A L’ORIGINE : Le scarabée, l’autoroute, l’escroc

alorigineafficheScarabée pique-prune, mon amour ! Ok, là vous vous dîtes de quoi il nous parle, il a encore bu, ça se voit… Je pourrais effectivement vous parler de la monographie que j’ai écrite à son sujet en première année de l’Agro. Mais je vais vous parler plutôt du film « A l’Origine ». Quel est le rapport entre les deux me direz-vous ? Et bien il faut savoir que la présence de ce sympathique insecte a bloqué pendant de longues années la construction de l’autoroute entre Le Mans et Tours. Et ceci fut à l’origine d’une histoire assez incroyable, adaptée à l’écran ici par Xavier Giannoli.

Philippe Miller est un escroc sans envergure. Il repère les chantiers, se fait passer pour un responsable logistique des sociétés qui en ont la charge et revend le matériel qu’il a loué en leur nom. Un jour, dans le Nord, il repère un chantier abandonné. C’est celui d’une autoroute qui attend depuis deux ans d’être construite. Très vite, la nouvelle de sa présence se répand dans la petite ville d’à côté, où le chômage règne et où la population espère que le chantier va reprendre. Très vite, il se voit proposer des dessous de table. Il profite de l’aubaine mais va très vite être dépassé par l’ampleur de ce qu’il a provoqué.

Plus c’est gros, plus ça passe. Il s’agit bien entendu là d’un lieu commun, mais qui se vérifie avec une étonnante fiabilité. Le problème avec A l’Origine, c’est que ça ne passe pas du tout. Enfin de mon point de vue en tout cas. Que cela soit une histoire vraie, que cela ait vraiment pu se produire, cela est tout à fait concevable malgré l’énormité de la chose. Mais que cela soit provoqué par ce pauvre type avec ses yeux de chien battu, j’ai eu beau essayé, je n’y ai pas cru une seule seconde.

Ce n’est pas le talent de François Cluzet qui est en cause. Au contraire, sa performance est ici en tout point remarquable. Non, le coupable est pour moi Xavier Giannoli qui a donné une personnalité peu crédible à son personnage. Certes, il paraît qu’il s’est efforcé de recréer les évènements au plus près de la réalité en impliquant les vrais protagonistes dans l’écriture du scénario. Cependant, ceci ne rentre guère en ligne de compte quand vous êtes dans votre fauteuil en position de spectateur et que vous restez excessivement sceptique. J’avais peut-être tort de l’être, mais il n’empêche que je l’étais et que cela a considérablement nuit au plaisir que j’aurais pu prendre à la vision de A l’Origine.

alorigineEt comme le film dure tout de même 2h10, vous imaginez bien que j’ai trouvé le temps quelque peu longuet. Une histoire qui aurait pu être passionnante et fascinante, à l’instar de L’Adversaire, mais qui donne ici l’impression de s’étirer désespérément en longueur. Le parallèle entre les deux films est évident, avec ce même basculement dans une folie provoquée par une vie de mensonges, desquels on ne peut tellement plus sortir et qu’on finit par être obligé de croire soi-même. Evidemment, tout cela finit mal, mais, dans A l’Origine, le dénouement sonne surtout comme une libération pour le spectateur.

Mais je tiens vraiment à préciser qu’il s’agit là d’une vision toute personnelle. Si vous arrivez à vraiment y croire et à rentrer totalement dans cette histoire, ce film pourra vous enthousiasmer. Car ses qualités purement cinématographiques sont indéniables. J’ai déjà évoqué le casting. Mais François Cluzet n’est pas seul. Il est notamment accompagné d’Emmanuelle Devos, dont le seul nom doit suffire à donner envie aux cinéphiles avertis. A côté de ça, le travail de réalisation et de photographie est vraiment remarquable. Vous pensiez qu’il n’y avait aucune poésie, aucune dimension épique dans le BTP et bien certains images de A l’Origine pourraient vous convaincre du contraire.

A l’Origine est donc un film que je n’ai pas aimé. Mais ce sentiment pourrait bien ne pas être partagé par tout le monde.

Fiche technique :
Production : Rectangle productions, Euuropacorp, Studio 37, France 3 cinéma
Réalisation : Xavier Giannoli
Scénario : Xavier Giannoli
Montage : Celia Lafitedupont
Photo : Glynn Speeckaert
Décors : François-Renaud Labarthe
Distribution : Europacorp distribution
Musique : Cliff Martinez
Durée : 155 mn

Casting :
François Cluzet : Paul, Philippe Miller
Emmanuelle Devos : Stéphane, la Maire
Gérard Depardieu : Abel
Vincent Rottiers : Nicolas
Brice Fournier : Louis
Soko : Monika 

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