CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 17: Au-revoir Tokyo, rendez-vous à Paris

JEWEL SAMAD / AFP

Voilà, c’est fini… Je ne dirai pas « déjà » parce qu’après une telle dose de sports et de réveils extrêmement matinaux, on a légèrement envie de passer à autre chose et de faire à nouveau une grasse matinée. Les Jeux Olympiques de Tokyo viennent de s’achever par une belle cérémonie de clôture, à l’image des quinze jours de compétitions remarquablement organisés. Au final, personne ne regrettera qu’ils aient eu finalement lieu. Aucun scandale sanitaire à l’horizon, mais à l’inverse un peu de bonheur pour un Monde qui en a bien besoin. Ils auront été la première raison universelle de se réjouir depuis le début d’une épidémie qui gâche nos vies depuis un an et demi. Merci en tout cas aux Japonais pour ces beaux moments de joie.

Qui dit fin de Jeux Olympiques, dit petit jeu des bilans. Ceux-ci auront été paradoxaux. Les circonstances les rendront globalement inoubliables. Mais ils auront peut-être manqué d’immenses moments qui entreront dans la légende du sport mondial. Ce dernier n’a pas trouvé ses nouveaux Michael Phelps ou Usain Bolt, des stars planétaires dont l’aura dépasse largement le cadre de la quinzaine olympique. Caeleb Dressel, Karsten Warholm, Allyson Felix ont écrit de belles pages de l’histoire de sport, mais pas sûr qu’elles resteront de celles qu’on se raconte encore et encore, de générations en générations.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 16: Le grand pardon

Photo by JUNG Yeon-je / AFP

Je leur pardonne ! Oui, aujourd’hui, je peux enfin pardonner à tous les professeurs d’EPS qui m’ont forcé à jouer à ce sport horrible qu’est le volley-ball. Ceux qui me connaissent diront que j’aurais dû aimer un sport où on a rarement besoin de courir, mais je leur rappellerai que c’est avant tout un sport d’adresse et que la seule adresse qui je porte en moi est celle qui me permet de recevoir du courrier. Et puis, pendant longtemps, ce sport était une vraie plaie à regarder avec de longues séquences de reprises mutuelles de service, sans aucune évolution du score. C’est vrai que le nouveau système de pointage a rendu ça beaucoup plus sympathique à suvire, mais vous l’aurez compris, le volley-ball n’est pas mon sport préféré ! Sauf sans doute aujourd’hui !

Si la magie des Jeux s’éteindra demain pour trois ans, elle nous aura livré une avant-dernière journée qui rentrera dans l’histoire du sport français. Une journée parachevée par cette médaille d’or en volley-ball au bout d’un match et d’un suspense absolument incroyables. Un scénario qui démontre une nouvelle fois une vérité essentielle du sport de compétition : il ne faut jamais renoncer. Et les premiers à l’avoir démontré dans ce match sont les Russes qui, menés dans le troisième set après avoir perdu les deux premiers, ont su renverser la vapeur. Si, à un moment donné, l’Equipe de France a donné la sensation d’être un rouleau compresseur que rien n’arrête, l’Equipe de Russie (ou je sais, du Comité Olympique bla bla bla…) s’est muée à son tour en une force que rien ne semblait vouloir stopper. Franchement, quand elle a pris l’avantage d’entrée dans le tie-break, je pense qu’on était nombreux à penser que le match était déjà plié. Force est de constater qu’il ne l’était pas.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 15: Tradition de 30 ans

Crédit: Getty Images

Les JO de Barcelone ont été un acte fondateur historique pour le sport français. Je vous ai déjà expliqué que c’est à cette occasion que mon amour des Jeux Olympiques est né… Mais je ne parle évidemment pas de ça. Je veux évoquer ici l’émergence d’un sport qui jusqu’en 1992 vivait dans la plus profonde pénombre dans notre pays. Mais une bande de joyeux drilles et surtout d’immenses champions a surgi hors de la nuit pour remporter une médaille de bronze à la surprise générale. Depuis lors, le handball est devenu le sport collectif où la France connaît les résultats le plus probants et ceci sans discontinuer depuis trente ans.

