On mesure souvent la qualité d’un jeu d’acteur à l’émotion véhiculée par un visage et des expressions, par la manière dont l’intonation, le timbre d’une voix sublime un texte. On oublie aussi souvent que le corps d’un comédien constitue aussi un élément déterminant de sa performance. Evidemment, certains sujets mettent particulièrement en avant cet état de fait. Le rapport au corps est un thème pas toujours facile, mais qui a donné de très beaux films au cours de l’histoire du 7ème art. Girl est à ajouter à cette longue liste. Il prouve surtout encore une fois la capacité du cinéma belge de nous offrir des films audacieux et de très grande qualité.
Girl repose avant tout sur son personnage principal. Cependant, il ne se contente pas d’être un film portrait. Il traite à travers lui de nombreux sujets dont la portée est bien plus universelle qu’un simple destin individuel. Ce mélange d’attachement profond à une jeune fille que l’on apprend à connaître et d’une réflexion profonde donne toute sa richesse à ce film. Ce dernier interroge le spectateur, peut le troubler et lui apporte aussi beaucoup d’émotion directe et sincère. Le tout se terminera avec une scène qui peut difficilement laisser indifférent. Un moment d’intensité dramatique rare qui laisse le spectateur sur une sensation forte et profondément marquante.
Girl repose ainsi beaucoup sur la performance extraordinaire du jeune Victor Polster. C’est tout son être qu’il offre au film, son corps, mais aussi certainement une partie de son âme. Il est évident qu’un tel rôle ne laisse pas indemne et qu’il le marquera profondément. Il permet surtout au spectateur de découvrir une comédien hors du commun qu’on a hâte de revoir. La réalisation de Lukas Dhont est d’une rare élégance. Sa caméra reste très pudique, alors que le corps de ses personnages jouent un rôle central. Elle trouve la bonne distance pour faire de ce film un film aussi beau qu’il est intéressant. Seul bémol, un rythme de narration parfois un peu faible et qui nous fait parfois flirter avec l’ennui. Avec un petit quart d’heure de moins, ce long métrage aurait été tout simplement inoubliable.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : Frakas productions, Topkapi films
Réalisation : Lukas Dhont
Scénario : Lukas Dhont, Angelo Tijssens
Montage : Alain dessauvage
Photo : Frank van den Eeden
Distribution : Diaphana
Musique : Valentin Hadjadj
Directeur artistique : Philippe Bertin
Durée : 105 min
Casting :
Victor Polster : Lara
Aieh Worthalter : Mathias
Oliver Bodart : Milo
Tjmen Govaerts : Lewis
Katelijne Damen : le médedin
Valentijn Dhaenens : Le psy
Magali Elali : Christine