
En 2012, les neutrinos ayant muté (oui, je sais, tous les gens ayant un minimum de notions de physique des particules sont déjà morts de rire), le manteau terrestre voit sa température monter en flèche. Tout cela ne pourra aboutir qu’à la dislocation de l’écorce terrestre et entraîner la fin du monde. Heureusement, un scientifique s’en aperçoit et les grands de ce monde préparent leur survie dans le plus grand secret.
Dans 2012, ils sont de retour ! Mais de qui donc est-ce que je parle ? Je vous sens fébriles tout à coup, le cœur étreint par une angoisse sans borne. Et bien, oui, ils vous avaient manqué, mais les revoilà… Je veux évidemment parler du Président des Etats-Unis… et du chien ! Car il y’a une constance dans le cinéma de Roland Emmerich, le Président des Etats-Unis (noir dans ce film… faut bien coller à l’actualité) est un héros qui met les mains dans le cambouis et le chien finit le film sain et sauf. Pour le chien, franchement, je suis désormais persuadé que c’est une private joke du réalisateur avec lui-même, ce n’est pas possible autrement. Car à chaque fois, ce n’est pas qu’un détail de deux secondes, mais il y’a une vraie mise en scène du sauvetage du chien…
Par contre, le chirurgien esthétique peut mourir, on s’en fout. Bon, ce n’est pas tant qu’il soit chirurgien esthétique qui pose problème. C’est que ce con avait eu la mauvaise idée de se mettre en ménage avec l’ancienne femme du héros et ses deux enfants. Comme à peine huit secondes après leur apparition, le spectateur est déjà persuadé que l’ancien couple va finir le film à nouveau amoureux comme au premier jour (bah oui, c’est quand même mieux pour les enfants), il se dit que le chirurgien va bien devoir disparaître d’une façon ou d’une autre. Il ne survivra pas, contrairement au chien. Mais bon, vue la réaction de sa copine quand elle apprend sa mort, trente secondes avant de rouler un patin à son ex-mari, il fait bien de quitter ce monde injuste. Il n’avait qu’à être un chien, plutôt qu’un chirurgien s’il voulait survivre !
Dans la carrière de Roland Emmerich, il y’avait eu un seul moment de cinéma. Très court, mais un vrai moment de grâce. Un plan, au début du Jour d’Après, où des oiseaux de mer survolaient New York, annonçant la catastrophe à venir. Et bien dans 2012, il y’a exactement le même plan… mais au-dessus de la Californie. Faut quand même varier un peu les plaisirs. C’était plutôt bien joué d’essayer de replacer, comme ça, mine de rien, le seul truc qu’on a réussi dans sa vie. Sauf que bon, ça se voit trop pour que la magie opère une seconde fois.
Allez, soyons gentils, il y’a bien des moments de bonheur dans 2012… Comme je suis généreux ce soir, j’en reconnaîtrai un. Quand la Coupole du Vatican écrase la foule… Pas de chance, vous l’avez déjà vu 36 fois dans la bande-annonce à laquelle vous n’avez pu échapper vu le battage médiatique autour de cette m… , pardon, de ce film. Bon, par contre, la destruction de la Maison Blanche (et par la même occasion du Président des Etats-Unis, couvert de cendres, seul debout, au milieu des morts et des blessés… Si, si, relisez bien, ça se passe exactement comment je le décrits) par un tsunami qui traîne avec lui un porte-avion aurait pu déchaîner l’enthousiasme. Mais comme Roland Emmerich a déjà été le premier à faire sauter la Maison Blanche dans Independance Day, on est limite blasé. Je sais, la détruire à coups de porte-avions, c’est plus original qu’à coups de rayons laser sortant d’un vaisseau extra-terrestre. Mais que voulez-vous, je suis impitoyable parfois.

2012 est la parodie ultime du blockbuster hollywoodien. Il n’y a pas un seul moment où les choses ne se passent pas comme on peut s’y attendre pour une grosse production américaine. Roland Emmerich n’est pas un être humain. Sa personnalité a disparu pour devenir une usine à poncifs. On lui créditera tout de même un majeur tendu, le seul moment du film où il s’est laissé aller… Les producteurs et l’Amérique profonde doivent en être encore sous le choc…
Dans le cinéma français, nous avons Eric et Ramzy dont je vais voir tous les films en me disant « j’ai détesté tous ceux d’avant mais peut-être que celui-là sera mieux… ce qui n’est évidemment jamais le cas ». Le cinéma mondial a Roland Emmerich. Que ce type se voit confier des millions de dollars pour chacune de ses productions est proprement scandaleux. Je ne vais pas affirmer qu’on devrait mieux les consacrer à la lutte contre la faim dans le monde, parce que si on va par là, c’est, au fond, vrai de tous les films. Mais, simplement, avec le budget de 2012, on aurait pu faire bosser 10 réalisateurs talentueux. Cet argent a malheureusement été confié au seul réalisateur qui ne semble pas aimer le cinéma et qui préfère l’assassiner à chacun de ses films.
2012 est un crime contre le cinéma. Et Roland Emmerich est le coupable…
Fiche technique :
Production : Centropolis, Columbia pictues
Distribution : Sony Pictures Releasing France
Réalisation : Roland Emmerich
Scénario : Roland Emmerich, Harald Kloser
Montage : David Brenner, Peter S. Elliot
Photo : Dean Semler
Décors : Barry Chusid
Musique : Harald Kloser, Thomas Wander
Durée : 158 mn
Casting :
John Cusack : Jackson Curtis
Chiwetel Ejiofor : Adrian Helmsley
Amanda Peet : Kate Curtis
Olivier Platt : Carl Anheuser
Thandie Newton : Laura Wilson
Danny Glover : Le Président Charlie Wilson
Woody Harrelson : Charlie Frost