ESTHER : C’est avec les vieux ressorts qu’on fait les meilleurs matelas

estherafficheCertains genres cinématographiques utilisent plus ou moins toujours les mêmes ficelles. Le « ils se détestent, il s’aimeront » des comédies romantiques, le « tout l’accuse, mais en fait ce n’est pas lui le coupable » des films de procès et bien sûr le « il a l’air gentil comme ça, mais il va tous les tuer » des films à suspens. C’est dans cette dernière catégorie que rentre Esther, un film sans vraiment de surprises mais qui vous fera sursauter plus d’une fois.

Les Coleman, après avoir perdu leur troisième enfant à la naissance, décide d’adopter une petite fille dans un orphelinat. Elle se prénomme Esther et semble être la petite fille idéale et modèle. J’ai bien dit semble…

On est dans donc dans un schéma très classique dans ce genre de film. Un tiers arrive dans une famille, manipule ses membres pour le faire se dresser les un contre les autres. Un d’entre eux s’en aperçoit, personne le croit et se retrouve exclu, laissant le champs libre à l’élément extérieur qui peut poursuivre son noir dessin à loisir. Que, dans ce film, celui-ci prenne les traits d’une petite fille de dix ans n’est pas non plus révolutionnaire. D’ailleurs, sans forcément donner dans le genre suspens-horreur, le thème de l’enfant machiavélique et manipulateur reste un grand classique (cf. Desperate Housewives par exemple).

A côté de ça, le réalisateur se débrouille pour créer une tension permanente rendant les moments les plus anodins terrifiants. Non n’ouvre pas ce placard, y’a sûrement un serial killer derrière… Mais elle l’ouvre quand même, on sursaute… et on découvre des fringues… Dans Esther, c’est exactement ce qui se passe, avec une mention spéciale pour un plan où des enfants traversent le champs en riant et qui ont fait sursauter toute la salle…alors que le personnage d’Esther n’était toujours pas apparu à l ‘écran. Car ce qui terrifie vraiment, ce n’est jamais ce qui se passe, mais ce que l’on sent qui pourrait se passer. Après, tout le jeu est de surprendre le spectateur en prenant à revers ses prédictions.

estherEsther fonctionne donc avec des ressorts tout ce qu’il y’a de plus usés. Mais voilà, cela n’empêche pas du tout une seule seconde le film de fonctionner à la perfection. On a beau faire le fier, on tremble et on sursaute comme tout le monde ! Car Esther est réalisé avec beaucoup plus de moyens et de talents que les séries B habituelles du genre. Et ceci à tous les niveaux : réalisation, photographie, casting… Ceci combiné à de l’intelligence, du rythme et de densité, on assiste donc à un film de genre certes, mais d’excellente facture !

On ne pourra que saluer la prestation hallucinante de la jeune Isabelle Fuhrman. Personnellement, je ne sais pas si j’autoriserais ma fille de 12 ans de jouer un tel rôle, combien même le film aurait été réalisé par Stanley Kubrick. Ce n’est pas que le film soit gore, loin de là, mais le rôle demande quand même une énorme maturité pour jouer un monstre aussi cynique et… Bon je m’arrête là parce que je risque de dévoiler le retournement de situation qui, vous vous en doutez, ne manque pas d’arriver ! En tout cas, c’est le genre de rôle qui peut vous marquer pour la vie, surtout en pleine adolescence… mais bon ceci est un autre débat.

Esther est donc à conseiller à tous les fans du genre. Mais aussi à ceux qui apprécient ce genre de film à l’occasion. Esther peut justement être une très bonne occasion…

Fiche technique :
Realisateur : Jaume Collet-Serra
Scénariste : David Leslie Johnson et Alex Mace
Compositeur John Ottman
Directeur de la photographie Jeff Cutter
Monteur Timothy Alverson
Directeur du casting Ronnie Yeskel
Chef décorateur Tom Meyer
Directeur artistique Michele Laliberte

Casting :
Kate Coleman : Vera Farmiga
John Coleman : Peter Sarsgaard
Esther : Isabelle Fuhrman
Soeur Abigail : CCH Pounder

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