IL FAUT FAIRE SIMPLE, Y’A QU’A FAIRE COMPLIQUE !

mareenoireLa marée noire qui s’annonce aux Etats-Unis nous rappelle que, si ces derniers mois ont été marqués par de nombreuses catastrophes naturelles, l’homme est lui-aussi capable de provoquer des catastrophes. Face à cela, deux attitudes aussi condamnables l’une que l’autre.

On peut se contenter de dire que ce sont des choses qui arrivent, qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, etc… Ceci porte un nom, le cynisme, et c’est un des pires renoncements intellectuels qui soit. Et quand on sait que le renoncement intellectuel est un des pires fléaux, on se dit qu’on n’est face à une posture délétère et extrêmement dangereuse. C’est évidemment la porte ouverte à toutes les fenêtres et permet de justifier à peu près tout et n’importe quoi, en se targuant parfois d’avoir les meilleurs intentions du monde.

C’est souvent le cas de tous ceux qui militent pour que les coupables payent, parfois très cher, afin de réparer les dégâts. Evidemment cette posture peut paraître louable, même efficace du fait de son effet dissuasif, mais cache parfois des intentions tout à fait différentes. En effet, cela peut surtout permettre à ceux qui ont les moyens de payer de continuer à se comporter comme des sagouins, tandis que les plus fragiles disparaissent du paysage et du coup de la concurrence. Ce fut notamment le cas dans le domaine de la sécurité alimentaire. Suite à différents problèmes (dioxyne, listéria…), la législation a été considérablement renforcée, avec le soutien de la grande distribution et des géants de l’agroalimentaire qui avaient la dimension nécessaire pour que les investissements et les mises aux normes ainsi imposés soient rapidement et facilement amortis. Les petits producteurs ont vu leur santé financière déjà fragile devenir intenable et disparaître. Pas sûr qu’au final, le consommateur ait été vraiment gagnant.

L’autre attitude est évidemment de ne plus rien accepter qui comporte des risques. Sauf que le risque zéro n’existe pas, c’est un mythe auquel les ayatollahs du principe de précaution sont les seuls à croire. Avec ce genre d’attitude, l’homme n’aurait toujours pas inventé la roue et personne n’oserait sortir de chez lui. Ceci sous-tend une idéologie tout aussi délétère que la précédente, même quand elle est maquillée d’écologisme et d’altermondialisme. Là encore les meilleures intentions ne sont en rien gage de sagesse, encore moins d’efficacité, se contentant souvent de n’être que de vulgaire « faut qu’on, y’a qu’à » !

C’est aussi une attitude qui conduit aux fausses promesses. Les inégalités, la pauvreté, l’injustice, la pollution sont des éléments indissociables des sociétés humaines. Penser qu’il peut en être autrement est une illusion qui peut conduire à des extrémités totalement contre-productives. Pour autant, même si le combat sera sans fin, lutter contre eux doit être un effort de tous les instants. Le résultat ne sera jamais parfait, mais il le sera d’autant moins si on laisse faire. Ainsi, dans le domaine économique, mettre en place un programme ambitieux d’encadrement des ouvriers licenciés suite à des délocalisations dans les années qui viennent peut être vécu comme un renoncement et un blanc-seing aux entreprises pour déménager. Mais en attendant, qu’on le veuille ou non, ces départs continueront de se produire et feront des victimes mal prises en charge. Et rien n’empêche, en parallèle, de tout faire pour minimiser leur nombre. Cependant, les moyens étant toujours limités, il faut bien décider de leur répartition entre les deux approches. Tout miser sur une seule est évidemment une funeste erreur.

Vous me direz, écrire un si long article pour conclure qu’il faut savoir rester mesuré, que toute médaille à son revers et qu’il y’a toujours du pour et du contre, c’est un peu enfoncer une porte ouverte. Peut-être. Cependant, je terminerai cette article sur une réflexion qui, je pense, joue un rôle central dans l’élaboration de mes convictions : s’il y’a une façon de démasquer un charlatan ou un menteur, c’est de le voir essayer de vendre une solution simple pour résoudre un problème compliqué. Une telle chose n’existe pas. A la limite, vous avez des réponses simples à des problèmes simples, mais vous avez surtout des réponses compliquées à des problèmes compliquées, voire même, le plus souvent, des réponses compliquées à des problèmes simples.

Mais bon à la fois, si c’était si simple, je n’aurais plus rien à raconter !

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