AU RISQUE DE ME REPETER

hungparliamentOn va dire que je me répète un peu avec ce billet, mais que voulez-vous, l’autre jour j’ai encore bondi de mon canapé en lisant quelque chose que j’ai trouvé particulièrement consternant. Dans un article concernant les récentes élections législatives en Grande-Bretagne, une femme expliquait pourquoi elle avait voté de manière à ce que le Parlement n’ai pas de majorité. Elle disait en substance qu’elle a avait fait cela pour que les hommes politiques de son pays grandissent et apprennent à travailler ensemble… En gros, je souhaite que les citoyens n’expriment aucune préférence et qu’on laisse les parlementaires se débrouiller entre eux.

On est là devant une dérive extrême provoquée par la lâcheté qui semble frapper les citoyens. Faire des choix, prendre des décisions, arbitrer face à des alternatives semblent devenus une sorte de maladie dont chacun cherche à se garder. La responsabilité ne passera pas par moi pourrait être un nouveau slogan de ce mouvement d’abandon qui menace la démocratie dans son plus profond fondement.

Cette dame, très certainement respectable, n’a donc pas l’intention de choisir dans quelle société elle souhaite vivre. Elle préfère subir ces choix, et aussi leurs conséquences pour elle-même et les autres, dont elle se sentira totalement étrangère, en aucun cas responsable, et donc tout à son aise de s’indigner contre tout ce qui, au final, ne lui conviendra pas. C’est pas moi, je n’ai rien fait, je suis une victime, postures tellement plus faciles à tenir qu’être un citoyen responsable qui cherche à être vraiment acteur de la construction collective qui s’appelle la société, dont la démocratie représentative reste, jusqu’à preuve du contraire, le mode de fonctionnement le plus juste.

L’argument que l’on opposera à mon discours repose sur le fait qu’au final les décisions sont bien prises par les élus, non directement par les citoyens. C’est évidemment là le principe de base de la démocratie représentative, sans doute à la fois sa plus grande force, mais aussi sa plus grand faiblesse. Cependant qui a vraiment le pouvoir ? Les électeurs peuvent par leur vote se débarrasser d’un élu, les élus peuvent plus difficilement se débarrasser des électeurs… Enfin certains ont bien essayé, et parfois réussi. Cela s’appelle la dictature, situation dans la Grande-Bretagne est tout de même très loin.

Après, contre mon argumentation reste le dernier rempart de la sagesse populaire : « tous pourris ! », « droite et gauche, c’est la même chose, de toute façon, ça ne changera rien ! ». Une posture intellectuelle super subtile et pertinente qui considère comme équivalents les trios « 35h-PACS-congé de paternité » et « bouclier fiscal-politique judiciaire répressive-diminution du nombre d’enseignants »… Le jour où je verrai tous ceux qui assènent le mythique « on paye trop d’impôts » se donner la peine de suivre un débat sur la fiscalité plus de 1min30, je souscrirai à ce genre de raisonnement…

Enfin pour en revenir à la brave Anglaise que j’évoquais au début de ce billet, j’avoue avoir été un tantinet sévère. Au moins, elle, elle vote…

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