
En 1838, Thomas Hutter, le jeune assistant d’un agent immobilier est envoyé en Transylvanie chez le Comte Orlok pour lui vendre une propriété. Il s’avère très vite que ce dernier n’est pas vraiment un humain, mais un vampire…
Je ne vais pas épiloguer 107 ans sur le synopsis, tout le monde l’aura reconnu, il s’agit d’un adaptation du Dracula de Bram Stoker. Mais des 1922, les histoires de gros sous gouvernaient le cinéma. La veuve de l’écrivain ayant refusé de céder les droits de l’œuvre à Murnau, elle le força à modifier le titre de son œuvre en Nosferatu. Mais à part, les différences dans les lieux et les noms, l’adaptation est relativement fidèle. La parenté avec la version de Coppola est d’ailleurs évidente, ces deux films étaient les deux seuls vraiment proches du roman original.
Film muet et en noir et blanc, Nosferatu est à la fois terriblement archaïque et incroyablement moderne. Archaïque par le jeu des acteurs typique du cinéma muet. Les visages sont hyper expressifs, pour compenser l’absence de dialogues. Cela peut prêter un peu à sourire avec le recul des décennies, mais c’était alors la norme. Au lieu de rire, on ferait mieux de penser que bien des éléments des films d’aujourd’hui feront rire nos arrière-petits-enfants.
La modernité vient de tous les éléments que l’on continue de retrouver dans les films d’horreur ou fantastique. L’ambiance oppressante est crée de manière très indirecte, l’inquiétante présence du conte Orlok suffisant à transformer n’importe quel élément à première vue anodin en vecteur d’angoisse. Nosferatu nous permet de mieux comprendre d’où est né le cinéma de Sam Raimi. La dimension sexuelle est-elle aussi évidente, même si elle est quelque peu métaphorique. Mais c’est depuis ce film, que les réalisateurs de films d’horreur s’amusent à mettre en scène des femmes au corps de rêve et généralement court vêtues. Certes, la chaire se découvre beaucoup plus aujourd’hui, mais l’omniprésence d’une sexualité refoulée dans le rapport victime-boureau (ou vampire, ou serial killer…) reste la même.

Juger la qualité d’un tel film est un exercice délicat. Il ne peut être évidemment juger avec les critères d’aujourd’hui. Cependant, si voir ce film est indispensable à tout cinéphile, je dois tout de même lui reconnaître un aspect moins intemporel que Metropolis ou le cinéma de Chaplin. Nosferatu a vieilli… mais à 87 ans, on peut aisément lui pardonner.
Nosferatu est un vrai moment d’histoire du cinéma, un tournant dont nous vivons encore les conséquences.
Fiche technique :
Titre original : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens
Scénario : Henrik Galeen, d’après le roman de Bram Stoker Dracula
Photographie : Fritz Arno Wagner
Décors et costumes : Albin Grau
Musique (selon version) : Hans Herdmann, P. Schirmann[1]
Production : Prana Film Berlin GmbH
Genre : Horreur
5 actes
Format : N&B – 1,33:1
Durée : 72 min
Première : 6 août 1922
Casting :
Max Schreck : le comte Orlock, Nosferatu
Alexander Granach : Knock
Gustav von Wangenheim : Thomas Hutter
Greta Schroeder : Ellen
Georg H. Schnell : Harding
Ruth Landshoff : La sœur d’Harding
John Gottowt : Le professeur Bextrait