TRON : Et Disney dit au pixel « Lève-toi et marche ! »

tronafficheAvant d’aller voir la suite sortie la semaine dernière sur nos écrans, je me devais de combler un des plus grands manques de ma culture cinématographique et voir enfin Tron, premier du nom. C’est donc chose faite, cette faille béante et impardonnable n’est plus. Il faut dire qu’il s’agit là d’un film historique, puisque c’est le premier à avoir mélangé prises de vue réelles et images de synthèse générées par ordinateur. Sans lui, Avatar ne serait pas. Sauf qu’évidemment, les moyens de 1982 n’étaient pas tout à fait ceux d’aujourd’hui.

Encom est une des plus grandes sociétés d’informatique. Mais son contrôle échappe de plus en plus à Dillinger, son PDG, au profit de MCP, un super-ordinateur qui prend doucement le pouvoir de tout le réseau informatique, et demain du monde. Au sein de la même société, Alan met au point un programme, Tron, qui pourrait contrôler les agissements de MCP, mais son travail est neutralisé avant d’être finalisé. L’équipe de Lora quant à elle a mis au point un rayon laser capable de numériser n’importe quoi. Alan et Lora rejoignent Flynn, un ancien collègue, créateur génial de jeu vidéo, que Dilligner a spolié de son travail avant de le renvoyer. A eux trois, ils vont tenter de faire la lumière sur ce qui se passe à Encom. Très vite, Flynn se heurte au MCP qui utilise le laser de Loran pour l’envoyer dans le monde numérique.

Tron est vraiment à prendre ce qu’il est : un tournant de l’histoire du cinéma, un film à l’époque totalement révolutionnaire, mais aujourd’hui totalement dépassé. En effet, les effets spéciaux font ici gentiment sourire. Un graphisme désuet, parfois minimaliste, où tout manque de profondeur, de relief et de fluidité. Tron est aux images de synthèse, que Pong est aux vidéos. Un respectable ancêtre qu’on regarde plus par curiosité qu’admiration.

Tron, c’est aussi une intrigue. Mais là aussi, le poids des années se fait sentir. Pourtant, on peut lui reconnaître une nouvelle fois un caractère visionnaire remarquable. Il y est développé l’idée d’un réseau interconnecté dont tous les composants formeraient un monde en soi. Ce film a été réalisé près de 15 ans avant l’explosion d’Internet, mais contient les prémisses d’interrogations qui hantent notre société actuelle sur l’omnipotence de l’informatique. Evidemment, cette crainte de l’émergence d’une conscience et d’une volonté propres de la part des machines, idée que l’on retrouve dans d’autres films de l’époque (Terminator, War Games), ne s’est toujours pas concrétisée. Et vues les intentions que ces films leur prêtent, on ne peut que s’en réjouir.

tronRestent des personnages sans grand relief, des rebondissements pas toujours très convaincants (ah il est mort, ah bah non finalement, il a survécu !). Mais l’intérêt de Tron est ailleurs. Hier dans le caractère révolutionnaire et spectaculaire de ses graphismes. Aujourd’hui, par sa mise en perspective avec tout ce qu’il a pu enfanter. Sur le coup, les studios Disney avaient frappé un grand coup, à une époque où leur branche animation avait bien du mal à produire le moindre film de premier plan.

Tron attise également la curiosité du cinéphile car il lui permet de découvrir, ou de redécouvrir, que Jeff Bridges a été jeune, voire même très jeune. Voir celui qui ne joue plus que des rôles de vieux briscards, faisant étalage de son expérience et souvent d’un certain désabusement, interpréter un post-ado fana de jeux vidéos nous fait dire une nouvelle fois que ce film appartient définitivement à l’histoire.

On peut facilement imaginer l’enthousiasme qu’avait pu ressentir les ancêtres de nos geeks contemporains le jour où ils ont pu voir Tron pour la première fois. Cela demande désormais un petit travail d’imagination, mais rien de rédhibitoire. Il faut se dire que nos petits enfants se diront sans doute la même chose en regardant Avatar depuis un écran 3D qui fera passé la plus belle télé HD d’aujourd’hui pour une antiquité.

Tron n’est pas un chef d’oeuvre, Tron est tout sauf intemporel, mais Tron est un vrai morceau d’histoire.

Fiche technique :
Réalisation : Steven Lisberger
Scénario : Steven Lisberger, d’après une histoire de Steven Lisberger et Bonnie MacBird
Musique : Wendy Carlos
Direction musicale :
Richard Bowden avec l’Orchestre philharmonique de Los Angeles
Douglas Gamley avec l’Orchestre philharmonique de Londres
Direction artistique : John Mansbridge et Al Roelofs sous la direction de Dean Edward Mitzner
Conception de l’univers électronique : Syd Mead, Jean « Moebius » Giraud, Peter Lloyd et Richard Taylor
Décors : Roger Shook
Costumes : Eloise Jensson et Rosanna Norton
Photographie : Bruce Logan
Ingénieurs du son : Michael Fremer et Frank Serafine
Effets spéciaux : R.J. Spetter
Effets visuels : Steven Lisberger

Casting :
Jeff Bridges : Kevin Flynn / Clu
Bruce Boxleitner : Alan Bradley / Tron
David Warner : Ed Dillinger / Sark / Voix du Maître Contrôle Principal (MCP)
Cindy Morgan : Lora / Yori
Barnard Hughes : Dr Walter Gibbs / Dumont
Dan Shor) : Ram
Peter Jurasik : Crom
Tony Stephano : Peter / Lieutenant de Sark

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