JOHNNY ENGLISH, LE RETOUR : Un mal pour un bien, un bien pour mal

johnnyenglishleretourafficheQuand j’ai vu que Johnny English, le Retour allait sortir, j’ai très vite imaginé que ce film risquait fort de souffrir de deux défauts : déjà être lourd, puisque l’humour de Rowan Atkinson n’a jamais brillé ni par sa subtilité, ni par sa finesse. Ensuite, d’être poussif, car les meilleures idées avaient déjà été exploitée lors du premier épisode. Et puis quelques bonnes critiques m’ont décidé à aller le voir. J’ai eu la bonne surprise de constater qu’aucune de mes craintes n’était fondée. Mais pour autant, les défauts de ce film restent nombreux.

Johnny English a été renvoyé du MI7 après que le Président du Mozambique ait été assassiné, alors qu’il était en charge de sa sécurité. Mais une nouvelle menace plane cette fois sur le Président chinois. La Couronne ayant besoin de lui, il est rappelé alors qu’il était en retraite dans un monastère tibétain.

Contre toute attente, Johnny English est une comédie rythmée, avec dix gags à la minute. Les scènes ne s’étirent pas en longueur et font avancer une intrigue qui, si elle ne constitue qu’un prétexte, possède un minimum d’épaisseur et de rebondissements. Deuxième surprise, l’humour, s’il est souvent visuel et premier degré, est parfois subtil, souvent imaginatif, jamais pipi-caca. Et le plus incroyable, c’est que Rowan Atkinson ne grimace quasiment jamais. On est donc loin de Mister Bean.

Alors me direz-vous, de quoi se plaint-on ? Pourquoi alors ne pas considérer Johnny English, le Retour comme une des meilleures comédies de l’année ? Vous allez dire que je ne sais vraiment pas ce que je veux, mais peut-être que ce film est trop équilibré et cherche trop à éviter le lourdingue à tout prix. En fait, on a un peu perdu tout ce qui faisait le charme de l’univers de Rowan Atkinson. Certes, on aimait ou on détestait, mais au moins ça ne laissait pas indifférent. Là, c’est beaucoup trop lisse, beaucoup trop formaté, trop dans la retenu pour être vraiment enthousiasmant. Et avouons-le, c’est parfois en parlant à notre moi le plus primaire que l’on nous arrache de vrais fous rires.

En fait, Johnny English, le Retour manque de vrais moments de bravoure désopilants et inoubliables. On citera tout de même une poursuite sur les toits, parodiant la première scène de Casino Royale, où Rowan Atkinson prend bêtement les ascenseurs et ouvrent bêtement les portes, quand l’homme qu’il poursuit multiplie les acrobaties et les sauts spectaculaires. Enfin, et c’est peut-être le meilleur moment du film, la séquence qui se déroule pendant le générique de fin, quand les 9/10ème des spectateurs ont déjà quitté la salle, comme s’il y avait le feu. Un petit numéro d’acteur sans prétention, Rowan Atkison faisant la cuisine en suivant le rythme de l’air « Dans l’antre du Roi de la Montagne ». C’est simple, parfaitement exécuté et parfaitement hilarant.

Johnny English, le Retour se caractérise aussi par des moyens visuels assez inhabituels pour une pure comédie. De l’action, de vraies cascades, de vrais effets spéciaux, de vrais effets pyrotechniques. Bref, on a connu des blockbuster qui faisait plus kitsch. Mais quelque part, cela contribue à l’impression d’œuvre trop parfaite et pas assez surprenante. Sans doute, un univers visuel plus « bricolé » aurait mieux convenu pour un tel humour.

johnnyenglishleretourJohnny English, le Retour constitue donc l’occasion de retrouver un Rowan Atkison qui a semble-t-il gagné beaucoup en maturité. Peut-être un peu trop donc, car il en a perdu de sa spontanéité et de sa singularité. Certes, on ne regrette pas l’excès de grimaces, mais on regrette un peu les meilleurs d’entre elles. A ses côtés, le reste du casting est réduit à portion congru. Dommage, car on a quand même l’occasion de pouvoir admirer la beaucoup trop rare Gillian Anderson dont la carrière aurait du aller beaucoup plus loin que son incarnation de l’agent Scully dans X-Files. Une petite mention également pour Daniel Kaluuya, qui est parfait dans son rôle de jeune bleu enthousiaste.

Johnny English, le Retour pourra donc agrémenter une soirée pluvieuse à la télé. Les fans de Rowan Atkison seront peut-être un peu déçus de ne pas retrouver l’univers habituel de leur comique préféré. Mais si c’est un mal ou un bien, cela reste à voir.

 
Fiche technique :
Production : Working Title, Universal Pictures
Distribution : StudioCanal
Réalisation : Oliver Parker
Scénario : Hamish McColl, d’après une histoire de William Davies
Montage : Guy Bensley
Photo : Danny Cohen
Décors : Jim Clay
Musique : Ilan Eshkeri
Costumes : Beatrix Pasztor
Durée : 96 mn
 
Casting :
Rowan Atkinson : Johnny English
Gillian Anderson : Pamela Thornton
Dominic West : Simon Ambrose
Rosamund Pike : Kate Sumner
Daniel Kalluya : L’agent Tucker
Richard Schiff : Fisher
Tim McInnerny : Quatermain

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