CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 7: Chocolat amer ?

J’aurais pu faire le choix en ce septième jour de compétition de parler d’argent, soit la couleur des trois médailles tricolores du jour. J’aurais pu parler également du sport féminin puisque elles ont été décernées toutes les trois à des athlètes de ce sexe. J’aurais pu notamment faire honneur à la magnifique Madeleine Malonga, dont les larmes ont brisé plus d’un cœur aujourd’hui. Il y a dans son attitude tout au long de la journée, dans son refus de la défaite et évidemment dans son talent, quelque chose de Clarice Agbegnenou. On lui souhaite le même destin et que les larmes dans trois ans à Paris soient des larmes de joie cette fois.

Comme je n’aime pas faire comme tout le monde, je vais donc vous parler de toute autre chose. Je vais vous parler de chocolat. Non pas celui que l’on utilise en pâtisserie. Mais celui dont on fait les médailles imaginaires, récompensant les quatrièmes places. Finir au pied du podium revient en effet à occuper une place très particulière pouvant faire naître des sentiments extrêmement contrastés. On dit souvent que c’est la pire des places. Mais est-ce vraiment le cas ?

Au sein de population humaine globale, une femme ou un homme qui termine quatrième d’une épreuve olympique, quelle qu’elle soit, est objectivement et indubitablement un être humain exceptionnel. La plupart de ceux qui insinuent qu’elle ou il puisse être un loser n’ont généralement jamais levé le cul de leur canapé pour accomplir ne serait-ce qu’un centième de ce qu’elles auront accompli. Et si je poursuis mon raisonnement purement cartésien, être quatrième signifie qu’on est meilleur que le cinquième ou le sixième. Il n’existe donc aucune raison objective pour considérer que c’est la pire des places.

Mais en sport, comme en physique, tout est relatif. Comme derrière chaque médaille, il y a une histoire derrière chaque quatrième place. Et certaines peuvent effectivement conduire à une amère déception, quand l’athlète pouvait légitimement viser une bien meilleure place. Certains préfèrent le chocolat amer, mais ceci n’est vrai qu’en pâtisserie, jamais en sport. Quand la place de quatrième revient au grand favori d’une épreuve, on peut effectivement parler d’échec. Mais c’est évidemment le cas aussi, s’il finit cinquième ou sixième.

A l’inverse, certaines quatrièmes places valent presque des victoires. Celles de Maxime Grousset en natation et Marjorie Delassus en canoë aujourd’hui en sont les meilleurs exemples. Il serait terriblement injuste de parler de déception car ces deux athlètes ont livré des prestations à la pleine hauteur de leur talent, de leur travail et de leur abnégation. Ils ont moins du premier que les vainqueurs du jour de leur épreuve respective, mais ils n’y peuvent rien. Il n’ont pas à avoir des regrets comme l’on dit (c’est dingue comme le sport regorge d’expressions toute faites!) et peut-être que le travail finira par leur donner ce qui les sépare pour l’instant de l’or.

Rien n’est moins sûr évidemment. Mais ils auront au moins gagné une admiration méritée de ceux qui savent vraiment apprécier le sport. Je ne sais pas si cela vaut plus que de l’or ou du chocolat, mais ce n’est certainement pas sans valeur.

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