OR NOIR : Du pétrole, mais pas beaucoup d’idées

ornoirafficheJean-Jacques Annaud a longtemps été en quelque sorte le James Cameron français. Il faut dire qu’avoir reçu l’Oscar du meilleur film étranger pour son premier long métrage, la Victoire en Chantant en 1976, vous ouvre pas mal de portes et délie plus facilement la bourse des producteurs à l’international. Le problème est qu’après avoir enchaîné trois chefs d’œuvre, Coup de Tête, la Guerre du Feu et le Nom de la Rose, sa carrière s’apparente désormais de plus en plus à un long et inexorable déclin. Sa dernière œuvre, Or Noir, l’enfonce malheureusement encore un peu plus. A tel point qu’on a désormais envie de le comparer plutôt à Roland Emmerich.

Dans les années 30, deux émirs mettent fin à plusieurs années de guerre sanglante. Une des conditions de la paix et de déclarer la bout de désert qu’il se dispute comme un no man’s land qui n’appartient à personne. L’équilibre semble perdurer jusqu’au jour où des prospecteurs américains y trouvent du pétrole et arrose d’argent un des deux émirs, quand l’autre refuse tout contact avec ces infidèles. La guerre va-t-elle reprendre ?

Or Noir est tout simplement un très mauvais film. Et le plus remarquable, c’est qu’il l’est à tout point de vue. Déjà, le scénario ressemble à un film d’aventures de série B des années 60, la désuétude et la nostalgie en moins. Ramassis de clichés, il développe une intrigue aussi peu crédible qu’elle est prévisible. Les personnages sonnent tous incroyablement faux, sombrant souvent dans un ridicule involontaire et consternant. Quant aux dialogues, on se pince parfois pour croire ce qu’on entend. Ca serait réellement drôle si cela ne se prenait pas autant au sérieux, sans aucun humour, ni second degré.

ornoirMais le pire dans Or Noir reste la direction d’acteurs. Je ne pouvais pas imaginer qu’Antonio Banderas puisse être aussi mauvais. Et encore, je reste poli pour qualifier cette performance absolument indigne d’un acteur professionnel. C’est tellement surjoué, qu’on se demande si le bel Espagnol ne fait pas exprès pour finir de décrédibiliser ces dialogues ineptes. Cela donne envie de revoir La Piel que Habito, où il était formidable, pour finir de mesurer ce qui sépare désormais un réalisateur comme Pedro Almodovar de Jean-Jacques Annaud. Mark Strong s’en sort un peu mieux, malgré un personnage d’opérette. Quant à Tahar Rahim, il sombre carrément se contentant de nous servir le même air de chien battu pendant plus de deux heures.

Car en plus de transpirer la médiocrité par tous les derricks, Or Noir est aussi désespérément long. La seule chose qui pourrait éventuellement sauver le film, ce sont les magnifiques paysages, mais on n’est pas venu pour une séance du National Geographic. Et puis du désert et du sable sur une telle durée, ça vous dégouterait presque de la plage. Jean-Jacques Annaud voulait nous livrer une grande fresque épique, il n’arrive en fait qu’à étirer sa misère cinématographique sur des kilomètres de désert artistique.

Au final, on a envie de qualifier Or Noir de Laurence d’Arabie du pauvre. Mais franchement, ça ne serait pas très gentil pour les pauvres de dire ça. Jean-Jacques Annaud n’est plus ce qu’il était et je pense que cette fois-ci, on peut être à peu près sûr qu’il ne sera plus jamais.

Fiche technique :
Production : Quinta communications, Caethago Films, Doha Film Institute, France 2 Cinema
Distribution : Warner Bros Entertainment France
Réalisation : Jean-Jacques Annaud
Scénario : Jean-Jacques Annaud, Alain Godard, Menno Meyjes, d’après l’oeuvre de Hans Ruesch
Montage : Hervé Schneid
Photo : Jean-Marie Dreujou
Décors : Fabienne Guillot
Musique : James Horner
Durée : 129 mn

Casting :
Tahar Rahim : Prince Auda
Mark Strong : Roi Amar
Antonio Banderas : Nessib
Freida Pinto : Princesse Lallah
Riz Ahmed : Ali
Eriq Ebouaney : Hassan Dakhil

 

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