
Sosa est un avocat spécialisé dans l’aide aux victimes d’accidents de la route, marché juteux dans un pays où la délinquance routière est proche de la tradition. Enfin aider, c’est vide dit, car les personnes pour qui ils travaillent détournent une large part des indemnités destinées à ses clients. Un jour, il croise la route de Lujan, jeune urgentiste dont il tombe vite amoureux. Pour elle, il est prêt à revenir dans le droit chemin. Mais ses « associés » ne l’entendent pas de cette oreille.
Avec Carancho, le cinéma argentin revient à l’ordinaire. Polar noir, un rien dépaysant, il ne figurera pas dans les palmarès en fin d’année. Mais sans pour autant mériter le voyage, il mérite tout de même le détour. Déjà parce que dans ce genre cinématographique où l’offre ne manque pas, il est agréable de tomber sur un film vous faisant découvrir un univers jamais vu encore. Bien sûr les ressorts de l’intrigue sont archi-classiques : le « repenti » empêché par son ancien milieu de se ranger des voitures (vous admirerez au passage ce superbe jeu de mots !) n’est pas vraiment le sujet le plus original qui soit. Mais cette histoire d’arnaque autour des accidents de voiture en Argentine, voilà qui nous change de la mafia nord-américaine.
Au-delà de ça, l’intrigue est assez bien traitée pour maintenir de bout en bout l’intérêt du spectateur. L’histoire d’amour, si elle est capitale dans l’enchaînement des évènements, n’est ni envahissante, ni gnangnan. De toute façon, cela cadrerait assez mal avec l’ambiance assez noire de Carancho. On se doute vaguement de comment tout cela va finir, mais le scénario ménage un certain suspense jusqu’au bout. Pas le polar du siècle, mais du solide avec assez de matière pour justifier chaque centimètre de pellicules.

Pablo Trapero manie la caméra avec sobriété, mais aussi une certain élégance. On reste très loin des ambiances oppressantes à la David Cronenberg. La noirceur de Carancho provient bien plus des péripéties et du jeu des acteurs. La photographie ne fait que la souligner, même si le fait qu’une bonne partie de l’histoire se déroule de nuit y contribue largement.
Carancho n’est donc pas le film noir du siècle, mais apporte un peu dépaysement, à défaut de réel originalité.
Fiche technique :
Production : Matanza cine, Patagonik, Ginecut, Ad vitam, L90
Réalisation : Pablo Trapero
Scénario : Alejandro Fadel, Martin Mauregui, Santiago Mitre, Pablo Trapero
Montage : Ezequiel Borovinsky, Pablo Trapero
Photo : Julian Apezteguia
Distribution : Ad Vitam
Son : Federico Esuerro
Musique : Lim Giong
Durée : 107 mn
Casting :
Ricardo Darin : Sosa
Martina Gusman : Lujan