LE RUBAN BLANC : Aux racines du mal

lerubanblancafficheIl y’a des films qui laissent une impression quelque peu bizarre. On a vraiment la sensation d’avoir assisté à un vrai bon moment de cinéma, mais sans pour autant ressentir l’enthousiasme qui aurait du naître de celle-ci. Ca m’est arrivé plusieurs fois avec Tigre et Dragon ou encore Kill Bill par exemple. Et bien ce fut encore le cas avec le Ruban Blanc, Palme d’Or au dernier Festival de Cannes.A la veille de la première guerre mondiale, un village du Nord de l’Allemagne vit dans la crainte du baron local et du pasteur. C’est un monde fermé et austère. Mais un jour, une série d’évènements vient bousculer ce quotidien qui semblait pourtant immuable. Tout commence par un accident de cheval, provoqué par un câble qui semble avoir été tendu à dessein. Mais très vite, d’autres incidents surviennent.

A chaque Palme d’Or se pose toujours la même et éternelle question : est-elle méritée ? Mon introduction pourrait donner à penser que je serai plutôt enclin à répondre par la négative. Pourtant, je dois admettre que le Ruban Blanc ne dépareille pas dans ce prestigieux palmarès. Comme je l’ai dit, ce qui m’a manqué c’est un enthousiasme subjectif et personnel qui m’a manqué et cela n’enlève rien aux qualités objectifs et cinématographiques de ce film.

Le but du Ruban Blanc est d’explorer les racines qui ont pu conduire la société allemande à basculer dans le nazisme. Comment la rigidité sociétale a fait naître une violence refoulée chez toute une génération. La démonstration est plutôt convaincante, terrifiante même parfois. Certains personnages sont vraiment dérangeants dans leurs bonnes intentions destructrices. On retiendra notamment un discours culpabilisant du pasteur à son fils sur la masturbation. Un portrait donc sans concession d’une société viciée dont on sent la chute inéluctable.

lerubanblancLe Ruban Blanc est également visuellement remarquable. Le choix du noir et blanc renvoie évidemment à l’austérité qu’il souhaite décrire. Mais ce choix n’aurait pas été réellement pertinent sans une photographie parfaitement maîtrisée. Michael Haneke n’est cependant pas n’importe qui et le pari est parfaitement réussi. Le travail sur la lumière renforce l’impression d’oppression que ce film peut parfois nous faire ressentir.

Mais alors que manque-t-il à ce film ? Peut-être un fil narratif un peu plus accrochant. L’intérêt du Ruban Blanc tient essentiellement sur la description qu’il nous offre, beaucoup moins sur l’intrigue proprement dite. De plus, les personnages sont beaucoup trop antipathiques pour qu’on puisse s’y attacher. Certes, l’instituteur, qui tient lieu de narrateur, est l’élément qui tente d’échapper à ce monde si renfermé sur lui-même. Mais j’avoue ne pas avoir ressenti une affection très forte pour ce dernier. Et je pense que, de là, c’est le film dans sa globalité qui ne m’a pas touché comme il aurait du.

Le Ruban Blanc est donc un film à l’intérêt indéniable, aussi bien sur la forme que sur le fond. Son sujet grave et austère pourra en rebuter certains, mais il n’en demeure pas moins une œuvre remarquable.

FIche technique :
Production : Les films du Losange, X Filme creative, France 3 cinéma, Wega film, Lucky Red
Réalisation : Michael Haneke
Scénario : Michael Haneke
Montage : Monika Willi
Photo : Christian Berger
Format : 1.85
Décors : Christoph Kanter
Distribution : Les films du losange
Son : Guillaume Sciama, Jean-Pierre Laforce
Durée : 145 mn

Casting :
Susanne Lothar : la sage femme
Ulrich Tukur : Le baron
Leonie Benesch : Eva
Ernst Jacobi : Le narrateur
Christian Fridel : l instituteur 

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