EPEE DE BOIS ET RAQUETTE DE PLOMB

tsongarolandgarros2010Avec l’abandon de Jo-Wilfried Tsonga, le derniers feux tricolores vient de s’éteindre à Roland-Garros. Non, promis, ce billet ne sera pas un festival de calembours foireux, mais une petite réflexion pour comprendre comment on est arrivé à connaître quasiment les pires performances jamais enregistrées pour les joueurs français pendant cette quinzaine. Un fiasco que l’on avait pourtant pas tellement anticipé.

Pourtant, si on regarde les performances individuelles, le seul à s’être vraiment planté est Gaël Monfils. Chacun des autres résultats, que ce soit sur la manière ou la différence de niveau, il n’y avait jamais à crier au scandale. Mais n’est-ce pas justement cela qui est vraiment inquiétant ? N’est-ce pas le symptôme d’un mal beaucoup plus profond qui touche le tennis français ?

Pourtant, nous sommes censés être dans une période faste, au moins chez les hommes. La France a ses nouveaux Mousquetaires. Sauf que leurs épées sont en bois… Ok, j’ai dit que j’arrêtais les calembours, mais il est indéniable que notre quatuor, s’il possède un talent comme on en a rarement connu chez nous, il possède également de gros points faibles.

Pour deux d’entre eux, Simon et Tsonga, c’est le corps qui pêche. Ca casse souvent, à tel point que Gilles Simon n’était même pas présent cet année. Jo-Wilfried, qui possède peut-être le potentiel le plus impressionnant, est trop souvent sur le flanc pour s’installer dans le top 5. Le voir abandonner aujourd’hui était un déchirement car rien, à part ça, ne nous empêchait d’imaginer qu’il aille très loin dans ce tournoi.

Pour les deux autres, Monfils et Gasquet, c’est le mental qui fait souvent faux bond. Sur ce blog, j’ai souvent répété tous les espoirs que je place en Richard Gasquet, sûrement le plus talentueux de tous, malgré ses limites physiques. Mais voilà, si les éclairs de génie peuvent encore frapper, la constance dans les résultats ne sont toujours pas là, ce que sa suspension n’a évidemment pas aidé. Mais à ce sujet, il ne peut s’en prendre qu’à sa propre bêtise. Dans ces pages, j’ai aussi souvent rapporté tout le mal que je pense de Gaël Monfils. Ses deux derniers Roland-Garros m’auraient presque fait changer d’avis, mais sa défaite lamentable au deuxième tour cette fois-ci, dans un match qu’il aurait pu gagner les doigts dans le nez, nous rappelle qu’il n’est pas un vrai champion. On ne verra jamais un Nadal ou un Federer commettre une telle faute professionnelle, devant leur propre public qui plus est. Il n’y aucune excuse à lui trouver.

Chez les filles, on le sait, l’époque où Mauresmo et Pierce s’affrontaient au Masters est bien révolue. J’ai écrit un article très élogieux sur Marion Bartoli au moment de sa finale à Wimbledon, mais force est de constater que son ego est nettement plus démesuré que son mental de championne. Pourtant, je reste convaincu que le potentiel est là, mais pas sûr que son mode de fonctionnement si particulier et discutable lui permette jamais de l’exprimer pleinement. Quand à Aravane Rezaï, on peut guère lui reprocher l’emballement médiatique qui a suivi sa victoire à Madrid. Là aussi, un potentiel est là, et on peut, dans son cas, encore espérer qu’il soit pleinement exprimé un jour. Il reste cependant à étoffer un jeu encore très basique.

Le tennis français porte donc en lui beaucoup d’espoir. Mais ce Roland-Garros nous a montré une nouvelle fois que ce sont les plus grands espoirs qui provoquent les plus grandes déceptions.

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