COSMOPOLIS : Retour aux sources, retour au chiant

cosmopolisafficheParce qu’il nous a livré, avec A History of Violence, les Promesses de l’Ombre et A Dangerous Method, trois films au scénario solide et bien construit, on a peut-être oublié que David Cronenberg était plutôt habitué aux scénarios tordus et dont le sens était parfois quelque peu mystérieux. Pour le meilleur (Spider, Faux-Semblants), ou pour le pire (Crash). Avec Cosmopolis, il revient à ses premières amours.

Eric Packer est un des hommes les plus riches et les plus puissants au monde. Il se déplace dans les rues de New York à bord d’une immense limousine, où se succèdent les visiteurs, tandis qu’il cherche simplement à se rendre de l’autre côté de la ville pour se rendre chez son coiffeur. Mais ce jour-là, la ville est en ébullition, la révolte gronde. Il va alors voir son empire s’écrouler et va entrer dans un processus inexorable d’autodestruction.

Cosmpolis, c’est l’histoire d’un mec qui parle dans une voiture. A peu près 50% de ce film correspond exactement à cette description. Certes, la limousine est grande et les personnages peuvent s’y déplacer, mais tout de même, cela ne fait pas beaucoup d’espace à explorer. Restent donc principalement les dialogues. Si au moins, ils étaient intéressants… mais ils se contentent malheureusement d’être totalement abscons.

Bref, vous l’aurez compris, le sentiment qui domine largement à la vue de Cosmopolis, c’est un profond ennui, pour ne pas dire un ennui profond. Ca n’a vraiment aucun intérêt. C’est froid, distant, impénétrable. On reste totalement spectateur de ce spectacle quasi-immobile, ne dégageant ni émotion, ni suspense, ni humour. Le film n’a ni rythme, ni réelle profondeur. C’est un objet lisse sur lequel l’esprit n’a aucune prise et qui glisse sur votre regard sans jamais rien entraîner. En un mot, c’est très chiant !

Cosmopolis est une allégorie sur le capitalisme, sa fragilité, son côté destructeur et autodestructeur. On peut comprendre que David Cronenberg ait voulu adapté ce roman de Don DeLillo, vu l’actualité récente. Il est vrai qu’on a du mal à imaginer que cette histoire ait été écrite avant la crise actuelle. Comme quoi, certains sont plus visionnaires que d’autres. Le passage sur grand écran est totalement raté. Certes, visiblement, le roman a été largement autant encensé que critiqué, mais il y a vraiment un problème de forme au cinéma, ce format ne pouvant supporter un spectacle aussi statique.

cosmopolisCosmopolis reste tout de même un film particulièrement abouti visuellement. La maîtrise de David Cronenberg reste impressionnante. On sent bien que chaque cm² de l’image est exactement ce qu’il voulait qu’elle soit. Il a fait exactement à son idée. N’empêche que personnellement, je trouve juste que ce sont de très mauvaises idées pour le coup. C’est trop immobile pour être vraiment beau. Du coup, ça paraît juste surfait et prétentieux.

La grande star de ce film est Robert « Twillight » Pattinson, plutôt convaincant, à défaut d’être génial dans un rôle qui de toute façon ne pouvait guère être convaincant. Face à lui, un défilé d’invités prestigieux, donc deux de nos plus brillants comédiens : Juliette Binoche et Matthieu Almaric. Le troisième invité de marque est Paul Giamatti, une serviette sur la tête (ceux qui ont vu le film comprendront), dont l’apparition vient conclure le film. Mais bon comme la fin est à l’image du film, sans queue, ni tête et surtout sans intérêt, même lui n’arrive pas à faire naître le moindre frisson d’émotion.

Cosmopolis est sûrement plus représentatif de ce qu’est vraiment le cinéma de Cronenberg que son plus grand chef d’œuvre, les Promesses de l’Ombre. Mais on préfèrera évidemment un milliard de fois ce dernier.

Fiche technique :
Production : Alfama production, Stone Angels
Réalisation : David Cronenberg
Scénario : David Cronenberg, d’après le roman de Don DeLillo
Montage : Ronald Sanders
Photo : Peter Suschitzky
Décors : Av Grewal
Distribution : Stone Angels
Musique : Howard Shore
Durée : 108 mn

Casting :
Robert Pattinson : Eric Paker
Juliette Binoche : la consultante en art
Paul Giamatti : l’ex employé
Samantha Morton : la professeur de théorie
Sarah Gadon : l’épouse
Mathieu Amalric : l’entarteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *