LE MYSTERE DE CALLANDER SQUARE (Anne Perry) : Le charme s’est évaporé

lemysteredecalladersquareAprès un pilote réussi, il est toujours difficile de confirmer les espoirs que l’on a suscité. Cela est évidemment vrai à la télévision. Mais ça peut l’être aussi dans votre bibliothèque. Le Mystère de Callander Square est le second épisode des aventures de l’Inspecteur Pitt et de sa femme Charlotte, qui possède une faculté impressionnante à aller fouiner derrière le dos de son mari. Malheureusement, beaucoup d’éléments qui faisaient le charme de L’Etrangleur de Cater Street, le premier volet de la série, manquent cette fois-ci à l’appel.

Deux cadavres de nourrissons sont retrouvés dans un jardin d’un quartier huppé de Londres. Pour la bourgeoisie locale, il doit s’agir d’une domestique s’étant débarrassée d’enfants indésirés. Bref, pas de quoi fouetter un chat persan. Elle va donc vite être quelque peu exaspérée par la présence de l’Inspecteur Pitt qui va venir fouiner dans les petites histoires pas toujours très avouables de tous ces braves gens.

Une Anglaise qui écrit des romans policiers au charme victorien, ça ne vous rappelle rien ? Anne Perry se situe dans la droite parenté d’Agatha Christie. Les Britanniques forment un peuple de traditions et ce style littéraire fait incontestablement partie de leur héritage culturel. Il n’y a donc aucune surprise à ce niveau là dans Le Mystère de Callander Square. Les fans apprécieront donc.

L’Etrangleur de Cater Street était un roman véritablement charmant par le jeu de séduction entre l’Inspecteur Pitt et Charlotte, aux caractères très dissemblables. Désormais, ils sont mariés, leurs sentiments assumés, le ressort est donc épuisé… Mais il manque cruellement car c’est lui qui provoquait l’affection envers les protagonistes et apportait une touche d’humour délicieuse. Bref, il faisait la personnalité du tome précédent. Le Mystère de Callander Square en manque quelque peu.

Le principal intérêt de le Mystère de Callander Square réside dans la description de la haute société britannique de la fin du XIXème siècle. Et surtout de son hypocrisie ! Cependant, le filon est mal exploité car le lien avec l’enquête ne se fait qu’à moitié. Le livre manque en fait considérablement de suspense. Ce n’est pas tant que l’on sache d’avance qui est le coupable, c’est juste que l’on ne soupçonne personne. Bien sûr des perches sont tendues pour faire le lien entre les petits secrets de chacun et les meurtres… sauf que l’on n’y croit pas une seule seconde. Contrairement à un Agatha Christie, les protagonistes ne nous apparaissent pas successivement comme des coupables en puissance.

Du coup, tout ce qui nous ai raconté tient de l’anecdotique. Bien sûr à la fin, l’Inspecteur Pitt trouvera qui est à l’origine de tout ça, mais ça n’a presque rien à voir avec tout ce qui a été raconté avant. On se dit « ah tiens, c’est lui… ». Et pour tout vous dire, on s’en tamponne un peu le coquillard. Mon dieu, ce que je peux être grossier ! C’est dommage car le style d’Anne Perry est léger et agréable. A ce niveau-là au moins, elle peut soutenir la comparaison avec sa glorieuse prédécesseur.

Je lirai assurément le troisième volet de la série, malgré la grosse déception que constitue le Mystère de Callender Square. Peut-être sera-t-il celui du rebond !

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