NINE : On ne peut pas non plus faire Chicago à chaque fois

NineafficheAvant de vous parler de Nine, je vais vous parler de… Chicago. Vous n’êtes pas sans ignorer (en fait si, mais bon, j’aime imaginer que j’ai des hordes de fans) que c’est un de mes films préférés. C’est surtout un des plus beaux souvenirs cinématographiques. J’y avais été sans même savoir qu’il s’agissait d’une comédie musicale et cela avait constitué une des meilleures surprises de mon existence, que je m’étais empressé d’aller revoir. C’est donc avec la plus grande impatience que j’attendais Nine, la nouvelle comédie musicale de Rob Marshall.

Guido Contini est la star des réalisateurs du cinéma italien des années 60. Ses deux derniers films ont été des flops, mais le prochain s’annonce somptueux. A une semaine du début du tournage, les médias, le producteur, la costumière, tout le monde est sur le pont. Le casting se dessine… Mais voilà, personne ne sait de quoi ce film va bien pouvoir parler pour la simple bonne raison que son réalisateur n’a pas écrit une seule ligne du scénario. Va-t-il trouver son inspiration dans toutes les femmes (nombreuses) qui ont marqué sa vie ?

Disons le tout net, si Chicago était de l’alcool, Nine, c’est du Canada Dry. Ca a le goût, la couleur…enfin dans la pub… ou plutôt ici dans la bande-annonce. Car en vrai, ça n’a vraiment rien à voir. Enfin, ça essaye bien, ça aimerait bien, mais ça n’y arrive pas. Glamour, paillettes, costumes superbes, magnifiques acteurs, décors grandioses, les mêmes ingrédients sont là, mais cette fois, la recette est nettement moins relevée. A trop vouloir s’imiter, Rob Marshall a perdu le minimum de créativité qui fait les œuvres exceptionnelles.

Nine en est tant pour autant mauvais ? Non, pas vraiment, mais sûrement pas à la hauteur des moyens qu’il met en œuvre. Le scénario est plutôt mince et sert uniquement de prétexte à introduire les diverses personnages féminins. L’usage de flash-backs notamment, censés éclairer les origines de la personnalité de Guido, est une ficelle plutôt grosse pour avoir la chance d’admirer Fergie en prostitué sexy en diable… Mais remarquez, pour le coup, on n’en voudra pas trop à Rob Marshall.

Le fil rouge principal que constitue sa relation avec son épouse, interprétée par notre Mario Cotillard nationale, ne réveille pas non plus chez le spectateur un intérêt trépidant. Les personnages n’arrivent pas à inspirer la sympathie qu’ils cherchent à provoquer. Certains sont mêmes plutôt horripilants, notamment celui de Penelope Cruz, à qui on a parfois envie de donner une paire de claques (entre autres choses).

Musicalement aussi, le film est décevant. Les chansons sont dans la pure tradition des comédies musicales hollywoodiennes, mais sans grande imagination. Là encore, c’est propre carré, mais cela n’éveille jamais vraiment l’enthousiasme. On notera tout de même le petit numéro sexy de Fergie et on regardera avec curiosité Judi Dench essayer de nous faire croire qu’elle est française… Quand elle parle anglais, on peut prendre son imitation d’accent pour véridique. Evidemment, quand elle parle notre langue, cela le fait nettement moins !

nineNine permet de se rendre compte que même au milieu d’un si prestigieux casting, il y’a parfois des actrices encore au-dessus. Dans la scène d’introduction, on voit les personnages féminins entrer en scène les unes après les autres. En quelques pas, même en ombre chinoise, on se rend compte qu’il y’a Nicole Kidman et les autres. Même sa simple silhouette dégage un charme et une aura incomparables. Par contre, Sophia Loren nous permettra simplement de nous rendre compte que la chirurgie esthétique n’est pas encore synonyme de perfection.

Enfin un petit mot sur Daniel Day-Lewis, le personnage principal de ce film. Evidemment, avec un tel talent que le sien, il ne peut pas être foncièrement mauvais. Mais voilà, il n’est que trop peu mis en valeur, pris dans une frénésie qui ne nous laisse pas vraiment le temps de faire sa connaissance. Son personnage de salaud sympathique, incapable de résister aux charmes féminins, est trop caricatural pour être vraiment intéressant. Il donne bien tout ce qu’il a, mais même ça, ce n’est pas totalement suffisant pour sauver Nine du statut de film à moitié raté.

Nine est donc une vraie déception. Une comédie musicale scintillante mais sans véritable âme. Un divertissement sans magie.

Fiche technique :
Production : The Weinstein Company, Relativity Media, Marc Platt Productions, Lucamar, Cattleya
Distribution : SND
Réalisation : Rob Marshall
Scénario : Michael Tolkin, Anthony Minghella, d’après la comédie musicale Nine de Maury Yeston
Montage : Claire Simpson, Wyatt Smith
Photo : Dion Beebe
Décors : John Myrhe
Musique : Maury Yeston
Costumes : Colleen Atwood
Durée : 118 mn

Casting :
Daniel Day-Lewis : Guido Contini
Nicole Kidman : Claudia
Marion Cotillard : Luisa Contini
Penelope Cruz : Carla
Judi Dench : Lilli
Sophia Loren : Mamma
Kate Hudson : Stephanie
Fergie : Saraghina
Ricky Tognazzi : Dante

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