MOONRISE KINGDOM : Poésie singulière

moonrisekingdomafficheWes Anderson est un des réalisateurs les plus singuliers d’Outre-Atlantique. Son univers a des allures enfantines, mais avec un second degré accessible aux adultes. Il rappelle celui de René Goscinny et dieu sait si cette comparaison est flatteuse venant de moi. Pour rester dans le cinéma, il y a un peu de Tim Burton chez lui, le gothique et l’aspect sombre en moins. Mais c’est avant tout un réalisateur de grande qualité qui nous livre une nouveau petit bijou : Moonrise Kingdom.

Branle-bas de combat chez la compagnie scout d’une petite île au large de la Nouvelle-Angleterre. Le jeune Sam, 12 ans, s’est enfuit. Même état d’esprit chez les Bishop, puisque leur fille Suzy semble avoir fugué. Ils ne mettront pas longtemps avant de s’apercevoir que les deux adolescents entretiennent une correspondance depuis quelques mois et ont décidé de fuir ensemble, eux qui se sont toujours sentis à part et rejetés.

Moonrise Kingdom est un film parcouru d’une folie douce, à l’image de celle qui frappe la plupart de ses protagonistes. Il en naît une grande poésie de cette histoire qui ne paye pas de mine mais qui arrive à nous proposer un très moment de cinéma. Une histoire simple mais qui brille par la richesse de ses à-côtés, la finesse de son humour et son aspect décalé tout à fait délectable. Ceux qui ont aimé Fantastic Mr. Fox retrouveront ce même talent, ce même imagination fertile.

Wes Anderson maîtrise à la perfection la confrontation entre l’innocence enfantine et les problèmes d’adultes, afin de mieux faire ressortir l’absurdité de ces derniers. Car Moonrise Kingdom ne tire pas son intérêt de son aspect compte de fées, mais bien de ce que ça révèle sur tout ce dont on s’embarrasse avec l’âge et qui nous empêche tout simplement d’être heureux. C’est plus drôle que profond, mais le propos est infiniment plus intelligent qu’il en a l’air. Le tout est souligné par une très belle bande originale signée Alexandre Desplats, auquel un bel hommage est rendu pendant le générique de fin.

Il est évident que la forme de Moorise Kingdom peut quelque peu surprendre. Pris au premier degré, on peut même trouver ce film quelque peu crétin… A la fois, il ne faut vraiment avoir aucun sens du second degré pour ne pas voir celui qui parcourt ce film. On est vraiment dans le second degré, pas le troisième ou le quatrième. Tout reste très accessible. C’est peut-être plutôt les aspects quelque peu enfantins qui peuvent rebuter certains. Mais bon, même avec une minuscule âme d’enfant, on a toute les chances d’apprécier pleinement ce film.

Le seul léger reprocher que je formulerai à l’encontre de Moonrise Kingdom est un léger manque de rythme. Le film est court, tout juste un peu plus d’une heure et demi, mais l’histoire qui reste assez simple aurait pu se conclure avec une petite dizaine de minutes de moins. On se laisse bercer par l’histoire, alors qu’elle se prêtait plutôt à nous emporter. Rien de bien méchant, mais suffisant pour que l’enthousiasme ne devienne totalement débordant.

moorisekingdomOn reconnaît la qualité de réalisateur de Wes Anderson, quand on voit le fabuleux casting qu’il a réussi à réunir, malgré un budget limité. Si Bill Murray et Frances McDormand en couple d’avocats complètement lunaires sont tout à fait dans le registre qu’on leur connaît, on apprécie particulièrement les performances de Bruce Willis, Edward Norton et Harvey Keitel dans de jolis contre-emplois. Il est évident qu’ils n’auraient jamais accepté de tels rôles pour un jeune débutant. Enfin, ne passons pas sous silence le vrai talent dont font preuves l’ensemble du casting « enfantin », en particulier les deux acteurs principaux : Jared Gilman et Kara Hayward. Toutes les scènes ne sont pourtant pas faciles, notamment celles où les deux jeunes gens découvrent l’amour.

Moonrise Kingdom a apporté un souffle de rêverie et de poésie sur le Festival de Cannes dont il a fait l’ouverture. Un vrai beau moment de bonheur cinématographique !

Fiche technique :
Production : StudioCanal, Focus Features Int’l, Indian Paintbrush, American Empirical
Réalisation : Wes Anderson
Scénario : Wes Anderson, Roman Coppola
Montage : Andrew Weisblum
Photo : Robert Yeoman
Décors : Adam Stockhausen
Distribution : StudioCanal
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 94 mn

Casting :
Jared Gilman : Sam
Tilda Swinton : Services sociaux
Frances McDormand : Mme Bishop
Bill Murray : Mr. Bishop
Edward Norton : Chef Scout Ward
Bruce Willis : Capitaine Sharp
Kara Hayward : Suzy
Jason Schwartzman : le cousin Ben

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