Monstres sacrés, voici une expression un peu étrange. Mais elle convient relativement bien pour parler de la place qu’occupent Catherine Deneuve et Juliette Binoche dans le cinéma français. Les voir réunies à l’écran à de quoi réjouir tous les cinéphiles. Malheureusement, les meilleures actrices du monde ne peuvent pas donner à elles seules de l’intérêt à un film. La preuve avec la Vérité qui livre une réflexion bancale et sans grand intérêt sur la famille et en particulier les relations mère-fille. Mais faute de crédibilité, on s’ennuie ferme.
Livrer un film aussi centré sur ses personnages que la Vérité avec des protagonistes aussi peu enclins à faire naître la moindre empathie chez le spectateur représentait un pari risqué. Il est clairement perdu. Jamais aucun attachement ne naît pour ces deux femmes qui ont vraiment des problèmes de riches comme l’on dit. Et ce n’est pas cette histoire de troisième femme décédée il y a longtemps qui va apporter la moindre émotion supplémentaire. Cela apparaît comme totalement artificiel et absolument pas convaincant. Les rapports entre les personnages ont effectivement une certaine complexité qui aurait pu donner de la profondeur à la réflexion, mais on n’a pas grand chose à faire des états d’âme des uns et des autres.
Catherine Deneuve et Juliette Binoche livre une prestation à la hauteur de leur talent, mais sans vraiment non plus sublimer leurs personnages respectifs. La tâche s’avérait ardue de toute façon, mais on les sent mollement motivées pour réellement essayer. Au final, c’est la jeune Manon Clavel et la très jeune Clémentine Grenier qui nous ravissent vraiment et apportent une vraie touche de sincérité dans la Vérité. La réalisation de Kore-Eda Hirokazu n’est pas dénuée d’élégance et aurait pu vraiment séduire, si elle avait été au service d’un propos réellement intéressant. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que ce dernier est loin d’être à la hauteur de son casting.
LA NOTE : 08/20
Fiche technique : Production : 3B Productions Distribution : Le Pacte Réalisation : Kore-Eda Hirokazu Scénario : Kore-Eda Hirokazu Montage : Kore-Eda Hirokazu Photo : Eric Gautier Musique : Alexeï Aïgui Directeur artistique : Riton Dupire-Clément Durée : 107 min