L’équipe de France masculine va disputer sa quatrième finale olympique d’affilée. Cela démontre une constance assez incroyable, le genre de performance que seules les Etats-Unis au basket semblaient en mesure de réaliser. Celle qu’ils disputeront demain n’était pas forcément la plus attendue, mais l’autorité avec laquelle ils s’y sont qualifiés leur permet d’envisager un troisième titre. Leur adversaire, le Danemark, champion olympique en titre, ne l’entend évidemment pas de cette oreille. Le choc s’annonce titanesque et écrira une nouvelle page de l’histoire courte mais si brillante du handball à ce niveau en France.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 14: Douleur et gloire

Crédits photo : REUTERS/USA TODAY USPW

On associe souvent le sport à une bonne santé et à un corps s’approchant de la perfection. Si effectivement le sport est un acte sanitaire de première importance, qui devrait être pleinement inclus dans les politiques publiques de santé, on oublie souvent que le sport de haut niveau pousse souvent le corps dans des extrêmes qui lui font plus de mal que de bien. Courir un marathon est quelque d’extrêmement traumatisant pour le corps et si on peut associer marathon et bonne santé, c’est parce qu’il faut être en bonne santé pour supporter un telle traumatisme. Le sport de haut niveau est aussi souvent une histoire de douleur, de souffrance et de blessures.

La médaille d’argent de Kevin Mayer a écrit une nouvelle page du mythe de l’athlète surmontant la douleur pour triompher malgré tout. Triomphe relatif certes, avec cette médaille d’argent, mais elle présente une dimension héroïque qui lui donne une saveur particulière. Elle ne fera que renforcer l’admiration que l’on peut ressentir pour le Français qui s’approche au plus près de la notion d’athlète ultime. Mais ce qu’il a imposé à son corps pendant deux jours n’est sûrement pas un cadeau pour ce dernier. Le sport de haut niveau n’est pas le triomphe du corps, mais bien celui de l’esprit qui fait du corps un instrument sous son entier contrôle.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 12: Au sommet de l’olympe

REUTERS/Dylan Martinez

Depuis les débuts de ces Jeux Olympiques, je n’ai quasiment parlé que des performances des athlètes français. On peut y voir la traduction d’un vilain chauvinisme cocardier. Mais aussi l’absence jusqu’alors de moments vraiment inoubliables, au-delà de l’enjeu lié à la présence d’athlètes tricolores. J’aurais pu effectivement évoquer Simone Biles et ses démons, ou bien le crash en plein vol de Novak Djokovic, mais c’est bien par des victoires et des exploits que se forgent la légende olympique, pas par les échecs retentissants. Du coup, j’aurais pu dire un mot sur Caleb Dressel, mais les exploits programmés à l’avance n’ont pas la même saveur.

Certes, on s’attendait à ce que le record du monde du 400m haies tombent ce mardi. C’est très rare de voir une épreuve compter deux athlètes de ce calibre en même temps. Leur affrontement dans une finale olympique avait toutes les chances d’affoler les chronomètres. Mais personne ne s’attendait à un tel écart. Améliorer un record du monde de 76 centièmes sur une distance aussi courte qu’un 400m a quelque chose de sidérant. Surtout quand on sait que le deuxième l’améliore aussi de 53 centièmes. Mais ce chrono de 46 »17 ne sera jamais considéré comme un record du monde.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 10: Histoire de famille

(Photo by Attila KISBENEDEK / AFP)

Depuis le début des Jeux Olympiques, je m’efforce de montrer comment derrière chaque médaille, il y a une histoire. Regarder les Jeux Olympiques ne revient pas qu’à regarder des compétitions sportives, c’est aussi découvrir toutes sortes d’histoire. Et forcément, dans cette diversité, il y a des histoires de famille. Celle de la famille Manaudou aura marqué l’histoire du sport français ces vingt dernières années, avec sept médailles olympiques à eux deux, dont une médaille d’or chacun. Ils resteront pour longtemps les plus grandes stars de l’histoire de la natation française. Par leur histoire (on y revient), leur personnalité et évidemment leur formidable palmarès.

La médaille d’argent remporté ce matin par Florent Manaudou n’a rien d’ordinaire. Au-delà de l’histoire de la famille, il nous a rejoué l’histoire de l’improbable retour, un autre grand classique indémodable. Quand il a annoncé sa volonté de se mettre… au handball après les Jeux Olympiques de Rio, la plupart des commentateurs (moi le premier) considérait que cela mettait fin à sa carrière sportive au plus haut niveau. Comme attendu, il n’a pas réussi à accéder à l’élite du handball, car on n’atteint pas ce niveau en débutant une carrière à un âge aussi avancé, quelles que soient ses qualités physiques de départ.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 9: TOUT SIMPLEMENT IMMENSE

Bouh, bouh, mais c’est quoi cette arnaque ! C’est du bidon en fait ces supposées chroniques des Jeux Olympiques ! Aujourd’hui, on se retrouve avec le même titre qu’hier et encore une photo avec Teddy Riner. Franchement, depuis qu’il poste des belles photos de lui sur Internet, il n’en fout plus une le Julien et il essaie de recycler deux fois la même deux jours de suite ni vu, ni connu ! Heureusement que je suis là pour démasquer cette infâme tentative d’escroquerie !

