
Naoko, Kizuki et Watanabe sont trois adolescents qui traînent souvent ensemble. Les deux premiers forment un couple depuis l’enfance, mais la présence constante de leur ami ne les dérange pas. Cet équilibre va se briser brutalement avec le suicide de Kizuki. Watanabe part alors à Tokyo pour poursuivre ses études. Un jour, il croise par hasard Naoko. Ils commencent alors à se revoir et finiront pas devenir amants. Mais comment s’aimer quand on porte en soi un fantôme omniprésent ?
Vous l’aurez compris, la Ballade de l’Impossible n’est pas la dernière comédie hilarante. Mais ce n’est pas un film sur le deuil ou la mort, mais une magnifique histoire d’amour. Un amour impossible et dramatique, mais à la fois si les amours heureux et routiniers donnaient de bons films, ça se saurait. Nous sommes donc là face à un thème éternel qui continuera encore longtemps à inspirer littérature et cinéma puisqu’il constitue une source inépuisable d’inspiration.
Mais si la Ballade de l’Impossible nous présente des sentiments et des situations extrêmes, il parle au fond de quelque chose qu’à peu près tout le monde a pu expérimenter dans son existence : l’irrésistible attraction exercée par l’amour impossible, celui voué à l’échec d’avance et qui ne pourra que nous conduire à la peine et la souffrance. Cet instinct bizarre qui nous pousse à préférer celui ou celle qui nous fuit et à délaisser celle qui nous attend et nous promet un amour heureux et apaisé. Le thème vraiment central de ce film est bien celui-là et la dramaturgie n’est qu’un support à la réflexion sur ce sujet qui pourra concerner bon nombre d’entre nous.
Reste tout de même le rythme de narration. La Ballade de l’Impossible est un film profondément « asiatique » dans la forme. Il est long, 2h13, et les évènements se déroulent à une vitesse qui n’est pas celle des récits occidentaux. Rappelez-vous les matchs de foot qui duraient 4h30 dans Olive et Tom, et bien c’est exactement la même chose ici. Ce n’est pas qu’il ne se passe rien, simplement les choses se passent lentement. Pour tout dire, une personne a quitté la salle en plein milieu du film et en a entraîné quelques autres à sa suite (j’adore ce genre de phénomène de comportement moutonnier). Bon après, on peut se demander pourquoi ont-ils été voir ce film qui était en fin d’exploitation, s’ils n’étaient visiblement pas très motivés, ni renseignés… Mais c’est une autre question.

Tran Ahn Hung s’appuie sur un formidable casting, qu’il sublime par un merveilleux talent de direction. Dommage que ce réalisateur, qui avait croulé sous les prix il y a 20 ans avec son premier film, l’Odeur de la Papaye Verte, soit si rare. 5 films tout et pour tout dans sa filmographie, dont un superbe Cyclo (enfin paraît-il, il manque malheureusement à ma culture), remake du Voleur des Bicyclettes et Lion d’Or à Venise en 1995. La Ballade l’Impossible confirme qu’il est bien un des réalisateurs le plus talentueux de la planète, même si son œuvre n’est pas la plus accessible qui soit.
La Ballade de l’Impossible fait donc partie de ces films qui peut toucher l’âme humaine, pour peu que l’on sache accepter une forme qui bouscule nos habitudes culturelles.
Fiche technique :
Production : Asmik Ace Entertainment, Fuji Television Network, Toho Company Ltd.
Distribution : Pretty Pictures
Réalisation : Tran Anh Hung
Scénario : Tran Anh Hung, d’après l’oeuvre de Haruki Murakami
Montage : Mario Battistel
Photo : Lee Ping Bing Mark
Décors : Yen-Khe Tran-Nu
Son : Tomoharu Urata
Musique : Jonny Greenwood
Durée : 133 mn
Casting :
Kenichi Matsuyama : Watanabe
Rinko Kikuchi : Naoko
Kiko Mizuhara : Midori
Reika Kirishima : Reiko Ishida
Tetsuji Tamayama : Nagasawa