THE KILLER INSIDE ME : Troublant, mais pas tant que ça

thekillerinsidemeafficheDans une histoire, le personnage le plus intéressant est souvent le méchant. En effet, il est souvent bien plus ambiguë, subtil et torturé que le héros. Alors, il est tentant de se passer de ce dernier et de simplement raconter l’histoire d’un méchant. C’est le cas de The Killer inside Me, qui nous fait découvrir un personnage qui n’aurait pu être qu’un brave Américain moyen, s’il n’avait une fâcheux penchant pour le meurtre.

Lou Ford est le jeune adjoint du shérif. Un jour, il est chargé de demander à une prostituée de mettre fin à ses activités. Mais au lieu de ça, une fessée plus tard, il débute une histoire d’amour torride avec elle. Le couple décide alors de partir loin tous les deux. Pour ça, il leur faut de l’argent. Elle lui propose alors de faire chanter le fils du magnat du coin, qui est fou amoureux d’elle. Mais Lou n’a pas vraiment l’intention de respecter à la lettre le plan qu’elle a fomenté.

The Killer inside Me est donc le portrait d’un tueur pas tout à fait en série mais presque. Ce n’est pas vraiment un sujet super original et ce film ne révolutionnera pas le genre. L’univers de l’Amérique profonde et ses conventions sociales bien établies n’est pas non plus un décor inconnu du cinéphile, tant il est propice à y faire évoluer des personnages qui tranchent avec le conformisme ambiant. Bref, nous sommes là devant des éléments sans grande surprise. Evidemment, ce film est plutôt original au vu de la majorité des productions d’Outre-Atlantique, mais dans la catégorie film indépendant original… et bien il ne brille pas spécialement par son originalité.

Mais The Killer inside Me reste tout de même un exercice de style un peu convenu, mais tout à fait réussi. Sa réussite repose avant tout sur la personnalité de Casey Affleck qui entre dans la peau de son personnage à la perfection. Cela serait inquiétant quant à d’éventuels penchants pervers, mais le frère de Mister J’ai une Moumoute mais je n’Assume pas nous a déjà prouvé à plusieurs reprises que son talent d’acteur est assez remarquable pour dissiper toutes les craintes à ce sujet. Nous voilà donc rassurés.

thekillerinsidemeThe Killer inside Me ressemble aussi à un exercice de style dans sa forme. Réalisation soignée, rythme narratif un peu lent, là encore l’anticonformisme est un peu trop attendu et donc un peu trop conformiste. Michael Winterbottom fait preuve d’une réelle maîtrise artistique, mais sont travail manque un peu trop de personnalité pour dépasser l’admiration polie et tomber dans le vrai enthousiasme. A trop vouloir bien faire, le réalisateur a un peu trop lissé son œuvre, nous empêchant d’apprécier pleinement l’ambiguïté dérangeante de son personnage.

Enfin, un détail en rebutera peut-être certains, c’est l’absence quasi-totale d’humour. En effet, The Killer inside Me est un film totalement au premier degré. Le décalage entre la vraie nature du personnage et son environnement n’est pas du tout exploité comme un ressort d’ironie ou d’humour noir, comme dans la série Dexter par exemple. Il s’agit vraiment du portrait d’un personnage sombre et inquiétant. Du coup, le ton un petit peu trop sérieux renforce encore l’impression d’assister à un exercice de style. Un exercice très bien réalisé certes, mais un exercice.

The Killer inside Me est donc un film qui tranche certes avec le reste des sorties estivales, mais qui manque finalement d’ambition à de nombreux points de vue. Le spectacle reste plaisant, mais pas enthousiasmant.

Fiche technique :
Production : Hero Entertainment, Stone Canyon, Muse, Revolution, Wild Bunch, Curiously Bright Entertainment, Indion Entertainment
Distribution : Mars distribution
Réalisation : Michael Winterbottom
Scénario : John Curran, d’après le livre de Jim Thompson (Le démon dans la peau)
Montage : Mags Arnold
Photo : Marcel Zyskind
Décors : Rob Simons, Mark Tildesley
Musique : Melissa Parmenter, Joel Cadbury
Costumes : Lynette Meyer
Durée : 120 mn

Casting :
Casey Affleck : Lou Ford
Jessica Alba : Joyce Lakeland
Kate Hudson : Amy Stanton
Ned Beatty : Chester Conway
Elias Koteas : Joe Rothman
Om Bower : le shérif Bob Maples
Simon Baker : Howard Hendricks
Bill Pullman : Billy Boy Walker
Kual Aiken : Johnnie Pappas

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