Mais qu’aurais-je pu choisir d’autre comme titre ? Comment ne pas saluer l’immensité de la performance de l’équipe de France de judo, parvenue à triompher de l’équipe japonaise sur ses propres terres ! C’est un peu comme si l’équipe du Japon d’épée nous battait… Mais attendez… Ce genre de clin d’œil est quand même magnifique et contribue à créer la légende du sport. Revenons cependant à nos moutons, où plutôt à nos judokates et judokas tricolores qui nous avaient déjà apporté moult satisfactions dans les épreuves individuelles. Si on pouvait à la rigueur leur reprocher un nombre de titres suprêmes limité, avec la seule Clarice Agbegnenou, je crois que toute forme de reproche est désormais proscrite.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 8: Tout simplement immense

J’ai failli intitulé cette chronique « immense quand même »… Mais quatre médailles en quatre olympiades, dont deux en or, ne méritait pas un « quand même ». Tout est relatif, écrivais-je hier. Il faut bien juger la performance de Teddy Riner non relativement aux espoirs du jour, mais bien à la réalité de sa carrière. Il est un des plus grands athlètes de l’histoire, cela ne souffre ni contestation, ni nuance. Cette médaille de bronze est à apprécier pleinement et sans réserve. Surtout que d’autres sont peut-être à venir avec l’épreuve par équipes de demain. Et bien sûr, les JO de Paris dans trois ans.

Teddy Riner aura, quoiqu’il arrive, marqué l’histoire du sport français. Il est désormais loin du jeune prodige médaillé à 19 ans. A Pekin, sa première médaille de bronze avait déjà quelque peu déçu. Mais les deux titres de Londres et Rio en ont fait un immense champion, au palmarès unique dans le sport français (au Tony Estanguet près). Mais c’est aussi par sa personnalité qu’il aura marqué les esprits. Comment ne pas être sous le charme devant ses 2m04 de sympathie, d’intelligence, d’humour et de malice ? De courage et d’abnégation aussi. Il faut se rappeler que depuis sa victoire il y a cinq ans, il a traversé des moments difficiles, son corps commençant à souffrir d’une aussi longue période au haut niveau dans un sport de combat.

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 7: Chocolat amer ?

J’aurais pu faire le choix en ce septième jour de compétition de parler d’argent, soit la couleur des trois médailles tricolores du jour. J’aurais pu parler également du sport féminin puisque elles ont été décernées toutes les trois à des athlètes de ce sexe. J’aurais pu notamment faire honneur à la magnifique Madeleine Malonga, dont les larmes ont brisé plus d’un cœur aujourd’hui. Il y a dans son attitude tout au long de la journée, dans son refus de la défaite et évidemment dans son talent, quelque chose de Clarice Agbegnenou. On lui souhaite le même destin et que les larmes dans trois ans à Paris soient des larmes de joie cette fois.

Comme je n’aime pas faire comme tout le monde, je vais donc vous parler de toute autre chose. Je vais vous parler de chocolat. Non pas celui que l’on utilise en pâtisserie. Mais celui dont on fait les médailles imaginaires, récompensant les quatrièmes places. Finir au pied du podium revient en effet à occuper une place très particulière pouvant faire naître des sentiments extrêmement contrastés. On dit souvent que c’est la pire des places. Mais est-ce vraiment le cas ?

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CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 5: L’essence d’une championne

Depuis le début des Jeux Olympiques, j’ai parlé avant tout de belles histoires et d’événements inattendus, source d’émotions fortes. Cependant, certaines médailles d’or représentent le dénouement d’une histoire sans surprise. La notion de favori est évidemment subjective, mais pour beaucoup d’épreuves un nom se détache assez nettement pour faire l’unanimité. Il y a deux jours, je me demandais ce qui pouvait bien se passer dans la tête d’une athlète sur le point de devenir championne olympique à la surprise générale. Désormais, je m’interroge sur ce qui se passe dans celui d’une athlète dont tout le monde attend qu’elle le devienne.

Cette nouvelle journée olympique nous a offert deux beaux exemples côté français. Tous les pronostics nous prédisaient deux médailles d’or presque assurées. En VTT, c’était même un doublé qui nous était promis. A la place, ce fut un triplé suisse, ridiculisant les certitudes affichées par beaucoup de commentateurs hexagonaux. Il serait tentant d’accabler Pauline Ferrand-Prévôt et Loana Lecomte, mais un peu de recul permet de se dire qu’elles sont avant tout victimes d’un optimisme béat et mal placé. L’une aura subi une chute et une crevaison, l’autre a juste rappelé l’importance de la notion de préparation et de pic de forme. Les mêmes commentateurs parlent désormais de désastre. C’est avant tout leur ignorance de la réalité du sport de haut niveau qui est désastreux.

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