UNE EXECUTION ORDINAIRE : Un film bien ordinaire

uneexecutionordinaireafficheParfois, le cinéma français se contente de peu. J’ai malheureusement envie de dire souvent, trop souvent. Mais malgré cela, une bonne partie des critiques crient tout de même au génie. C’est exactement mon sentiment avec Une Exécution Ordinaire, dont les qualités sont indéniables, mais qui manque de souffle cinématographique.

En 1952, Anna est une médecin que beaucoup connaissent pour ses qualités de magnétiseur et sa capacité à soulager la douleur. Mais ce genre de pratique est mal vu du pouvoir et elle est à la merci d’une dénonciation. Un jour, la police vient la chercher. Mais la destination est inattendue puisque c’est au Kremlin qu’on l’emmène, à la demande de Staline en personne. Mais un Staline vieillissant, prêt à tout pour échapper aux douleurs qui l’assaillent. Cependant, un secret absolu est exigé et il n’hésitera pas à demander à Anna les plus grands des sacrifices.

Une Exécution Ordinaire est un vrai faux grand rôle. Bien sûr, André Dussolier est plutôt convainquant en Staline et pas uniquement grâce au travail assez fabuleux de maquillage. Mais voilà, l’ambition réelle qui habite Marc Dugain tourne vite à la caricature. Les réflexions qu’il prête à Staline sur sa condition de dictateur sont censés apporter un éclairage nouveau sur ce personnage historique complexe, mais ressemble parfois à des tirades d’un mauvais space-opera. Je sais que certains ne seront pas du tout d’accord, mais personnellement, c’est un peu l’impression que ça m’a donné.

Et puis, le vrai problème de Une Exécution Ordinaire, c’est que le numéro d’acteur de André Dussolier écrase tellement le film qu’il fait passer au second plan l’histoire d’Anna, alors que c’est en principe le cœur de l’histoire. Il faut savoir qu’à l’origine, le film est tiré d’un livre de Marc Dugain lui-même dont cette histoire n’est qu’une des sept parties. Cet ouvrage retrace l’histoire et l’évolution de la Russie de la mort de Staline à nos jours. Cette mise en perspective des évènements est donc totalement absente et cela retire une large partie de l’intérêt de la dimension politique de ce film. Du coup, cette dernière nuit beaucoup plus à l’intrigue principale qu’elle ne l’enrichit.

Un reproche qu’on ne pourra pas faire à une Exécution Ordinaire est d’avoir bâclé le travail de reconstitution. J’ai déjà évoqué le maquillage, mais les costumes et les décors sont eux-aussi remarquables. Mais à côté de ça, Marc Dugain, pour son premier film, manque un petit peu d’imagination derrière la caméra. La sobriété est parfois une vertu, mais ici, elle contribue à l’impression générale que tout est basé sur la prestation d’André Dussolier pour ce qui est de l’aspect artistique. Pourtant, il n’y aurait rien eu de contradictoire avec un travail plus intéressant de mise en scène.

uneexecutionordinaireLe casting aurait pu être également un atout. En dehors d’André Dussolier, Marina Hands livre ici une performance remarquable, même si on peut la trouver un peu timide dans son expression. Les apparitions de Tom Novembre et Denis Podalydès sont également réjouissantes. Par contre, le choix d’Edouard Baer pour interpréter le mari est pour moi une erreur de casting. Malgré tout son talent et une prestation tout en retenue, il n’arrive pas à nous faire croire qu’il est un physicien russe des années 50. Peut-être parce qu’il est encore trop inconsciemment marqué par son registre habituel pour être vraiment crédible dans des rôles plus sérieux.

Un André Dussolier nous livrant un vrai numéro d’acteurs et un contexte tout de même intéressant ne sont malheureusement pas suffisant pour faire de Une Exécution Ordinaire autre chose qu’un film bien ordinaire.

Fiche technique :
Production : F comme film, Studiocanal, France 3 cinéma
Distribution : StudioCanal
Réalisation : Marc Dugain
Scénario : Marc Dugain d’après son propre livre
Montage : Fabrice Rouaud
Photo : Yves Angelo
Décors : Yves Fournier
Son : Pierre Gamet, Sylvain Malbrant
Durée : 105 mn

Casting :
Marina Hands : Anna
André Dussollier : Staline
Edouard Baer : Vassili
Denis Podalydès : Le concierge
Tom Novembre : Le directeur de l hôpital
Grégory Gadebois : le chef de service 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *