Le plus dur, c’est pour ceux qui restent. Cette sentence s’apparente à un cliché, mais peut résumer bien des excellents propos. Comme par exemple, celui qui sous-tend Mon Cher Enfant qui nous plonge dans l’enfer vécu par les parents, et en particulier le père, d’un jeune Tunisien parti faire le djihad en Syrie. Un point de vue largement aussi intéressant que celui de celui qui part. Un film d’une grande pudeur, qui évite tous les pièges du mélodrame. Mais peut-être un peu trop au final.
Mon Cher Enfant reste avant tout un film de personnage. Le fond géopolitique reste mineur, l’essentiel repose sur ce que ressentent les personnages et la manière dont ils réagissent. Or ces derniers ne sont pas du genre à s’épancher et restent souvent dans la retenu. Cela fait tout l’intérêt du propos et cette intériorisation des sentiments, qui conduit parfois à une forme de déni, constitue ce qui fait la singularité de cette histoire. Le film revient à se demander comment vivre des sentiments aussi violents quand on n’a jamais rien exprimé de toute sa vie. Mais cela constitue aussi au final la limite de ce film, qui transmet une émotion limitée au spectateur. On en reste au stade de l’intérêt intellectuel, réel, mais sans que cela ne prenne réellement au tripes. Cela donne certainement un plus grand réalisme au film, mais nous empêche de ressortir vraiment bouleversé.
La réalisation de Mohamed Ben Attia est sobre, très certainement du fait d’un manque de moyen. Mon Cher Enfant ressemble parfois quelque peu à un téléfilm. Mais évidemment, là n’est pas l’essentiel. On retiendra surtout la très belle performance de Mohamed Dhrif, tout en retenu, mais d’une justesse remarquable. Interpréter un tel rôle sans en faire jamais trop n’avait certainement rien de facile, car en comédie, qui peut le plus ne peut pas toujours le moins. Au final, le film ne possède pas tout fait l’impact que le sujet aurait mérité, mais la vision partagée par Mohamed Ben Attia mérite d’être reçue.
LA NOTE : 11,5/20
Fiche technique :
Réalisation : Mohamed Ben Attia
Scénario : Mohamed Ben Attia
Photographie : Frédéric Noirhomme
Montage : Nadia Ben Rachid
Casting :
Mohamed Dhrif : Riadh
Mouna Mejri : Nazli
Zakaria Ben Ayyed : Sami
Imen Cherif : Sameh