FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES : A un souffle du grand film

foxfireafficheConnaître un certain succès à l’international avec un film français offre peut offrir un billet pour les Etats-Unis à un réalisateur de chez nous. Ce fut le cas il y a deux ans d’Olivier Dahan qui après la Môme, récompensé par un l’Oscar de la meilleure actrice, avait réalisé le bien trop anonyme My Own Love Song, avec notamment Renée Zellweger. C’est au tour de Laurent Cantet, qui avait remporté la Palme d’Or à Cannes avec Entre les Murs, de traverser l’Atlantique pour nous proposer Foxfire, Confessions d’un Gang de Filles. Un film dont les grandes qualités se diluent malheureusement dans une longueur inutile.

Dans les années 50 et une petite ville de l’Amérique profonde, la condition féminine n’est pas la plus enviable qui soit. Un groupe d’adolescentes, emmené par la charismatique Legs, va former une société secrète qui visera à les émanciper et à se venger des humiliations qu’elles subissent. Elles décident même de louer une maison pour y vivre toutes ensemble. Mais elles vont surtout se heurter très vite à la réalité.

Je ne déflorerai pas le suspense en indiquant que Foxfire, Confessions d’un Gang de Filles repose sur le schéma classique de la construction d’un groupe, d’une utopie avant de voir naître les tensions qui vont aboutir à son délitement. Le film est raconté en flash-back et il est immédiatement précisé que tout cela finira assez mal. Il n’y a donc pas de volonté de créer un faux suspense à ce niveau-là. Le scénario n’a donc rien de surprenant, ni de radicalement original. Même le fait que les protagonistes soient des adolescentes le rapproche de 17 filles sorti il y a un an.

Il est donc dommage que le film soit si long. 2h23, c’est quasiment une bonne demi-heure de trop. Foxfire, Confessions d’un Gang de Filles connaît une sorte de trou d’air narratif entre l’installation du groupe et le dénouement qui aboutira à son éclatement. Certes, on partage le quotidien et on voit certains tensions monter, mais on reste quand même longtemps sur un certain status quo. Et le status quo en cinéma, ce n’est jamais très bon, très longtemps.

Cependant, Foxfire, Confessions d’un Gang de Filles restera tout de même comme un des premiers bons films de l’année 2013. Je trouve les critiques un tantinet dithyrambique, mais il est vrai que si le film se traîne un peu, il ne nous entraîne jamais vers l’ennui. Le propos est quand même remarquablement traité. Cela reste avant tout un film de personnages et le portrait de ces jeunes filles est vraiment réussi. Elles nous sont présentées à travers leurs actes, jamais le film n’est contemplatif ou bien introspectif. Certes, la narratrice nous fait part de réflexion personnelle, mais elles restent ténues et n’alourdissent en rien l’intrigue.

foxfireLaurent Cantet nous fait étalage ici d’aspects de son talent qu’on ne lui connaissait pas encore. En effet, Foxfire, Confessions d’un Gang de Filles est un film situé dans l’Amérique profonde des années 50 et a donc nécessité un travail important de reconstitution des décors et des costumes. La photographie est elle aussi soignée, afin de recréer une ambiance visuelle collant avec l’époque. On est très loin de l’aspect documentaire de Entre les Murs, mais a au contraire nécessité une grande maîtrise artistique.

Foxfire, Confessions d’un Gang de Filles demeure tout de même une réussite grâce à son magnifique casting. Les personnages jouent un rôle trop central pour qu’on puisse pardonner une faiblesse à ce niveau là. On saluera en particulier trois des jeunes filles : Katie Coseni, Madeleine Bisson et surtout Raven Adamson qui interprète la leader du groupe avec un charisme sans lequel son personnage n’aurait pas été crédible une seule seconde. Incontestablement un nom à suivre !

Foxfire, Confessions d’un Gang de Filles est donc un bon film, mais aurait pu être un grand film avec plus de rythme. Il aurait alors eu le souffle qui lui manque parfois par moment, sans pour autant jamais nous mener jusqu’à l’ennui.

Fiche technique :
Production : Haut et Court, The Film farm, France 2 Cinéma
Distribution : Haut et Court
Réalisation : Laurent Cantet
Scénario : Laurent Cantet, Robin Campillo, d’après le roman de Joyce Carol Oates
Montage : Sophie Reine
Photo : Pierre Milon
Musique : Timber Timbre
Durée : 143 mn

Casting :
Raven Adamson : Legs
Katie Coseni : Maddy
Madeline Bisson : Rita
Claire Mazerolle : Goldie
Paige Moyles : Lana
Lindsay Rolland-Mills : VV
Alexandria Ferguson : Marsha
Chelsee Livingston : Agnès
Tamara Hope : Marianne

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