Quand la santé mentale de quelqu’un devient défaillante, jusqu’à adopter des comportements dangereux, on peut s’interroger pour savoir qui devra être qualifiée de victime. Celui qui « pète les plombs » ou ses proches qui en subissent les conséquences ? Ceci forme le cœur du sujet de les Intranquilles, un film sur la manière dont la bipolarité vient rendre impossible la vie d’un couple et leur enfant. Sur la manière surtout où certaines forces irrésistibles peuvent conduire certains à faire du mal à ceux qu’ils aiment pourtant de toutes leurs forces.
Les Intranquilles est un triple portrait. Un quadruple portrait en fait. En effet, ici la maladie est presque un personnage à part entière. Ou plutôt, elle forme une part de chaque personnage, tant elle marque leur vie, leur quotidien, leurs peurs et leurs espoirs. A mesure qu’elle se renforce chez celui qui en souffre, plus elle prend de la place, jusqu’à prendre toute la place. Le sujet est ici traité avec beaucoup de force et sans détour. La maladie et ses conséquences planent sur chaque scène, créant une tension permanente. La même tension qui fait de la vie de la jeune femme un enfer sans aucun moment possible de repos ou de relâchement.
Les Intranquilles reposant largement sur ses personnages, il offre de très beaux rôles à toute la distribution. Leïla Bekhti livre ici une magnifique prestation, de celles qui peuvent valoir un César. Damien Bonnard est vraiment convaincant aussi bien dans le calme que dans la tempête et permet au propos d’être crédible et convaincant. Enfin le très jeune Gabriel Merz Chammah contribue aussi largement à la réussite de ce film. Joachim Lafosse nous offre ici une œuvre vraiment aboutie et forte. Son sens de la narration et sa capacité à mettre en lumière ses comédiens font qu’il mérite lui aussi de figurer au tableau d’honneur.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Réalisation : Joachim Lafosse
Scénario : Joachim Lafosse, Anne-Lise Morin, Juliette Goudot, François Pirot, Lou Du Pontavice, Chloé Léonil, et Pablo Guarise
Musique : Olafur Arnalds, Antoine Bodson
Direction artistique : Jennifer Chabaudie
Décors : Matthieu Guy
Costumes : Pascaline Chavanne
Photographie : Jean-François Hensgens
Son : Dirk Bombey
Montage : Marie-Hélène Dozo
Durée : 119 minutes
Casting :
Leïla Bekhti : Leïla
Damien Bonnard : Damien
Gabriel Merz Chammah : Amine
Patrick Descamps : Patrick
Jules Waringo : Jérôme
Alexandre Gavras : Serge
Joël Delsaut : André
Dani Iffard-Stettner : Léa
Larisa Faber : la boulangère