
Voilà huit ans que la paix règne à Gotham City depuis que Batman s’est accusé du meutre d’Harvey Dent et a disparu de la circulation. Bruce Wayne vit depuis reclus et diminué physiquement. Mais une nouvelle menace apparaît, en la personne du mercenaire Bane. Elle n’est pas prise au sérieux par la police locale, persuadée d’avoir définitivement mis le crime au pas. Le seul espoir réside alors dans le retour du héros masqué avant qu’il ne soit trop tard.
On peut difficilement contester que The Dark Knight Rises se situe quand même largement un ton en dessous de The Dark Knight. Evidemment, il est toujours dommage de juger un film en le comparant en tout point à un autre. Mais dans ce cas, c’est malheureusement relativement inévitable. Surtout que Christopher Nolan a vraiment cherché à unifier la trilogie et conclure les deux thèmes développés précédents épisodes. Il donne un sens à l’ensemble et c’est là un de ses plus grands mérites, au-delà des faiblesses dont il fait preuve. Les cinq dernières minutes sont notamment de toute beauté et nous offre une magnifique conclusion à toutes les péripéties vécues précédemment.
Le scénario de The Dark Knight Rises est à l’image de ce film. D’un côté, l’intrigue est solide et particulièrement prenante. Des rebondissements, de vraies surprises, des personnages dont l’épaisseur constitue un vrai plus. Et surtout une ambiance sombre et gothique à la hauteur du mythe de Batman. Mais à côté de ça, trop de détails clochent. Des incohérences, des éléments absolument pas crédibles font parfois sortir le spectateur de l’histoire et lui font lever un sourcil circonspect. Un seul exemple, qui ne révèlera pas trop de l’histoire. A un moment, alors que « les policiers sont traqués comme des chiens », le commissaire Gordon va chercher son adjoint… chez lui, où il est tranquillement avec sa femme… Ce n’est pas grand chose, mais le problème est que l’on peut multiplier ce genre de petites choses. C’est surtout très surprenant de la part des frères Nolan qui font partie des scénaristes les plus magistraux de l’histoire du cinéma.
On est aussi quelque partagé sur le message délivré par The Dark Knight Rises. En effet, il en délivre plusieurs assez contradictoires. D’un côté, le film peut apparaître comme une célébration de l’ordre policier contre l’anarchie. Le personnage de Bane est un terroriste qui se sert d’un message social pour arriver à ses fins. Cela fait passer le message « le pouvoir au peuple » comme un message subversif. Mais de l’autre, on a aussi un discours célébrant la désobéissance aux ordres et à l’autorité des institutions. Ce contraste est en lui-même intéressant, mais Christopher Nolan ne tire pas de conclusion. Ce n’est pas forcément le rôle d’un film comme celui-là, mais cela laisse un peu le spectateur sur sa faim.
Et comme on ne peut échapper aux comparaisons entre The Dark Kinght et The Dark Kinght Rises, on ne peut que souligner que Bane est quand même loin de posséder le charisme du Joker. Pour faire de ce genre de film un chef d’œuvre, il faut un héros mythique, mais aussi, et même surtout, un méchant qui soit à la hauteur. Il faut dire que le personnage incarné par le regretté Heath Ledger a mis la barre incroyablement haut et on pouvait difficilement imaginer que Christopher Nolan puisse renouveler l’exploit. C’est loin d’être le cas, même si des éléments sont intéressants, comme le fait que Batman fait face à un adversaire qui lui ressemble beaucoup plus que ses précédents.

The Dark Knight Rises propose un casting impeccable. Christopher Nolan sait parfaitement diriger ses acteurs, même si c’est derniers sont toujours un peu écrasés par la démesure visuelle de ses films. Il n’y a pas ici de nouveau Heath Ledger. Tom Hardy a de toute façon du mal à être vraiment expressif, affublé ainsi d’un masque. Christian Bale est un peu froid et monolithique, mais c’est le rôle qui veut ça. C’est avant tout par les rôles féminins que le film se démarque. Si Marion Cotillard ne brille pas outre mesure, la vraie touche de charme vient d’Anne Hataway qui le grand mérite de camper une Catwoman très différente de son illustre modèle, jouée par Michèle Pfeiffer dans le film de Tim Burton.
Au final, The Dark Knight Rises ne déçoit pas, mais ne provoque pas un enthousiasme comparable à celui engendré par l’épisode précédent. Mais pour un film d’action, il reste une œuvre merveilleusement bien réalisée, malgré quelques faiblesses dans l’intrigue.
Fiche technique :
Production : Warner Bros Pictures, DC Entertainment, Legendary Pictures, Syncopy
Distribution : Warner Bros Entertainment France
Réalisation : Christopher Nolan
Scénario : Christopher Nolan, Jonathan Nolan, d’après les personnages de Bob Kane
Montage : Lee Smith
Photo : Wally Pfister
Décors : Nathan Crowley, Kevin Kavanaugh
Musique : Hans Zimmer
Durée : 164 mn
Casting :
Christian Bale : Bruce Wayne, Batman
Tom Hardy : Bane
Anne Hathaway : Selina, Catwoman
Gary Oldman : Commissaire Gordon
Joseph Gordon-Levitt : Blake
Marion Cotillard : Miranda
Morgan Freeman : Fox
Michael Caine : Alfred
Matthew Modine : Foley