LA CARTE ET LE TERRITOIRE

carteterritoireUn rapport de la Cour des Comptes rendu public cette semaine appelle l’Etat à rationaliser son organisation dans les territoires. Multiplication des structures s’occupant des mêmes problématiques, découpages territoriaux différents selon les administrations, les points noirs et les incohérences sont nombreux. Bien sûr, on peut trouver que la Cour des Comptes en fait toujours un peu trop et prêche toujours pour le « toujours moins » et une austérité qui a déjà largement prouvé à quel point elle pouvait se révéler contre-productive. Mais personne ne peut nier que la gouvernance territoriale de notre pays est largement insatisfaisante.

J’ai notamment pu participer activement à ce débat lors du dernier Conseil Municipal de Viroflay, où nous avons discuté du projet de loi créant une instance de gouvernance à l’échelle de l’aire urbaine de Paris. Si bien des critiques peuvent être formulées contre ce projet, j’ai été choqué par l’étroitesse des arguments avancés par mon Maire pour s’y opposer. Seul lui importe la conservation de ses prérogatives attachée à son mandat. Aucun recul, aucune volonté de trouver enfin des solutions aux grands déséquilibres que connait notre Région et à l’insuffisance chronique de construction de logements. Les élus municipaux sont ceux qui détiennent le pouvoir dans le domaine de l’urbanisme, ces échecs sont donc les leurs. Mais ils étaient difficiles pour eux de réussir puisqu’on leur demande de traiter un problème qui se pose à une échelle supérieure à la leur.

Ceci montre à quel point une réforme territoriale profonde doit se faire contre ceux qui possèdent le pouvoir au niveau local. On parle ici des élus, mais aussi des administrations, des organismes, des services, bref tout ceux qui verraient leur quotidien bouleverser par de profonds changements. Or le changement, voilà quelque chose qui se heurte toujours à de fortes résistances. Et il est d’autant plus difficile de les surmonter que ceux qui en expriment possèdent du pouvoir et de l’influence. Le salut pourrait venir des citoyens, mais le référendum en Alsace sur la fusion possible des deux départements a également montré que le changement est avant tout souhaité, surtout s’il a lieu chez le voisin. On peut cracher tant qu’on veut sur les élus, force est de constater que les électeurs adoptent des comportements tout à fait similaires.

Une réforme en profondeur de la gouvernance territoriale est donc un long et difficile combat. La loi portée par Marilyse Lebranchu constitue une avancée très en deçà de ce qui serait nécessaire. En ces temps politiques difficiles, la majorité actuelle ne peut pas se mettre à dos la foule des élus locaux. Il y a là pourtant de grandes sources d’économie, de gain d’efficacité et de compétitivité pour notre pays. Des évolutions que tous les responsables appellent de leurs vœux… du moment que ce n’est pas au prix de la moindre diminution de leur petit pouvoir personnel.

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