BABYCALL : Friture sur la ligne

babycallafficheLe cinéma nordique bénéficie incontestablement d’un effet Millenium. Depuis le succès mérité de la trilogie cinématographique suédoise tirée des roman de Stieg Larsson, les films venus du froid sont distribués avec une fréquence inédite. Il faut dire qu’il y a longtemps que le Grand Nord a largement envahi le polar littéraire, il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas de même sur grand écran. De plus, il possède une star, désormais hollywoodienne, qui passe de la Suède à la Norvège sans problème. Ainsi Noomi Rapace est à l’affiche d’un film norvégien, Babycall.

Anna s’installe dans un nouvel appartement avec son fils de 8 ans. Elle est frappée d’une paranoïa issue de la maltraitance qu’ils ont subi de la part du père de l’enfant, qui, d’après les services sociaux, n’a pas abandonné l’idée de récupérer l’enfant et a pris un nouvel avocat pour cela. Ces derniers lui demandent aussi de ne plus dormir avec son enfant, ce qui ferait mauvais effet lors d’un éventuel procès. Pour calmer son angoisse, elle achète tout de même un babyphone. Mais avec ce dernier, elle va aussi capter des son inquiétants venus d’un autre appartement.

Babycall est un film plutôt réussi dans ses deux premiers tiers. La tension s’installe lentement, une tension qui fait naître un vraie malaise chez le spectateur. Les détails se dévoilent peu à peu, dressant un tableau qui semble cohérent et inquiétant. C’est au fond assez classique mais plutôt bien foutu, sous la caméra plutôt élégante de Pal Sletaune. On attend avec une certaine avidité le dénouement qu’on espère à la hauteur de ce préambule prometteur.

Malheurseusement, le dernier tiers part un peu en sucette. Déjà avant, il y a quelques détails qui intriguent bien avant, mais on se dit que tout va prendre un sens au final. C’est le cas, mais tout cela n’est guère convaincant. On est dans le procédé classique du « en fait, ce n’est pas du tout ce que vous croyiez ». Sauf qu’on voit un peu arriver de longues minutes avant ce qui est censé être le retournement de situation final. Et surtout quand on repense à tout ce qui a précédé, on se dit que tout ne colle pas à la perfection. En fait, au-lieu de donner à Babycall un intérêt supplémentaire, ce brusque changement de perspective lui retire une grande partie de son intérêt.

Babycall aurait pu briller par la qualité de ses personnages. Seulement, tout tourne autour de Anna. Les autres protagonistes font presque partie du décor. Du coup, on a du mal à vraiment s’attacher et surtout à s’intéresser aux relations qu’elle peut tisser avec les autres. C’est notamment vrai de son fils, auquel finalement le scénario ne s’intéresse que très peu. Cela fait qu’au final, on reste en recul de cet histoire qui nous intrigue beaucoup plus qu’elle nous passionne.

babycallGlobalement, Babycall ne voit pas ses bonnes idées développées jusqu’au bout. Le film est riche, mais chacun des aspects laisse quelque peu sur sa faim. Il reste globalement tiède et si Pal Sletaune fait preuve d’une vraie maîtrise aussi bien visuelle que narrative, notamment au niveau du rythme, il n’a pas su lâcher la bride à son imagination. C’est dommage car il avait entre les mains de quoi faire quelque chose de beaucoup plus intéressant que ça.

Babycall tient quasiment entièrement sur les épaules de Noomi Rapace. Pas n’importe quelles épaules donc. Elle fait vraiment son maximum pour donner vie à son personnage et fait preuve d’une expressivité remarquable. Cependant, elle se heurte forcément aux limites du scénario et n’arrive donc pas à faire de Anna un personnage totalement convaincant.

Babycall n’aurait peut-être pas été distribué si Millenium n’avait pas aussi bien marché. Ce n’est pas un mauvais film, mais ce n’est pas certain non plus qu’on aurait foncièrement regretté son absence sur nos écrans.

Fiche technique :
Production : 4 1/2, Pandora Filmprodiktion, BOB Film Sweden
Distribution : Jour2Fête
Réalisation : Pal Sletaune
Scénario : Pal Sletaune
Montage : Jon Endre Mork
Photo : John Andreas Andersen
Décors : Roger Rosenberg
Musique : Fernando Velazquez
Maquillage : Anja Dahl
Durée : 97 mn

Casting :
Noomi Rapace : Anna
Kristoffer Joner : Helge
Velte Qvenild Werring : Anders
Stig R. Amdam : Ole
Maria Bock : Grete

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