INTOUCHABLES : Un joli rayon de soleil

intouchablesafficheDécidemment, le cinéma français vole de succès en succès en cette fin d’année 2011. Alors que l’on pensait avoir atteint des sommets au box-office avec The Artist, voilà que Intouchables vient tout balayer sur son passage avec un succès populaire aussi fulgurant qu’inattendu. Une bonne nouvelle pour le 7ème art hexagonal et une nouvelle preuve que le public fait ses propres choix et il est parfois difficile de les expliquer. Enfin, dans le cas qui nous intéresse ici, les qualités du film constituent la première des explications.

Driss est un jeune de banlieue qui colle parfaitement aux clichés. Noir, vêtu d’un survêtement, grande gueule, il sort tout juste de six mois de prison pour un braquage. Il postule alors pour un poste d’assistant de vie auprès d’un riche tétraplégique, uniquement pour justifier de sa recherche d’emploi et toucher ses Assedic. Mais contre tout attente, en au premier lieu la sienne, il est embauché. Le succès de Intouchables s’explique par différentes, et surtout bonnes raisons.

Tout d’abord, le message qu’il délivre est simple, clair et extrêmement positif. Le film possède une formidable capacité à emporter l’adhésion du spectateur qui ne demande qu’à croire qu’à cette histoire presque trop belle pour être vraie (même si elle est largement). Le tout est porté par un humour efficace qui permet au film d’échapper totalement au misérabilisme. « Les jeunes de banlieue n’ont aucune pitié ! » « C’est justement pour ça que je l’ai embauché », citation approximative, mais qui résume très bien l’esprit de ce film.

Intouchables ne rit pas d’un jeune des banlieues et d’un tétraplégique, mais avec eux. Le couple qu’ils forment, où chacun taquine l’autre sur ses différences et ses faiblesses, fonctionne à la perfection. On s’attache aussi bien à Driss qu’à son employeur car jamais l’un ne prend le pas sur l’autre, aussi bien dans le scénario que dans l’interprétation. Du coup, on entre totalement dans cette comédie qui ne faiblit jamais et nous fait rire du début à la fin par un humour qui va du premier au dixième degré, jamais vulgaire, jamais facile.

intouchablesIl ne faut voir dans Les Intouchables qu’une comédie. Une comédie incroyablement intelligente, qui possède un vrai fond, qui délivre un message fort et percutant, mais une comédie avant tout. Car le film possède par ailleurs certaines limites. Le personnage de Driss notamment passe du statut jeune braqueur de banlieue à celui de bisounours de manière un peu trop immédiate pour être tout à fait crédible. Il manque sûrement d’une certaine ambiguïté, son parcours n’est sans doute pas assez jalonné de doute pour donner à ce film une autre dimension sociale et une profondeur supplémentaire. Mais l’équilibre du scénario en aurait été profondément bouleversé, le film aurait été tout autre et son succès sûrement moindre. Et le message qu’il délivre sûrement moins entendu…

Intouchables nous prouve une nouvelle fois qu’un comique se révèle quasiment toujours à coup sûr un grand acteur, pour peu qu’il soit un minimum dirigé. Omar Sy constitue la vraie révélation de ce film, à un niveau lui aussi inattendu. Qu’il arrive à tenir tête ainsi à François Cluzet prouve la qualité de son interprétation. Les deux sont tout simplement géniaux, encore plus dans leur jeu en commun que dans leur performance individuelle. Ce film vaut bien plus que la somme de ses parties. Le reste du casting est lui aussi formidable, avec une foule d’excellents seconds rôles. On notera notamment la présence à l’écran de la sublime Audrey Fleurot toujours aussi… aussi… Bref, les amateurs me comprendront.

Intouchables connaît donc un succès peut-être irrationnel, mais sûrement pas immérité. Une comédie aussi drôle qui parle avec autant d’intelligence de sujet aussi grave, voilà le tour de force réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache. Un vrai rayon de soleil dans la morosité ambiante.

Fiche technique :
Production : Quad productions, Gaumont, TF1 Films productions, Chaocorp, Ten Films
Distribution : Gaumont distribution
Réalisation : Eric Toledano, Olivier Nakache
Scénario : Eric Toledano, Olivier Nakache, d’après une histoire vraie
Montage : Dorian Rigal-Ansous
Photo : Mathieu Vadepied
Décors : François Emmanuelli
Musique : Ludovico Einaudi
Durée : 112 mn

Casting :
François Cluzet : Philippe
Omar Sy : Driss
Anne Le Ny : Yvonne
Audrey Fleurot : Magalie
Clothilde Mollet : Marcelle
Cyril Mendy : Adama
Grégoire Oestermann : Antoine

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