LA DEFENSE LINCOLN : VIve les traditions !

ladefenselincolnafficheUne récente affaire, dont on a assez peu parlé dans les médias, entre un homme politique et une femme de chambre, a engendré moult comparaisons entre les systèmes judiciaires français et américains. Beaucoup de critiques ont été émises contre ce dernier. Je suis persuadé qu’aucune ne provenait de cinéphiles éclairés. Car s’il y a bien quelque chose qui est à l’origine de sacrés bons films, c’est la nécessité pour les avocats de la défense de réaliser leurs propres enquêtes. Le dernier d’entre eux s’appelle la Défense Lincoln.

Michael Haller est un des avocats préférés des petits voyous de Los Angeles. Grâce à sa Lincoln Continental, il va de tribunaux en tribunaux, de prison en prison, exercer ses talents et son habilité. Un jour, il est embauché par une riche famille pour défendre le grand fiston, accusé d’agression sexuelle. Une grosse affaire, comme il en a eu rarement à traiter. Mais rapidement, il va s’apercevoir qu’il ne s’agit par contre pas d’une bonne affaire…

La Défense Lincoln se situe dans la longue tradition des films hollywoodiens de procès. Et même si ce genre ne se réinvente que très rarement, il faut bien avouer que, lorsque le résultat est réussi, le plaisir est toujours aussi intense. On a vraiment l’impression que ce système judiciaire a été conçu uniquement pour offrir aux scénaristes une source d’inspiration sans fin. Et comme ce film est l’adaptation d’un roman de Michael Connelly, star du polar, on est là dans le haut du panier de ce genre de production.

La Défense Lincoln est donc archi-classique, mais se donne tous les moyens de réussir. Des personnages très réussis tout d’abord. Là encore, on recycle de vieilles recettes, mais avec beaucoup de goût et de talent. Les protagonistes sont ambiguës dans l’absolu, mais, très vite, sympathie et antipathie vont se focaliser sur certains. Les doutes qui assaillent l’avocat lui donnent une sorte de caution morale (au fond, il n’est pas si pourri que ça et cherche à s’amender), mais le charme avait agi depuis longtemps et, même sans cela, on lui aurait pardonné dans tous les cas.

Le scénario est bien construit, rythmé et recèle quelques surprises. Il n’y a pas d’énormes rebondissements dans la Défense Lincoln, plutôt quelques doutes qui naissent peu à peu, quelques fausses pistes et quelques plans machiavéliques que l’on devine sans très bien les comprendre dans un premier temps. La tension et l’intérêt sont donc maximum tout du long et ne tiennent pas uniquement dans un twist final attendu, comme bien trop de polar de nos jours. Un scénario consistant donc, tel qu’on pouvait l’attendre pour une adaptation d’un maître du genre.

ladefenselincolnLa réalisation est quant à elle sobre et classieuse. Le travail de photographie donne à la Défense Lincoln un petit aspect rétro, hommage aux polars des années 60-70 (Bullit, les 3 Jours du Condor…). Le ton tire parfois sur le film noir, mais Brad Furman reste sur sa ligne directrice visuelle qui empêche le film de se prendre trop au sérieux. L’image de macho au grand cœur, l’importance donnée à sa voiture renvoie aux personnages interprétés par Boggart, même si c’était alors la figure du détective privée qui primait, non celle de l’avocat. En tout cas, pour un premier film, on ne peut que saluer ce travail, même si certains trouveront peut-être qu’il manque du coup un peu de personnalité.

Matthew McConaughey tient là un de ses rares premiers rôles, depuis En Direct sur Ed TV en 1999. Il s’en sort brillamment, rendant crédible un personnage classique certes, mais qui demande beaucoup de classe pour être crédible. En face de lui, Ryan Phillips que l’on avait un peu perdu de vue depuis son interprétation d’un Valmont moderne dans Sexe Intentions. Un retour remarquable dans un rôle ambiguë qui lui va à ravir.

La Défense Lincoln est donc le dernier né d’une longue tradition hollywoodienne. Mais le bébé est vraiment réussi et donne envie de faire perdurer les coutumes.

Fiche technique :
Production : Sidney Kimmel
Distribution : Metropolitan Filmexport
Réalisation : Brad Furman
Scénario : John Romano, d’après le livre de Michael Connelly
Montage : Jeff McEvoy
Photo : Lukas Ettlin
Décors : Charisse Cardenas
Son : Steven A. Morrow, C.A.S
Musique : Gregory Tripi
Effets spéciaux : Dennis Dion
Maquillage : Melanie Hugues-Weaver
Durée : 118 mn

Casting :
Matthew McConaughey : Mick Haller
Marisa Tomei : Maggie McPherson
Ryan Philippe : Louis Roulet
Michael Peña : Jesus martinez
Frances Fischer : Mary Windsor
William H. Macy : Franck Levin

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