L’ITALIEN : Intolérance ordinaire

litalienaffichePour ma critique sur l’Italien, j’aurais pu faire la même introduction que pour Le Premier qui l’a Dit. En effet, voici deux films qui, par l’humour, cherchent à attirer l’attention sur un problème de société et dénoncer l’intolérance quotidienne. Comme, je cherche toujours à me renouveler, je vais m’abstenir. Mais comme je n’ai pas non plus une imagination sans limite, je n’ai rien trouver de nouveau à dire…

Dino Fabrizzi est un vendeur de Maserati particulièrement efficace et favori pour succédé au directeur de la concession, sur le point de prendre sa retraite. Le problème est que Dino Fabrizzi s’appelle en fait Mourad Ben Saoud. Cette double identité le pousse à mentir à son employeur, mais aussi à sa famille. Ce mensonge va devenir particulièrement dur à poursuivre quand son père, victime d’un infarctus, lui demande de faire le ramadan à sa place.

L’Italien, réalisé par Olivier Baroux, renvoie naturellement au parcours personnel de son compère de toujours, Kad Merad, qui avait longuement hésité, au début de sa carrière, à prendre un nom de scène plus « français ». Au final, assumer ses origines ne l’a pas empêché de devenir un des acteurs les plus populaires du cinéma français.

Mais justement, l’Italien parle bien de cela. Mourad Ben Saoud / Dino Frabrizzi n’est pas réellement victime d’un racisme violent, ni même exprimé. Mais voyant que tout est un tantinet plus facile avec sa nouvelle identité, il s’enfonce dans un mensonge dont il devient incapable de sortir. C’est sans doute là la plus grande force, mais aussi la plus grande limite de ce film. Il parle d’une intolérance quotidienne qui peut toucher et renvoyer à des situations que nous avons tous vécus. Mais du coup, le propos manque peut-être un peu de force et apparaît presque comme un simple prétexte à la comédie.

litalienCar L’Italien reste avant tout une comédie parfois très drôle, mais globalement inégale et sûrement pas révolutionnaire. Voir un personnage redoubler d’efforts pour cacher la vérité et préserver un mensonge qui paraît trop gros pour être vrai est un ressort comique vieux comme l’humour. Tout repose sur le numéro de Kad Merad qui n’en fait jamais trop et se sent parfaitement à l’aise dans le rôle. Mais il est seul, très seul et personne ne vient à sa rescousse quand il faiblit légèrement.

Le seul gros défaut de l’Italien reste le dernier quart d’heure, quand le ton se fait plus grave, et où le sujet est d’un coup beaucoup moins bien maîtrisé. Sans tomber dans le ridicule, le dénouement est un peu longuet et assez peu crédible. Et quand cela cesse d’être drôle, l’absence de crédibilité pose quand même problème. Cela renforce l’impression générale que ce film est globalement sympathique, mais n’est pas aussi réussi qu’il aurait pu l’être. Mêler comédie et sujet de société est un exercice difficile et il n’est pas sûr que Olivier Barroux soit tout à fait à la hauteur de la tâche. Cependant, il s’agit là de son meilleur film et laissons-lui le temps de s’améliorer encore.

L’Italien n’est donc pas un film indispensable, mais qui se laisse regarder. On peut juste regretter qu’il ne soit pas tout à fait à la hauteur du propos.

Fiche technique :
Réalisation : Olivier Barroux
Scénario : Nicolas Boukhrief, Eric Besnard
Compositeur : Martin Rappeneau
Directeur de la photographie : Arnaud Stéfani
1er assistant réalisateur : Eric Pierson
Monteur : Richard Marizy
Ingénieur du son :Madone Charpail
Chef décoratrice : Perine Barre
Costumière : Sandra Gutierrez

Casting ;
Kad Merad : Dino/Mourad
Valérie Benguigui : Hélène
Roland Giraud : Charles Lemonnier
Philippe Lefebvre : Cyril Landrin
Guillaume Gallienne : Jacques
Sid Ahmed Agoumi : Mohamed
Farida Ouchani : Rachida
Saphia Azzeddine : Amel
Tarek Boudali : Karim
Nathalie Levy-Lang : Nadège

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