THERESE DESQUEYROUX : Une bonne note finale

theresedesqueyrouxafficheEtre une femme libérée, ce n’est pas si facile dit la chanson. En plus, il paraît qu’elles sont si fragiles tout ça, tout ça… C’est sûrement encore vrai aujourd’hui, mais cela l’était encore plus hier, surtout dans les années 20, dans le monde des grands propriétaires terriens des Landes. Pour preuve, Thérèse Desqueyroux, un adaptation plutôt réussie de François Mauriac. Et surtout le dernier film de Claude Miller, mort d’un cancer il y a quelques mois.

Thérèse Larroque a réussi un beau mariage en épousant Bernard Desqueyroux. Leurs propriétés foncières pourront être réunies et forger un très beau patrimoine. Mais la jeune femme rêve d’une autre vie, de liberté, loin de la routine et des conventions. Alors la vie qu’elle mène l’oppresse chaque jour un peu plus. Et la pousse à commettre certaines extrémités…

Thérèse Desqueyroux est un film qu’on aurait été triste de ne pas aimer, car on a toujours peine à dire du mal de ceux qui nous ont quitté. Heureusement, il n’est nul besoin de feindre son plaisir, car la filmographie de Claude Miller s’achèvera sur une bonne note. Pourtant, je dois bien avouer que la bande-annonce ne m’avait absolument pas donné envie et que, sans les bonnes critiques, je n’aurais jamais été le voir. Je lui ai finalement donné sa chance et je ne le regrette pas.

Le thème central reste tout de même très classique. L’émancipation de la femme reste un sujet central de bien des films et celui-ci ne bouleversera pas le genre. Si les époques, les lieux, les contextes sociaux diffèrent, il est vrai que les schémas sont un peu toujours les mêmes. Mais Thérèse Desqueyroux brille par une réelle intensité dramatique qui confère un réel intérêt à cette histoire, au-delà du seul intérêt du sujet de fond, jusqu’à un remarquable dénouement. Le mérite en revient surtout à François Mauriac, mais le travail d’adaptation de Claude Miller ne demeure pas moins formidable.

De plus, le réalisateur s’est attaché à rester d’une extrêmement fidèle au roman, y compris dans les dialogues. Je ne l’ai personnellement pas lu, mais ce n’est guère étonnant, car on sent vraiment que le film n’est jamais parasité par des points de vue, des manières de penser qui se révèleraient anachroniques. Il ne s’agit pas ici d’un Thérèse Desqueyroux modernisé, mais au contraire une retranscription fidèle de l’esprit d’une époque. Les deux démarches peuvent se justifier, mais en tout cas le choix de Claude Miller se révèle payant.

theresedesqueyrouxOn retrouve dans Thérèse Desqueyroux tout ce qui a toujours fait le charme du cinéma de Claude Miller. Une caméra très sensible qui sait capter à merveille les émotions des personnages. Il met en valeur ses personnages, ses acteurs, sans en oublier un seul. Il donne à chacun d’eux une réelle épaisseur qui nous permet de comprendre leurs relations et leur comportements respectifs. Sa narration n’est jamais manichéenne et chacun aura sa part de lumière et d’ombre.

Thérèse Desqueyroux offre un rôle sur mesure à Audrey Tautou. Interpréter une femme fragile et sensible lui va comme un gant. Peut-être un peu trop d’ailleurs, car son jeu ne réservant aucune surprise, le personnage principal n’arrive pas totalement à nous enthousiasmer, ce qui constitue sûrement la plus grand limite de ce film. Par contre, à ses côtés Gilles Lellouche tient ici un des rôles les plus marquants, prouvant qu’il peut sans peine sortir du registre comédie ou film d’action dans lequel le cantonne le plus souvent le cinéma français.

Claude Miller nous a quitté, mais son cinéma reste avec nous. Et parmi les beaux moments de sa filmographie figurera ces Thérèse Desqueyroux.

Fiche technique :
Production : Les films du 24, UGC YM, Cofinova 7
Réalisation : Claude Miller
Scénario : Claude Miller, Natalie Carter, d’après le roman de François Mauriac
Montage : Véronique Lange
Photo : Gérard de Battista
Décors : Laurence Brenguier
Distribution : UGC Distribution
Durée : 110 minutes

Casting :
Gilles Lellouche : Bernard Desqueyroux
Audrey Tautou : Thérèse Desqueyroux
Jean-Claude Calon : Monsieur de la Trave
Francis Perrin : Monsieur Larroque
Isabelle Sadoyan : Tante Clara
Catherine Arditi : Madame de la Trave
Anaïs Demoustier : Anne de la Trave
Stanley Weber : Jean Azevedo
Yves Jacques : Maître Duros

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