
Au soir du premier tour des cantonales en 2011, je m’étais insurgé contre l’attitude de l’UMP qui refusait d’appeler à voter PS lorsque ce dernier était opposé à un candidat du FN, alors que même le PC avait appelé à voter pour la droite parlementaire pour faire barrage à l’extrême-droite (cf. le temps des quasi regrets). Aujourd’hui, on a la morbide confirmation d’un calcul politique prêt à franchir la frontière de l’ignoble dans l’espoir d’une réélection, quelqu’en soit le prix.
Mais dans quel état serait la société française si Nicolas Sarkozy devait être réélu dans ces conditions ? La fracture serait terrible et une moitié du peuple français ne pardonnerait jamais à l’autre de l’avoir ainsi entraîné dans un territoire dont la droite parlementaire ne s’était jusqu’alors jamais approché. Le Président ne serait définitivement plus celui de tous les Français, pour autant qu’il ne l’ait jamais été.
Nous sommes un des plus vieux Etat-Nation au monde et notre unité est une de nos plus grandes richesses. Elle nous est tellement naturelle que l’on a du mal à comprendre comment des peuples peuvent se déchirer jusqu’aux pires atrocités. Evidemment, on n’en est encore très loin en France. Mais cela fait bien longtemps que le ciment qui nous unit n’a été à ce point proche de se fendre. La dernière fois, ce fut sous la coupe du Maréchal Pétain que notre société s’est brisée en deux. C’est bien sur ses pas que marche actuellement Nicolas Sarkozy.
L’année dernière, j’avais souligné combien cette attitude de l’UMP semblait suicidaire politiquement. Je le maintiens et je reste tout à fait persuadé que ce que je viens d’exposer va rester de la pure politique-fiction. La Nation française ne se laissera pas détruire ainsi, Nicolas Sarkozy ne saura être son fossoyeur. Mais François Hollande récoltera d’un pays qui n’a jamais été si proche de la rupture. Une rupture bien sociétale, avant même d’être économique, même si les deux sont évidemment liés.
Le 6 mai 2012 ne sera définitivement pas un jour comme les autres. Il devra rester celui où le peuple français a dit non à sa propre implosion.