Le Nom des Gens reste un film culte pour tous ceux qui ont baigné et baigne toujours dans la même culture politique que moi. Neufs ans ont passé et on attendait avec impatience que Michel Leclerc nous offre une nouvelle œuvre du même acabit. Certes, il y a bien eu la Vie Très Privée de Monsieur Sim entre temps, mais qui n’a pas laissé un souvenir particulièrement impérissable. Pour la Lutte des Classes, il a cherché à retrouver l’esprit de son premier grand succès et les ingrédients qui y ont contribué. Mais on fait que parfois les mêmes ingrédients ne donnent pas toujours la même saveur au plat et qu’il existe toujours un danger que ce dernier sente passablement le réchauffé. Heureusement, il n’en est rien ici.
Le grand mérite de la Lutte des Classes est d’être capable de se moquer de tous les protagonistes avec un mélange détonnant de mordant féroce et de bienveillance sans faille. Pourtant, en abordant le champ du social et surtout du religieux, Michel Leclerc s’aventurait dans un terrain miné. Il en ressort indemne et fait même preuve d’un certain brio. Sauf peut-être sur la fin où le film sombre quelque peu dans un certain n’importe quoi, même si l’aspect « united color of bandes de cons » est assez réjouissant. En tout cas, si tous les commentateurs traitant de ces sujets faisaient preuve du même discernement et du même recul, le monde ne s’en porterait que mieux !
Michel Leclerc reste un des meilleurs directeurs d’acteurs du cinéma hexagonal. Si Leïla Bekhti est parfaite comme à son habitude, il parvient à contrôler Edouard Baer qui joue la comédie du début à la fin, sans jamais cabotiner une seule seconde (ou juste ce qu’il faut). Il donne la pleine mesure de son talent, ce qui n’est pas peu dire. On peut dire la même chose de Ramzy Bedia dont l’aura de sympathie est indéniable. Au final, la Lutte des Classes livre un propos d’une profondeur bien supérieure à ce que laisse penser son statut de comédie. Le film certes rire, mais donne beaucoup à réfléchir aussi. Un mélange détonnant mais salutaire.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : Karé Productions, UGC Images, Orange Studio, France 2 Cinéma, Scope Pictures
Distribution : UGC Distribution
Réalisation : Michel Leclerc
Scénario : Michel Leclerc, Baya Kasmi
Montage : Christel Dewynter
Photo : Alexis Kavyrchine
Décors : Mathieu Menut
Musique : Guillaume Atlan
Maquillage : Emma Franco
Durée : 103 min
Casting :
Leïla Bekhti : Sofia
Edouard Baer : Paul
Ramzy Bedia : Bensallah
Tom Levy : Corentin « Coco