire il y a cinq ans, il a traversé des moments difficiles, son corps commençant à souffrir d’une aussi longue période au haut niveau dans un sport de combat.
Evidemment, tout ceci ne saurait masquer le constat du jour pour le sport français. Ce vendredi 30 juillet était supposée nous offrir une pluie de médailles, avec au minimum trois en or. Ce sera deux en bronze, une nouvelle fois offerte par le judo, le seul sport à être totalement à la hauteur des attentes placées en lui jusqu’à présent. La natation et le canoë-kayak ont coulé à pic. L’escrime fera mieux qu’à Rio, mais les derniers Jeux avaient été historiquement faibles pour le sport ayant fourni le plus de médailles à la France au cours de l’histoire de l’olympisme. Le cyclisme se rattrapera peut-être avec la piste, mais le bilan sur les autres épreuves est franchement mauvais. Le BMX ne rapportera à nouveau aucune médaille, alors que, comme à Rio, certains parlaient d’un triplé éventuel. Il est temps de se poser certaines questions.
Je l’ai déjà dit et j’aurais peut-être encore l’occasion d’y revenir, mais ce qui est vraiment inquiétant, c’est l’absence d’élan à trois ans des JO à la maison. A Tokyo, la France atteindra au mieux une trentaine de médailles, contre une quarantaine habituellement. Trois ans, c’est demain ! Or, on ne voit absolument pas pointer une génération dorée qui pourrait connaître des résultats exceptionnels à si courte échéance. Mais bon, peut-être que la noble incertitude du sport va renvoyer cette analyse au rang de discussion du café du commerce. C’est tout ce que je souhaite à notre pays en 2024 ! Et c’est rare que je souhaite avoir tort !