SOMEWHERE : Lost in Hollywood

somewhereafficheLes films de Sofia Coppola m’ont toujours laissé circonspect. Je ne sais jamais très bien si je les adore ou si je les trouve creux. Des films ennuyeux devant lesquels on ne s’ennuie pas. Des films sublimes aux images ordinaires. Il y a quelque chose d’inexplicable, d’indéfinissable dans son œuvre. Si je lui accorde volontiers le mérite de ne pas laisser indifférent, mais je n’arrive jamais à être tout à fait convaincu. Somewhere, son nouveau film, n’a pas échappé à la règle.

Johnny est une star d’Hollywood. Il vit dans le luxe et n’a qu’à lever le petit doigt pour séduire les superbes créatures qui l’entoure. Mais dans cette vie où tout est trop facile, il s’ennuie profondément. Seuls vrais moments de bonheur, ceux passés avec sa fille de 11 ans.

Il est fort possible que ce synopsis vous fasse étrangement penser à celui de Lost In Translation, de la même réalisatrice. Il est vrai que Somewhere et lui ont énormément de points communs. On pourrait même facilement reprocher à Sofia Coppola de nous avoir fait exactement le même film. Cela n’aurait rien d’injuste, tant les thèmes développés sont les mêmes. A part la différence d’âge, le personnage interprété par Stephen Dorff est presque exactement le même que celui qui l’était pas Bill Murray…

Mais voilà, Stephen Dorff n’est pas Bill Murray. Somewhere n’a pas non plus sa Scarlett Johansson. Le passage se passant à Milan rappelle un peu le Japon de Lost In Translation en beaucoup moins dépaysant. Bref, Sofia Coppola nous ressert la même recette, avec des ingrédients de qualité moindre…

… et pourtant, Somewhere ne m’a pas fait flirter avec l’ennui, comme l’avait fait Lost In Translation. Certes, la trame narrative est tout aussi légère, pour ne pas dire inexistante. On est là face à un instantané d’une vie sans vrai début, ni fin. Le dernier plan nous offre certes une chute, mais pas vraiment de dénouement. Il n’y pas non plus de message. Ce film ne dénonce rien, ce n’est pas un brûlot contre la vacuité d’Hollywood ou la superficialité de la célébrité. Du coup, on retrouve cette impression de creux que donne souvent les films de Sofia Coppola.

Le problème, c’est que malgré tout ça, on reste fasciné par ce que l’on voit. C’est là que repose le vraie génie de Sofia Coppola. Pourquoi c’est beau ? Pourquoi c’est incroyablement séduisant ? Je l’ignore et ai du coup bien du mal à expliquer ce qui fait de Somewhere un film au style unique et parfois déstabilisant. On retiendra notamment une scène très courte, une conférence de presse, presque anodine, sans élément spectaculaire, mais qui exprime avec une force et une finesse incroyables le sentiment de vide qui habite Johnny. Un pur moment de génie cinématographique. Et c’est bien connu, le génie, ça ne s’explique pas.

somewhereSi j’ai eu l’air de dire du mal de Stephen Dorff plus haut dans cette critique, je m’en excuse auprès de lui, car ce n’était pas mon intention. Simplement, n’est pas Bill Murray qui veut. Il tient là son premier grand rôle au cinéma (à la télévision, on a pu le voir en tête d’affiche de la série XIII) et s’en sort remarquablement dans un rôle pas facile du tout. A ces côtés, la très jeune Elle Fanning, qu’on avait déjà pu voir dans Babel ou l’Etrange Histoire de Benjamin Button nous livre une prestation très prometteuse, même s’il faut toujours être prudent avec les acteurs de cet âge.

Somewhere a divisé la critique et divisera très certainement le public. C’est typiquement le genre de film dont les cinéphiles peuvent débattre encore et encore. D’autant plus, que c’est un film capable de diviser la propre opinion d’un même spectateur. Moi le premier…

Fiche technique :
Production : American Zoetrope, Focus Features
Distribution : Pathé
Réalisation : Sofia Coppola
Scénario : Sofia Coppola
Montage : Sarah Flack
Photo : Harris Savides
Décors : Anne Ross
Musique : Phoenix
Durée : 98 mn

Casting :
Stephen Dorff : Johnny Marco
Elle Fanning : Cléo
Chris Pontius : Sammy
Benicio Del Toro : une célébrité
Karissa Shannon : Cindy
Kristina Shannon : Bambi
Philip Pavel : Phil 

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