BON A TIRER : Tel est pris qui croyait prendre

bonatirerafficheLes frères Farrelly sont les rois de la comédie américaine lourdingue mais drôle, voire très drôle. Mary à Tout Prix, Fous d’Irène ou encore L’Amour Extra-Large figurent à leur filmographie, autant de succès et autant de bonnes tranches de rires pour tous ceux qui ont eu l’occasion de les voir. Il semblerait d’ailleurs que ce genre cinématographique soit particulièrement propice aux collaborations fraternelles, puisque, avant eux, ce sont les frères Zucker (auteurs de la série des Y’a’t-il… ?) qui en étaient les maîtres incontestés. Lorsque j’ai vu pour la première fois la bande-annonce de Bon à Tirer, je me suis dit que, cette fois, ça avait l’air vraiment plus lourd que drôle et que j’allais sûrement m’abstenir. Mais plusieurs critiques élogieuses, dont celle de Télérama, pourtant pas connu pour idolâtrer ce genre de films, m’ont fait changer d’avis.

Rick et Maggie d’un côté, Fred et Grace de l’autre vivent la même crise de couple, entre routine et libido en berne. Excédées par leur maris, qui lorgnent sans arrêt et sans vergogne vers le popotins des belles plantes de près de 20 ans de moins, elles finissent, sur les conseils d’une amie, de leur accorder un bon à tirer, soit une semaine hors mariage, où ils pourront faire tout ce qu’ils leur chantent, à tous les points de vue, sans comptes à rendre à la fin. Les maris sont évidemment enthousiastes à l’idée d’être libérés ainsi de leurs femmes. Et les femmes de leurs maris ?

Bon à Tirer est tout à fait dans la droite lignée des films précédents des frères Farrelly. De l’humour très premier degré et un léger fond de réflexion sur les rapports humains. Ce second aspect est rarement celui que l’on retient en parlant leur filmographie, mais c’est pourtant ce qui fait leur originalité par rapport aux frères Zucker par exemple, ou la série des American Pie, qui sont eux dans le pur comique. Et dans ce film, il prend un intérêt tout particulier. Evidemment, ce n’est pas non plus d’une profondeur exceptionnelle, mais il y a une réelle intelligence dans le propos qui cherche à nous montrer que, finalement, les différences entre les sexes reposent avant tout des rôles que l’on joue et que la société nous pousse à jouer.

Et c’est heureux car Bon à Tirer m’a fait quand même moins rire que Mary à Tout Prix par exemple. Il y a bien quelques passages hilarants, mais que voulez-vous, depuis Very Bad Trip, on est devenu particulièrement exigeants en la matière. Il y a aussi quelques moments un peu scatophiles, ce qui doit être le seul truc dont j’ai du mal à rire… même si là, je ne peux que l’admettre à mon grand effroi, j’ai vraiment ri. Enfin bref, ce film reste tout de même très drôle, mais avec une certaine inconstance. Mais les meilleurs moments font largement oublier les passages un peu plus faibles.

bonatirerBon à Tirer repose largement sur le duo des deux maris. Voir ces quasi quarantenaires persuadés de pouvoir brancher toutes les petites minettes de 20 ans dès que leur femme aura tourné le dos constitue le principal ressort comique de ce film… puisque évidemment, tout ne va pas se passer exactement comme prévu. Il y a quelque chose d’un peu pathétique dans leur démarche, mais les Frères Farrelly réussissent, avec beaucoup d’intelligence, à nous les rendre de plus en plus sympathiques au fur et à mesure de l’envolée de leurs illusions. Ils quittent leur statut de mâles obsédés et basiques pour celui… d’êtres humains, ce qui est déjà pas mal.

Tout cela ne fonctionnerait pas sans un duo Owen Wilson – Jason Sudeikis. Bon, il faut bien reconnaître que le premier écrase un peu de son talent le second, qui connaît là son rôle le plus marquant de sa carrière. Encore une fois, ce n’est pas forcément dans les moments de comédie pure qu’ils se distinguent. C’est la totalité de leur prestation qui tire le Bon à Tirer vers le haut, sans néanmoins l’emmener vers d’inoubliables comédies.

Bon à Tirer est donc une bonne comédie, sans être géniale. Elle ravira tous ceux qui n’ont pas peur de l’humour au ras des pâquerettes, mais pourra séduire au-delà de ce public, grâce à une certaine intelligence dans le propos.

Fiche technique :
Production : Warner Bros Entertainment, Conundrum Entertainment, New Line productions,
Distribution : Warner Bros Entertainment France
Réalisation : Peter Farrelly, Bobby Farrelly
Scénario : Pete Jones, Kevin Barnett, les Frères Farrelly
Montage : Sam Seig
Photo : Matthew F. Leonetti
Décors : Arlan Jay Vetter
Durée : 105 mn

Casting :
Owen Wilson : Rick
Jason Sudeikis : Fred
Jenna Fisher : Maggie
Christina Applegate : Grace
Nicky Whelan : Leigh
Richard Jenkins : Coakley
Alyssa Milano : Mandy
Stephen Merchant : Gary

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