Rédiger la critique d’un Star Wars constitue un exercice à la fois difficile et exaltant. Mais écrire celui sur Star Wars, Episode VII : les Derniers Jedi revient carrément à participer à une bataille intergalactique d’une violence inouïe. Pourtant en ressortant de ce film, je me suis dit qu’on pouvait difficile être fan et ne pas l’adorer, malgré les faiblesses objectives. Or c’est exactement l’inverse qui se produit. Une grande partie des admirateurs de la saga est entrée dans une croisade délirante pour le descendre en flamme, quand les spectateurs plus neutres l’ont apprécié à sa juste valeur. Je vais de mon côté m’efforcer de garder la tête froide et de parler sereinement de objet passionnel.
Je vais faire tout mon possible pour ne pas spoiler le film pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, même si grande est la tentation. Je dirais simplement que pour le fan, tout se joue dans une des premières scènes du film. On reprend là où l’Episode VII s’était arrêté, Rey tend son sabre laser à Luke et là… Chuuuut ! Simplement, soit vous trouvez ce qui se passe ensuite totalement surprenant, inattendu et du coup génial (c’est mon cas), soit vous trouvez que c’est une insulte impardonnable et vous basculez à mon avis irrémédiablement dans le côté obscur des contempteurs de Star Wars, Episode VIII : les Derniers Jedi.
Je souhaite de tout cœur pour vous que ce ne soit pas le cas car sinon vous passerez à côté d’un grand moment d’audace scénaristique. Non pas dans l’absolu, mais au moins dans le contexte d’une saga faisant l’objet d’un tel culte. Depuis deux ans, des millions des fans ont attendu des réponses, échafaudé des théories, imaginé ce à quoi pourrait ressembler Star Wars, Episode VIII : les Derniers Jedi. Le film leur envoie au final un grand coup de pied au cul en ne leur proposant absolument pas ce qu’ils attendaient sur de nombreux points. Beaucoup ont pris ça comme une déclaration de guerre. C’est à mon sens surtout une manière assez brillante de tourner une page, de passer à autre chose, surtout après avoir tant reprocher à l’Episode VII de s’être contenté de reprendre des éléments déjà connus.
Le fan que je suis a aimé profondément Star Wars, Episode VIII : les Derniers Jedi. En plus du côté totalement inattendu que j’ai évoqué plus haut et dont il est difficile de parler sans trop en dire, je retiendrai deux éléments. Tout d’abord, les personnages qui prennent une dimension et une complexité supplémentaire. Ils quittent surtout leur caractère profondément manichéen inhérent à la Saga (le côté obscur contre le côté lumineux) pour apparaître torturés, shakespeariens et du coup nettement plus intéressants. Cela rend surtout leurs réactions et leurs actes beaucoup moins prévisibles.
Ensuite, l’humour beaucoup plus assumé dans Star Wars, Episode VIII : les Derniers Jedi. Il y a là clairement une volonté des producteurs (et donc de Disney) de reproduire ce qui a si marché avec Marvel. Beaucoup de fans ont très mal pris ce choix, le prenant comme un manque de respect envers le côté sacré de la saga. C’est oublier que l’humour a toujours été un de ces fondements (sinon C3PO n’existerait pas) et que je préfère nettement ce premier degré assumé que le caca-prout qu’on peut trouver dans l’Episode I par exemple. Personnellement, j’ai été un peu déstabilisé il est vrai par ce choix, mais au final je trouve que ça s’insère parfaitement dans une histoire qui revient, faut-il le rappeler, à voir des gens se battre avec des épées lumineuses déguisés en moine-chevaliers. Si on ne peut pas rire de ça, autant ne plus rire du tout. Et puis finalement, c’est un vrai plaisir d’être déstabilisé ainsi par quelque chose d’aussi familier dont on imaginait pas qu’elle en avait encore la capacité.
Star Wars, Episode VIII : les Derniers Jedi n’est cependant pas exempt de défauts loin de là. Mais aucun film de la saga ne l’est et je ne crois pas qu’il fasse pire ou moins bien qu’aucun autre. Ce qui m’a le plus dérangé ce sont quelques faiblesses « techniques » avec des séquences visuellement un peu ratées (spéciale dédicace à Mary Poppins), ce qui est assez impardonnable pour un tel film. On peut aussi reprocher un arc narratif assez superflu qui vient allonger le film de manière artificielle. A cela s’ajoute quelques incohérences, des lois de la physique bafouées, mais là franchement, je ne vois pas pourquoi faire ces reproches à cet épisode en particulier, c’est juste de la mauvaise foi !
Star Wars, Episode VIII : les Derniers Jedi marque donc la fin d’une époque et offre la perspective d’une direction nouvelle. Que les grognons restent nostalgiques à jamais de l’attaque des pots de yaourt… pardon de l’Etoile de la Mort de l’Episode IV ! Les autres seront heureux d’emprunter cette nouvelle voie et étant heureux de ne pas savoir où elle va les mener.
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Production : Walt Disney Studios Motion Pictures, Lucasfilm, Bad Robot Productions
Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures International
Réalisation : Rian Johnson
Scénario : Rian Johnson
Montage : Bob Ducsay
Photo : Steve Yedlin
Décors : Rick Heinrichs
Musique : John Williams
Durée : 152 min
Casting :
Adam Driver : Ben Solo / Kylo Ren
Carrie Fisher : Générale Organa
Mark Hamill : Luke Skywalker
Oscar Isaac : Poe
John Boyega : Finn
Daisy Ridley : Rey
Gwendoline Christie : capitaine Phasma
Lupita Nyong o : Maz
Domhnall Gleeson : Général Hux
Kelly Marie Tran : Rose Tico