Se rendre dans une salle obscure pour voir l’adaptation d’une œuvre dont on est fan par ailleurs s’apparente à une manœuvre particulièrement risquée. En effet, on regardera le film en question avec un œil particulier et critique, scrutant le moindre détail qui pourrait s’apparenter à une trahison et ne fera preuve d’aucune indulgence face au moindre écart de ce qu’on considère comme étant un canon dont il est criminel de s’écarter. Gumn fait partie des œuvres pour laquelle j’ai une tendresse particulière et que je suis avec la plus grande attention, puisque le manga continue d’être régulièrement publié. J’ai donc été voir Alita : Battle Angel avec cet œil particulier et une certaine appréhension suite à une bande-annonce pas vraiment convaincante. Le résultat est meilleure qu’espéré, mais loin d’être transcendant.
Un point très positif reste que Alita : Battle Angel est particulièrement réussi visuellement. Le personnage principal est remarquablement travaillé pour rester à la frontière entre le virtuel et le réel, entre sa nature humaine et son corps de cyborg. Cette limite floue donne tout son intérêt au propos et structure profondément le film. Il nous permet de rentrer vraiment dans cette histoire et nous assure déjà de ne pas assister à un naufrage. La première partie du film reste particulièrement fidèle au manga et on se met à espérer une adaptation pleinement réussie. Malheureusement, la suite fera quelque peu déchanter. Certes, les écarts à l’histoire originelle ne dérangent au fond que les fans comme moi, mais le problème est que tous ces choix sont assez mauvais et font dérailler quelque peu l’histoire.
Certaines scènes de Alita : Battle Angel sont franchement ratées et flirtent parfois carrément avec le ridicule. Pas au point de nous faire sortir totalement du film, mais suffisamment pour ne pas s’enthousiasmer comme on l’aurait aimé pour cette œuvre de science-fiction qui restera sympathique mais mineure. Et vue la direction que semble prendre l’histoire à la fin du film, il semble difficile d’espérer que la suite de la saga remontera le niveau général. Je peux bien sûr me tromper. Au final, Robert Rodriguez nous offre un film quelque peu inabouti, réalisé avec un certain talent (mais il n’est pas Guillermo Del Toro non plus), qui aurait mieux fait de coller totalement à l’histoire imaginée par Yukito Kishiro. C’est peut-être le fan qui parle, mais surtout, je pense, l’amateur de grandes et belles histoires.
LA NOTE : 11/20
Fiche technique :
Production : 20the Century Fox, James Cameron, Lightstorm Entertainment, Troublemaker studio, TGS
Distribution : 20th Century Fox France
Réalisation : Robert Rodriguez
Scénario : James Cameron, Robert Rodriguez, Laeta Kalogridis, manga de Yukito Kishiro
Montage : Stephen E. Rivkin, Ian Silverstein
Photo : Bill Pope
Décors : Caylah Eddleblute, Steve Joyner
Musique : Junkie XL
Effets spéciaux : Weta Digital
Durée : 122 min
Casting :
Rosa Salazar : Alita
Christoph Waltz : Dr Dyson Ido
Jennifer Connelly : Chiren
Mahershala Ali : Vector
Ed Skrein : Zapan
Keean Johnson : Hugo